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Alexandre Le Bienheureux (Yves Robert, 1967)

Par Doorama
Alexandre Le Bienheureux (Yves Robert, 1967)Alexandre est le plus fort de son village, sa femme le sait bien et lui donne chaque jour d'interminables listes de choses à faire, qu'il exécute en rêvant de ne rien faire ! Lorsque sa femme décède, Alexandre se couche et ne sortira plus du lit, entraînant d'autres de son village dans son sillage. Ne plus rien faire, fuir l'effort en compagnie de son chien, Alexandre rentre en résistance !
Une fois n'est pas coutume, nous laisserons les qualités techniques ou de réalisation d'Alexandre Le Bienheureux pour nous concentrer sur le thème qu'il nous propose : qu'il nous offre, même ! Alexandre le Bienheureux serait presque un film hippie avant l'heure, une ode à la liberté, l'oisiveté et la paresse... ! Une revendication du JE et un bras d'honneur au système, aux systèmes ! Yves Robert nous a concocté bien des joyaux, Alexandre n'est qu'un des petits diamants qu'il nous a laissé... Allez, toute la rédaction vous rappelle l'objet !
Comme silencieusement résigné à obéir aux règles édictées par la norme, qu'elle s'appelle économie ou mariage, Alexandre accepte de quotidiennement d'abattre les 12 travaux que lui assène sa femme... Il ne tient qu'en rêvant d'une sieste, qu'en caressant l'idée d'observer la nature, d'avoir le temps de profiter des choses... Lorsque celle-ci décède, il ne lui faudra pas longtemps pour mesurer l'autoroute de liberté qui s'ouvre à lui. Dans la France paysanne de la fin des 60's, où le travail est la norme, le choix d'Alexandre de rattraper le temps perdu au labeur résonne comme une bombe dans le village... Penser à soi, profiter du temps qui passe sans se soucier de son équivalent en argent, retrouver le plein exercice de son libre arbitre, voilà ce que s'amuse à revendiquer Alexandre Le Bienheureux...
Quel bonheur que cette utopie ! Quel bain de jouvence que retrouver la définition enfantine de la liberté, de n'obéir qu'à ses désirs de l'instant, faire fi du demain... Alexandre le Bienheureux, simple fantaisie délicate, dit merde au Système et aux lois qu'il a érigées. Il pointe du doigt la contradiction d'une société qui met en avant le bonheur individuel tout en asservissant toujours plus ses sujets à ses lois économiques. La Société vient s'opposer à la Nature, le rythme toujours plus rapide qu'elle imprime contredit sans cesse la vitesse de cette même nature... Retour aux fondamentaux ! Retour à la nature ! Libérons les lapins et faisons du chien le meilleur ami de l'homme pour que le cheval se repose lui aussi... Alexandre le Bienheureux agit dieu ni maître en cette année 1967, il annonce presque le mouvement hippie à venir en remettant l'individu devant le Système.
Quel bonheur que l'utopie d'Alexandre ! Quelle poésie dans ce bras d'honneur facétieux d'Yves Robert à cette France endormie et docile... Vivons heureux, vivons couché... Fuyons chaque entrave, quels que soient les plaisirs qu'elles promettent... Marlène Jobert, dans sa légère robe en équilibre sur ses épaules, en promet pourtant du plaisir ! Mais tout n'est qu'apparences racoleuses, promesses mensongères, fausses valeurs et illusions de bonheur... Amour et argent sont exclus des besoins d'Alexandre, qui n'a besoin que de temps avec lui et son chien pour être heureux ! Ah que c'est bon de rêver ! Que la critique légère (mais redoutable !) du système par Yves Robert est douce... Des rides, Alexandre le Bienheureux en a certainement accumulé depuis qu'il a vu le jour, mais derrière son âge vénérable, sa fraîcheur est intacte, voire même encore plus forte en ces temps de crise ! Alexandre le Bieuheureux ? Non ! Spectateur le Bienheureux ;-) A revoir sans modération.
Alexandre Le Bienheureux (Yves Robert, 1967)

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