Je fais partie de celles et ceux qui, depuis plus d’un an, attirent l’attention sur les rapprochements idéologiques et stratégiques entre une partie de la droite et l’extrême-droite. C’est mon ami Des pas perdus qui a, le premier, lancé ce travail de mise en lumière d’une dérive à l’italienne. En France, tout pareillement, ce n’est pas l’extrême-droite qui met de l’eau dans son vin mais la droite parlementaire qui se radicalise. Nous en avons eu l’illustration ces derniers mois autour des mobilisations contre le mariage pour tous. Hier, dimanche 26 mai, des élus UMP ceints de leurs écharpes tricolores sont donc venus manifester contre une loi promulguée.
(Photo : TheLeon Vitali)
Je ne vais pas les blâmer puisque j’ai aussi, à plusieurs reprises, battu le pavé contre des lois qui avaient reçu l’imprimatur d’un décret d’application. Ce qui s’est passé hier est bien plus grave, dans le fond. Tous les observateurs savaient que la manifestation de la honte convoquée par les irréductibles opposants au mariage pour tous allait être l’occasion d’incidents y compris violents. Cet élément a amené la Frigide Barjot à refuser, au dernier moment, d’y participer. Donc, les élus UMP, Jean-François Copé en tête, a cautionné en conscience les violences préméditées par l’extrême-droite.
Les récits réalisés par les journalistes ne laissent aucun doute :
Autocollants « Le Printemps français » collés par dizaines du jean au blouson, ils ont tout prévu : lunettes de piscine ou de ski pour les yeux, masques médicaux pour la bouche. Une mère de famille farfouille dans le sac à dos de son fils « mais où sont les pipettes de sérum physiologique ? « , tandis que son mari distribue les lunettes.
Les affrontements qui ont opposé les fascistes à la police aux Invalides étaient prévus, organisés et annoncés, à qui sait chercher les informations. Et je fais grâce à l’UMP d’avoir à sa disposition des gens dont c’est le boulot que d’avoir ces informations largement en avance. Il y avait eu le précédent d’un rassemblement fasciste devant le Grand Orient de France. Les images témoignent que les activistes fascistes ont chargé délibérément les forces de l’ordre. J’ai déjà écrit en quoi cette stratégie fait partie des méthodes de ces groupuscules et qu’elle s’inscrit dans une course au leadership. Ce leadership passe, selon eux, par l’apparition y compris brutale dans l’espace public.
C’est aussi dans ce contexte qu’il faut lire l’initiative du Bloc Identitaire dont des militants ont occupé le balcon du siège du Parti socialiste rue de Solférino. Une action spectaculaire certes qui fait écho à « l’occupation » d’une mosquée à Poitiers il y a quelques mois par le même groupuscule qui appelle à la « guerre ». Des propos qui ne sont pas des dérapages quand on les met en lien avec les slogans lancés par ceux qui ont chargé les CRS aux Invalides : « Dictature socialiste », « journalistes collabos », « la France aux Français ! », « Police et journalistes, à la solde de la juiverie internationale »…
(Photo (c) Alain Keler / MYOP)
Ne pensez pas qu’il s’agisse là de propos minoritaires tenus par quelques excités. Mes amis des Effronté-e-s ont réalisé un micro-trottoir dans les trois cortèges de la manifestation de la honte. Il démontre à l’envie que la violence organisée qui a conclu les défilés découle de la sourde violence verbale émanant de l’ensemble des manifestants. Regardez la vidéo pour vous en faire une idée :
26 mai : Micro-trottoir Manif pour tous ^^ par lesefFRONTe-e-s
C’est donc ces paroles clairement fascisantes autant que des actes de violence préméditée que les ténors de l’UMP présents ès qualité hier ont légitimés. Ils ne pourront jamais dire qu’ils ne savaient pas, qu’ils ont été débordés. Et c’est au sein de cette mouvance ouvertement fascisante que Copé appelle désormais son parti à recruter. A l’évidence, avec des adhérents de cette nature, il sera beaucoup plus facile de passer des alliances avec le Front national lors des élections à venir.
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