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"Green River" de Tim Willocks

Par Leblogdesbouquins @BlogDesBouquins

Il y a quelques semaines, nous vous révélions le projet d’adaptation télévisuel du manga « Monster » de Naoki Urasawa. Aux manettes Guillermo Del Torro, à la production la chaine HBO dont vous suivez, peut-être, l’une des séries, « Le Trône de fer » ou « Boardwalk Empire » par exemple. Pour beaucoup de trentenaires, l’histoire d’amour débute au début des années 2000, avec The Wire (« Sur écoute ») et « Oz », créé par Tom Fontana, beaucoup moins inspiré récemment ( « Les Borgias »). Diffusé de 1997 à 2003, elle reste à ce jour la meilleure série sur l’univers carcéral ever. Non pas que la concurrence fasse rage (on se souviendra de « Prison break » pour les plus tolérants), mais il y avait dans « Oz » un addictif cocktail de réalisme, tension et de qualité d’écriture qui rend la série inégalée à ce jour. Le succès de « La religion » de Tim Willocks a fait ressortir sur les rayonnages son premier ouvrage, « Green river » sorti en 1995 et réédité par la très dynamique maison Sonatine. Les critiques pleuvent, des «meilleurs ouvrages sur l’univers carcéral » tombent, entre deux autobiographies d’auteurs américains milieu XXème alcoolico-depressifs que nous sommes sept à lire, il est temps de prendre le train de Malte à Green River, pénitencier de sécurité maximale au fin fond du Texas….
L’avis de JB :
Comme un bon "déjà vu"
Green River n’est ni pire ni meilleur que les autres prisons du même genre, un enfer où brûlent quelques 500 détenus, où chaque geste doit être calculé. Entre les meurtriers et les violeurs, Ray Klein tire ses derniers jours avant sa conditionnelle. La roue a finalement plutôt bien tourné pour lui : un boulot à l’infirmerie, un flirt avec la psychiatre et le respect des chefs de gang les plus importants. A quelques heures de la sortie, une émeute éclate, et tout est soudainement remis en cause. Sauver des vies, survivre, ne pas se mettre à la faute, tous les moyens sont permis pour rester debout au milieu de l’arène…
Comme dans « La religion », Willocks écrit malin. L’histoire est on-ne-peut-plus simple, le scénario est assez linéaire et les personnages gravitent en cercle organisé autour d’un héros. Surréalisme de la vie carcérale, sans omettre les détails les plus crus, violence, gangs et guerres raciales, les afficionados du banditisme fantasmé auront leur dose. Ray Klein, notre héros, est un ancien médecin condamné dans des circonstances un peu floues pour une histoire conjugale, qui se transforme en sauveur l’espace de 300 pages. Revoyez « Les évadés », et vous trouverez sans doute qu’Andy Dufresne et lui ont des profils assez similaires. Autour, une petite galaxie de personnages secondaires un peu caricaturaux mais qui fonctionne bien. Un maton en chef, brutal et corrompu, un directeur en pleine crise de folie, une psychiatre sexy et humaniste, un vieux détenu condamné à tort et un gentil géant. La structure est connue, mais Willocks a le talent de la faire fonctionner.
Sortez les popcorns
J’ai aimé le dynamisme rassurant du récit, le côté « film d’action » de l’ouvrage, et Henri Abbott, le géant mystique répondant aux injonctions imaginaires du Verbe :
« La divinité préreligieuse, le souverain du vaste univers comprenant les cellules et les molécules, les instincts et les impulsions du cerveau humain, étaient penchés vers lui, avaient franchi le gouffre entre l'homme et Dieu. Abbot était devenu le Verbe. »
Moins certains clichés (le boxeur noir condamné à tort, c’est too much, même dans ce type d’ouvrage), la fin du récit un peu bâclée et Juliette Devlin, la psychiatre nymphomane. Le livre a également un coté ébauche, concentré qui donne tout, tout de suite. Une chance que plusieurs accélérateurs relancent à intervalles régulières le récit. On pourra également être rebuté par la violence des mots, descriptions ou situations qui jalonnent l’ouvrage. A Green river, on tue, viole, tranche, anéantit ou supplicie pour un regard ou une réputation, et aucun détail, aussi cru soit-il, ne nous est épargné. Pas de quoi effrayé le col bleu entre deux parties de GTA sous l'oeil rassurant d'un poster de Scarface criblées par les trous de punaises.
A lire ou pas ?
« Green River » est un ouvrage qui trouvera un large public parmi les mafieux en converse, Léonidas du fast-food ou membres de gang en fixie, prêts à faire du tourisme social derrière un livre de poche. Si vous en êtes, n’hésitez pas à vous procurer cet ouvrage, un bon livre d’action à faire descendre avec un excellent coca-light.


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