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Interview de Sophie Dabat

Par Archessia

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"L'écriture, c'est plus qu'une histoire d'amour, c'est l'histoire de ma vie !"

Archessia : Bonjour Sophie ! Tout d’abord, mille mercis de nous accorder de ton temps pour répondre à cette interview. Pour commencer, est-ce que tu veux bien te présenter aux lecteurs qui ne te connaissent pas encore ?

Sophie Dabat : Alors, pour me présenter, je suis un mix entre Marylin Monroe et Noomi Rapace, avec l'humour de Tanrantino. (On peut rêver, hein !) à part ça, mon ego va bien, merci ! Sinon, j'ai 34 ans, je suis marseillaise (d'adoption) émigrée en Bretagne depuis dix ans, maman adoptive d'une ménagerie assez conséquente et biologique d'une adorable petite fille qui nous fait courir dans tous les sens en permanence. Mon compagnon travaille, comme moi, dans notre petite longère (encore en travaux) perdue en pleine campagne et nous courons après le temps. Sinon, comme je ne dépasse pas le 1m60, si vous voulez être sûrs de me voir à un salon, cherchez les fringues les plus colorées que vous verrez, ou des cheveux d'une couleur bizarre avec quelques piercings et tatouages en plus, il y aura de fortes chances que ce soit moi !

Mais bon, pour me connaître, le mieux, c'est de lire le Sang des Chimères, il y a énormément de vécu dedans, que ce soit dans les lieux, les relations familiales, les questionnements identitaires ou même certains personnages !

A : J’avoue honteusement n’avoir lu de toi que le premier tome du Sang des Chimères. Mais ce n’est pas ta première publication, alors Sophie Dabat, elle écrit quoi ?

S.D. : J'ai envie de dire « de tout et de n'importe quoi » ? En général, j'écris beaucoup de nouvelles (énormément, même), mais j'ai plusieurs romans sous le coude (dont un énorme pavé de fantasy que je dois retravailler et les suites du Sang des Chimères), dans des univers très différents. Au début, j'ai écrit énormément de fantasy (en même temps, c'est surtout ce que je lisais), mais au fil du temps, je me suis petit à petit réorientée vers le fantastique, qui me semble plus naturel. J'ai parfois écrit du polar et de l'horreur, mais c'est assez rare, je m'y sens moins à l'aise (et surtout, je déteste relire des scènes d'horreur. Imaginer que c'est moi qui ai écrit ces monstruosités me fait peur !) En fait, le point commun de toutes mes histoires, c'est qu'il s'agit presque toujours de personnages féminins dotés d'un passé douloureux. Et il ne leur arrive que des catastrophes !

A : Parle-nous un peu de ton parcours. L’écriture, c’est une longue histoire d’amour ? Cela a-t’il été facile pour toi de te faire publier ?

S.D. : L'écriture, c'est plus qu'une histoire d'amour, c'est l'histoire de ma vie ! J'ai commencé à écrire quand j'ai découvert Roald Dahl, au primaire ! J'ai commencé à écrire l'histoire de ma famille dans un journal (soyons honnêtes : trois paragraphes et ça s'est arrêté là), mais j'ai toujours plus ou moins gribouillé un peu (dont d'immondes poèmes baudelairiens à l'adolescence, que personne ne verra jamais) et ce n'est que le jour où mon chéri, excédé de m'entendre critiquer les textes que je lisais, m'a dit « qu'est-ce que t'attends pour t'y mettre, alors ? » L'instant suivant, il était sous la douche et moi au clavier. Depuis, je n'ai jamais arrêté. Le texte entamé alors est resté (et restera) inachevé, mais un an et une dizaine de soumissions infructueuses à des AT plus tard, c'était le fanzine Coprophanaeus qui accueillait ma première nouvelle...

A : Revenons au Sang des Chimères. Ce livre est d’abord sorti sous le nom de Changelins : Evolution, chez Black Book Éditions. Ce 30 mai, il sera réédité aux Éditions Du Riez. Tu nous explique un peu comment cela s’est déroulé ?

S.D. : En fait, la sortie du T2 était prévue chez Black Book, mais les retards se sont accumulés, accumulés, accumulés, avec différents soucis à chaque fois. Au bout d'un moment j'ai fini par ne plus y croire. Comme le départ de Coralie David, la directrice de collection (qui fait à présent des merveilles chez Mnémos) a sonné le glas des romans chez BBE, je me suis décidée à chercher un autre éditeur. Et là, ce sont les Éditions Du Riez qui m'ont fait la joie d'accepter de reprendre la série. Et ça se passe très bien, merci ! Du coup, le T2 sort beaucoup plus tard que ce qui était prévu à la base, mais il sort, et il sort de façon qualitative, donc ça me fait très plaisir, je déteste l'idée d'une série arrêtée en plein milieu !

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"Moi, s'il m'arrivait un truc pareil, je flipperais grave et je me demanderais d'abord si je n'ai pas besoin d'une camisole de force, avant de me prendre pour un super-héros."

A : L’histoire de Syrine est très originale, mêlant habilement plusieurs genres et jouant avec les codes du fantastique « adolescent » avec brio. Comment t’es venue cette histoire très atypique ? As-tu des sources d’inspiration ? As-tu dû faire des recherches spécifiques ?

S.D. : Je n'ai pas fait de recherches spécifiques pour le T1 et 2, juste pour le 3, qui se déroule dans un cadre totalement différent. Mais pour le début, je suis partie d'environnements que je connaissais (Marseille, Rennes, la Bretagne), et ai fait balader mes personnages dans des endroits que j'aimais ou qui m'ont marquée. Ça m'a permis de rendre les choses plus vivantes, de mieux me les représenter en esprit.

Concernant l'histoire, elle est venue tout simplement comme d'habitude d'une image : une jeune fille qui se faisait pousser d'une falaise par des inconnus menaçants. Au dernier moment, elle parvenait à ne pas s'écraser au sol grâce à des ailes de chauve-souris. Tout le reste s'est articulé autour de cette vision...

Pour les personnages, ils se sont imposés d'eux-mêmes. Je n'avais pas prévu que Syrine serait pleurnicharde, ni qu'Agnès se montrerait une telle peste ! Mais les circonstances les ont poussées à évoluer différemment et c'est elles, finalement, qui m'ont guidée pour la suite.

A : L’ambiance générale de ce tome est quelque fois malsaines, très sombres, et certaines scènes sont même assez gores. N’avais-tu pas peur que ces éléments reçoivent un mauvais accueil ?

S.D. : C'est possible, mais je prends le risque ! J'ai toujours eu beaucoup de mal avec toutes ces histoires où les personnages subissent un nombre incalculable de transformations, de changements, découvrent un univers parallèle et plein de créatures surnaturelles, le tout sans se poser de questions (ou peu)... je ne trouve pas ça très crédible. Moi, s'il m'arrivait un truc pareil, je flipperais grave et je me demanderais d'abord si je n'ai pas besoin d'une camisole de force, avant de me prendre pour un super-héros. Donc j'ai essayé de retranscrire ça.

Après, j'avoue, certaines scènes un peu gore... c'était juste pour m'amuser ! (le coup de la cervelle crue, par exemple !)

A : Sais-tu déjà comment se terminera l’histoire de Syrine ? Combien y aura-t-il de tome au total ?

S.D. : Il y aura 3 tomes, et tout est quasiment déjà écrit. À l'heure actuelle, le T3 est écrit à moitié, et tout le synopsis est prêt. J'ai des éléments à rajouter, dans un fichier séparé, et la fin est déjà notée. « Ils vécurent heureux et eurent beaucoup d'enfants ». Comment ça, ça colle pas ? « Ils moururent tous à part ceux qui finirent en asile psychiatrique », c'est mieux ? Je n'en dirai pas plus, mais à la fin du T2, je savais déjà comment finiraient la plupart des personnages, le tout était de les y amener et ils semblent s'y diriger bien gentiment, même si une petite japonaise qui n'était pas prévue au programme a réussi à s'immiscer dans l'histoire et semble décidée à chambouler beaucoup de choses...

A : Est-ce que je peux te soutirer des infos pour la suite ? Et sinon, as-tu d’autres projets en cours ou à venir ?

S.D. : Hé hé hé. Des infos, que dire ? Oui. Il y a des scènes d'amour dans le tome deux, mais pas exactement ce à quoi on pourrait s'attendre ! Et certaines personnes se reconnaîtront peut-être, ou reconnaîtront des lieux, car je me suis amusée à faire figurer des endroits que j'adorais à l'intérieur. Quant au tome trois, il n'est pas encore achevé, mais il se raccroche plus à l'actualité, donc j'espère que les gens accrocheront.

Quant aux autres projets en cours, oui, j'en ai !

Un gros projet de série en cours d'écriture qui partait pour être de la bit-lit, mais qui semble plutôt s'orienter fantasy urbaine, avec une héroïne particulièrement grande-gueule et amochée par la vie, et un univers assez sombre, encore ! Mais cette fois, c'est adulte, avec du sexe, du sang et de la violence (sans pour autant me transformer en Tarantino, même si j'adorerais !) Il y a déjà un éditeur intéressé. Et d'autres projets, quasiment au même stade, un diptyque de romance fantastique pour YA en court d'écriture, et plusieurs autres projets, mais qui ne sont qu'au stade du synopsis. Comme je n'ai pas beaucoup de temps pour écrire, je note tout ce qui me passe par la tête et je construits mes scénarios au fur et à mesure, histoire de pas oublier mes idées et de pouvoir piocher dedans quand le planning se libère.

(update : Sophie précise qu'elle a également un recueil qui sort l'année prochaine aux Éditions du Chat Noir et qu'elle aura également quelques nouvelles publiées dans des anthologies à venir)

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"Je peux juste dire que j'ai écrit ce roman avec mes tripes, avec pas mal de vécu et beaucoup d'intensité, et j'espère que ça se ressent à la lecture..."

A : Il y a une sacrée différence entre les couvertures de l’édition de Black Book et de celle Du Riez. As-tu eu ton mot à dire pour leurs choix ?

S.D. : Oui, Alexis (des éditions du Riez) et Alexandra (l'illustratrice) ont tous deux eu la gentillesse de me demander mon avis ! (exactement comme ça s'était passé lors de la précédente édition, d'ailleurs.) La différence de visuel est une volonté commune : changement de format, changement d'éditeur... il était logique de se démarquer au maximum de ce qui avait déjà été fait. D'autant plus que cela permet aussi de montrer un autre aspect de l'histoire, de mettre en valeur une ambiance plus orientée YA, mais qui correspond aussi à l'intrigue. C'est très enrichissant, pour moi, d'autant plus que ça me permet de voir comment diverses personnes perçoivent mon univers.

A : Instant voyeur : comment se déroule une journée type pour toi ? As-tu des « rituels », des habitudes dans ton travail d’écriture ou en dédicaces ?

S.D. : Ouille ! C'est là que je vais me fâcher ! Une journée type, pour moi, ça n'existe pas ! Je cumule les fonctions de traductrice/correctrice (vous savez, ces gens qui travaillent jour et nuit devant leur ordi sans mettre le nez dehors de la semaine), de maman (qui garde donc une petite fille très énergique), de gestionnaire de chenil (au total, deux chiens, trois chats et deux lapins, tous avec leurs petits trucs et problèmes de santé), de (plus ou moins) bonne ménagère et de coordinatrice de travaux *regard noir en direction des outils abandonnés depuis un bon moment*. Heureusement, je ne suis pas seule : mon compagnon fait exactement la même chose (remplacer « traductrice/correctrice » par « designer graphique » et « maman » par « papa »), ce qui fait qu'on arrive à se relayer par demi-journées pour garder notre mini-nous et travailler le reste du temps (en rattrapant le retard la nuit, pendant le sommeil du monstre). Donc l'écriture, c'est en pointillés, quand j'arrive à grapiller quelques heures de disponible ou que je suis au bord de la crise de nerfs. Et non, je n'ai pas de rituel : l'écriture, c'est mon rituel. Je relis le synopsis, je regarde où je m'étais arrêtée, et en général, ça suffit pour me plonger dans l'ambiance. Du moment que j'ai un silence complet. La musique, la sonnerie du téléphone ou le bébé qui hurle, ça réveille en moi des pulsions meurtrières !

A :  As-tu des auteurs favoris ? Des livres qui t’ont marqués dans ta vie ?

S.D. : La liste est trop longue !

Les livres qui m'ont marquée le plus, c'est déjà David Eddings, dont la Belgariade et la Mallorée m'ont à la fois fait découvrir les littératures de l'imaginaire et l'anglais ! (je n'avais pas la patience d'attendre deux ans pour découvrir la suite !)

Ensuite, il y a eu Allan Poe, Balzac et Théophile Gauthier, dont les oeuvres ont absorbé une bonne partie de mon adolescence. Puis Anne Rice, forcément, et Poppy Z. Brite... Bien entendu, moi qui qui fascinée par les histoires de femmes, j'ai adoré me plonger dans Ténébreuse, de Marion Zimmer Bradley, dans Pern, d'Anne McCaffrey, les chroniques des Cheysulis de Jennifer Robertson et Valdemar de Mercedes Lackey ! Je crois d'ailleurs que je ne tarderai pas à me replonger dans tous ces cycle. Certains ont vieilli, mais je ne m'en lasse pas.

A : Moment promo ! Que dirais-tu aux lecteurs pour leur donner envie de lire ton livre ?

S.D. : Adoptez-moi ! Je suis gentille, je fais des dédicaces, des sourires et des gâteaux, j'ai des animaux trop choupi, à vot'bon cœur !

Ça marche, comme technique ?

Sinon, que dire ? Je ne suis pas du tout quelqu'un de commercial, je serais bien incapable de pondre un argumentaire pour me vendre !

Je peux juste dire que j'ai écrit ce roman avec mes tripes, avec pas mal de vécu et beaucoup d'intensité, et j'espère que ça se ressent à la lecture...

Si, quand même, j'ai un argument ! Plein de personnes m'ont dit que ça les tentait, mais que le côté « bit-lit » les décourageait. Sauf que ce n'est pas exactement de la bit-lit : il y a effectivement des éléments qui y correspondent, mais j'ai fait mon possible pour m'en démarquer et proposer quelque chose de beaucoup plus sombre, plus cynique. Plusieurs éditeurs ont refusé cette série parce que même s'ils l'aimaient, ils la trouvaient trop « désespérée », trop noire. C'est ce que je voulais, donc finalement, j'ai l'impression d'avoir atteint mon but.

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A : Et enfin, quelle est la question que l’on ne t’a jamais posé et à laquelle tu adorerais répondre ?

S.D. : Je suis plutôt capable d'imaginer plein de questions auxquelles je n'ai pas envie de répondre, en fait !

Heuuu.... *gros blanc*

Je réfléchis !

Mes mensurations, non, je ne répondrai pas. Le nombre et l'emplacement de tous mes tatouages et piercings... non plus. À combien je vendrais mon âme, je ne sais pas... quel éditeur pourrait me corrompre, motus et bouche cousue...

Si je pourrais tuer quelqu'un ?

J'adorerais répondre oui, mais je crois que j'en serais incapable !

En fait, je crois qu'il s'agit bien de la question la plus « colle » qu'on m'ait jamais posée, là !

A : Encore mille mercis à toi, et à très bientôt dans de nouveaux écrits !

S.D. : Merci à toi !

Le site des Éditions du Riez

Le site de Alexandra V Bach

Ma chronique du premier tome du Sang des Chimères (anciennement Changelins)

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