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Energy Phare

Publié le 29 mai 2013 par Cambodiaexpat @Cambodiaexpat

Phare Ponleu Selpak, Battambang : énergie communicative !

On entend ça et là des remarques sur le Cambodge et les cambodgiens. Souvent basées sur une histoire aux ressorts méconnus, ou pire, sur des lieux communs, on s’appuie sur un sentiment triste, compatissant pour un peuple qui a tant souffert, à tel point que cela gomme les aspérités d’un pays et d’une population qui n’a retrouvé la paix que depuis 20 ans.

Il n’est pas rare d’observer des comportements très affectifs de la part de touristes plaignant les cambodgiens des affres de leur histoire : un peuple traumatisé (c’est vrai), des gens perdus, vides (c’est beaucoup moins vrai), une énergie nulle (c’est faux).

Prendre le raccourci des khmers rouges comme unique critère pour exprimer la souffrance est bien trop rapidement ancrer la population dans un monde noir duquel ils seraient, dit-on, incapables de sortir.

Cette attitude est cependant tout a fait normale. D’une part, personne ne peut prétendre connaître le Cambodge et son peuple, même un expat de 20 ans, même un cambodgien lui-même… Bien trop complexes et secrets, les cambodgiens ne se livrent pas, s’expriment peu et sourient. Résultats des traumatismes ? Sans doute un peu, mais ici, nous sommes en Asie… Et puis, il est plus naturel d’en rester à des représentations schématiques et partielles, car les manipulations historiques des américains et des européens sur cette période sombre des années 70 n’ont pas aidées à y voir clair dans ce moment douloureux de l’histoire.

Phare Ponleu Selpak nous montre une autre voie : il n’y a pas de fatalité pour la jeunesse cambodgienne : elle sait montrer une autre image que celle d’un passé omniprésent. Entre autres, la preuve est faite que l’on peut dépasser le traumatisme par l’expression corporelle et artistique et proposer un avenir positif et ouvert au pays par ses propres capacités.

Phare Ponleu Selpak est un bébé de cette période. Cette ONG naquit de la volonté de réfugiés cambodgiens de remettre en selle des jeunes issus des camps de réfugiés, entre 1975 et 1990. L’histoire est belle : redonner vie et vitalité à des jeunes par l’expression artistique. Aujourd’hui, ce sont quelques 700 jeunes, issus de familles de réfugiés, qui bénéficient d’un enseignement reconnu internationalement (sans compter une école primaire de 1400 élevés et une maternelle de 200…). Un exemple.

Au sein des enseignements, la discipline du cirque a aujourd’hui atteint un niveau qui permet à certains étudiants de rejoindre des troupes comme le Cirque du Soleil ou de réaliser un cursus à l’Ecole du Cirque de Montréal. Un beau parcours. Mais ce n’est rien si on n’a pas vu ce qui se passe sous la chapiteau de Battambang.

L'énergie des jeunes de PPS : un exemple, un avenir pour le Cambodge

L’énergie des jeunes de PPS : un exemple, un avenir pour le Cambodge

Plusieurs dizaines de créations de spectacles de cirque sont aujourd’hui au programme. Sous le chapiteau de Battambang, 2 à 5 fois par semaine, les étudiants font rire, étonnent, émeuvent plus de 150 à 200 spectateurs a chaque représentation.

Parmi ces créations, Phsong Preng. L’histoire de jeunes de Battambang qui se cherchent mais n’arrivent pas a trouver le « bonheur ». Ils rencontrent alors un « médecin » qui les convaint de partir pour Phnom Penh… Après une émouvante scene d’adieu et guidés par ce « prophète » improbable, les voici dans la capitale : quelques uns se prennent pour des riches, d’autres font un petit métier, mais aucun ne trouve ce qu’il cherche au fond. Dans le monde des illusions de l’argent, des plaisirs faciles et de la drogue, on sent pointer des désillusions bien prévisibles…

C’est alors que le plus jeune d’entre eux emmène tous les autres, petit à petit, sur le chemin du retour à Battambang. Retour marqué par les retrouvailles de la famille, des copains laissés là le temps du spectacle. Émotion garantie.

Les spectacles de Phare s’appuient sur une mécanique extrêmement intelligente : associés aux remarquables acrobaties, jongleries et théâtre, les artistes encore étudiants s’appuient sur des petits moment de la vie quotidienne. On y trouve amplifiés les petites histoires de petites gens, les métiers, les symboles, ce que l’on ne voit peu lorsque l’on est de passage mais qui nous bouleverse d’émotion une fois mis en scène.

Ces jeunes nous montrent une voie extraordinaire. Vous ressortez boosté de cette jeunesse qui montre l’exemple et surtout, qui nous invite à porter un regard bienveillant et sensible sur les cambodgiens, en dehors de tout apitoiement ou compassion.

Avec Phare, vous êtes obligés de retirer vos filtres et ce qui vous empêche de voir…


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