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La route de Cormac McCarthy

Par Sylvie

ETATS-UNIS, 2007
La route de Cormac McCarthy
Editions de l'Olivier
Est-il encore utile de présenter ce titre sur la blogosphère ? Abondamment critiqué dans la presse et sur les blogs, ce roman est considéré comme un pur chef d'oeuvre. Et c'est le cas.

Ce roman est d'autant plus marquant pour moi que je n'avais pas été conquise par McCarthy, considéré comme le plus grand écrivain américain actuel avec Philip Roth, Thomas Pynchon et Don De Lillo. Des personnages et des intrigues très flous me gênaient. Je n'ai pas non plus été marquée plus que cela par Non, ce pays n'est pas pour le vieil homme, adapté au cinéma par les Frères Coen.
Et là je m'incline avec respect !
Dans un univers post-apocalyptique où le monde est recouvert des cendres, où la nature est absente, où des hordes de sauvages massacrent les survivants, un homme et son fils parcourent une route pour atteindre la mer, le seul espoir d'une vie meilleure. Avec pour tout bagage un sac à dos,un caddie et un revolver, ils s'avancent sur la route à la recherche de nourriture et d'un toit provisoire pour dormir. Sur 250 pages, le roman ne raconte que ces actions...et surtout l'amour désespéré d'un père pour son fils.
Le petit, qui n'a jamais connu le monde d'antan n'a que les souvenirs et les histoires que lui raconte son père pour s'en faire une idée. Et ce qui est le plus troublant est que l'enfant incarne à lui seul les valeurs humaines dans un monde déserté de Dieu. En effet, il conseille à son père de donner à manger aux quelques rescapés qui croisent, il refuse de tenir le revolver. Il incarne "les gentils" comme il le dit à plusieurs reprises. L'influence biblique est indéniable : l'enfant porte le feu sur la route ; il incarne l'espoir, la survivance de l'homme après l'apocalypse. Il est sur la route pour rejoindre les éventuels survivants de la race humaine au sens noble du terme. D'ailleurs, à plusieurs reprises, on parle de lui comme un ange.
Pourquoi ce roman fascine tant ? Il touche d'abord à l'universel. Ce qui m'a gêné le plus dans les précédents titres de MacCarthy est ce qui est le plus fort dans ce titre. Nous ne savons pas pourquoi le monde est dévasté. Nous ne savons où l'on est, ni quand, les deux personnages ne sont pas nommés, c'est "l'homme" et "l'enfant". Et justement, le lecteur en est d'autant plus touché. Les personnages incarnent de manière universelle la relation fusionnelle père-fils. Le lecteur s'immerge sans contrainte dans ce monde.
Il y a d'autre part une construction narrative tout à fait moderne ; aucun chapitre ; au contraire, des paragraphes descriptifs qui décrivent les paysages et les actions des deux personnages ; entre des dialogues très épurés, très courts entre le père et le fils. La peur, l'envie de la mort, l'espoir. Là encore des universaux.
Comment une intrigue qui raconte la même chose sur plus de deux cents pages fascine tant ? Deux paradoxes à mon sens m'ont émerveillés : un enfant qui n'a pas connu le monde humain est le seul à incarner ses valeurs. Il y a aussi ce paradoxe entre une noirceur atroce et une lumière des plus pures.
Car je pense que ce roman incarne un profond optimisme : c'est un message d'amour fou d'un père à son fils qui incarne le feu de l'espoir, de la vie. D'ailleurs, MacCarthy a dédié comme par hasard ce livre à son jeune fils...
Un chef d'oeuvre qui met sur un piédestal l'amour filial.
Voir sur mon blog les critiques du Gardien du verger et De si jolis chevaux


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