Titre original : The Call
Note:
Origine : États-Unis
Réalisateur : Brad Anderson
Distribution : Halle Berry, Abigail Breslin, Morris Chestnut, Michael Eklund, Michael Imperioli, José Zuniga, Roma Maffia, Ella Rae Peck, Justina Machado…
Genre : Thriller
Date de sortie : 29 mai 2013
Le Pitch :
Casey, une adolescente, est kidnappée par un déséquilibré. Ayant réussi à cacher son téléphone portable, la jeune fille enfermée dans le coffre d’une voiture, appelle le centre d’appel d’urgence de la police et tombe sur Jordan, une opératrice qui fera tout pour la sortir de là…
La Critique :
La WWE (la fameuse fédération de catch) décide de se diversifier et ainsi de produire autre chose que des gros trucs bourrins censés mettre en valeur ses poulains ailleurs que sur des rings. Après l’étrange thriller romantique Dead Man Down, avec Noomi Rapace et Colin Farrell, voici donc The Call. Une nouvelle production pour la WWE, qui ne parle pas de catch, qui n’est pas un trip d’action, sans John Cena, mais qui par contre, comme le veut la coutume, case un athlète, au second plan, discrètement, mais surement. Pas une superstar, mais un type du nom de David Ontuga, qui, comme Wade Barrett dans Dead Man Down, reste sagement dans l’ombre des têtes d’affiche.
Très inspiré par des films comme l’excellent Buried (où Ryan Reynolds se réveillait dans un cercueil, six pieds sous terre) et le sympathique Cellular (où Kim Basinger appelait au pif un type pour tenter de sauver sa peau après un kidnapping), The Call ne cherche pas l’originalité, mais l’efficacité. Contrairement à Dead Man Down qui bouffait à tous les râteliers, le film de Brad Anderson (qui a remplacé au pied levé Joel Schumacher) suit une trame classique. Ce qui en soi, est plutôt positif tant la simplicité fait souvent défaut ces dernières années à des œuvres faussement alambiquées et ô combien prétentieuses. Ici, pas de twist spectaculaire. On peut voir venir le dénouement à des kilomètres et rien ne vient bousculer une routine bien connue des amateurs de thriller à l’américaine. Mais pourtant, ça fonctionne. Plutôt bien même.
Sans se départir d’une fougue qu’il parvient à maintenir à un niveau de pression relativement honorable tout du long, The Call ne baisse jamais sa garde et tient bon le cap. Basé sur une mise en scène un poil tape à l’œil, surtout lorsqu’elle est censé illustrer les méfaits du salopard qui kidnappe des adolescentes, le film reste dans les limites. Lisible et directe, la réalisation de Brad Anderson en fait peut-être des caisses par moment, mais elle ne franchit jamais la ligne jaune. Ligne jaune qui sépare les bons films des gros navets…
Mais ce qui fait surtout du film une bonne surprise, tient tout particulièrement à ses deux interprètes, à savoir Halle Berry et Abigail Breslin. La première joue avec ses tripes et livre une performance habitée, assez agréable. Elle y croit, ça se voit et du coup, nous aussi. La plupart du temps vissée sur une chaise, en communication téléphonique avec la victime, cet opératrice de choc (et de charme aussi, on parle quand même d’Halle Berry) rappelle le Colin Farrell de Phone Game et prouve que quand on a du talent, il ne sert à rien de brasser de l’air inutilement.
Un conseil qu’envoie valser Michael Eklund, le bad guy en chef. Comme précédemment dans le mauvais The Divide (où il campait aussi un psychopathe), Eklund est en roue libre. Il serre les dents, hurle, transpire, re-hurle, bouge énormément et au final, peine à rendre crédible un personnage qui n’en demandait pas tant. Moins inquiétant que prévu car trop dans l’excès, Eklund se confronte heureusement la plupart du temps à l’excellente Abigail Breslin (vue précédemment dans Bienvenue à Zombieland et Little Miss Sunshine), qui le canalise un poil, car ultra-pertinente dans la peau d’une jeune victime pleine de ressources. De film en film, l’actrice continue à donner raison à ceux qui avaient vu en elle un talent des plus prometteurs dans Little Miss Sunshine et même si au fond, The Call reste cantonné à un statut de série B, sa performance impressionne favorablement.
Une série B donc, ce qui n’est pas péjoratif. Si on fait exception de sa fin, un peu aux fraises, excessive et un poil réac, The Call se regarde avec un plaisir surprenant. Surprenant car au départ, rien ne laissait présager autre chose qu’un téléfilm de luxe plein de clichés, torché à la va-vite et joué par des comédiens tout juste intéressés par leur cachet. Propulsé par l’ambition certes mal canalisée de son réalisateur, par le charisme et l’investissement de ses deux actrices et par son scénario simple et direct, le long-métrage d’Anderson se hisse au-dessus de la masse. Il parvient à jouer avec nos nerfs, lors de séquences assez tendues, ce qui rattrape les clichés et autres menus défauts qui émaillent le récit. Sans autre prétention que celle d’offrir un bon moment aux amateurs de thrillers, il fournit l’effet escompté. Mission accomplie !
@ Gilles Rolland
Crédits photos : UGC Distribution