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Grand Prix des Lectrices de Elle - Soirée

Par Lecturissime

Hier avait lieu la remise du grand prix des lectrices de Elle

And the winners are :

Dans la catégorie Roman :

Arrive un vagabond de Robert GOOLRICK 

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Dans la catégorie documentaire :

L'élimination de Rithy PANH avec Christophe BATAILLE 

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Dans la catégorie Policier :

Les apparences de Gillian FLYNN

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Pour les romans arrivaient ensuite : Certaines n’avaient jamais vu la mer, puis L’avenue des géants (qui a d’ailleurs obtenu les prix Elle des lycéennes). L’embellie, un de mes chouchous, arrivait en 4ème position.

Pour les Documents en 2ème Fukushima, 3ème La tête à Toto.

Pour les policiers 2ème Le cercle 3ème Blanche Neige doit mourir.

Ceux qui étaient là à la soirée et les autres :

Georges Clooney n’était malheureusement pas là, mais je pense que pour avoir plus de chances de le voir la prochaine fois, je vais m’inscrire au prix Elle cinéma…

Rithy Panh n’était pas là parce que :

– version 1 : il vient de recevoir à Cannes le prix « un certain regard » pour son film « L’image manquante », trop d’émotion –et de petits fours- il a donc préféré ne pas venir.

-   Version 2 : il est trop angoissé pour se montrer face à 300 personnes

-   Version 3 : il avait besoin de rentrer chez lui après l’overdose de petits fours cannois.

En résumé : A force de rêver de charniers humains toutes les nuits, il a eu envie de revenir à l’essentiel, auprès des siens et de son pays plutôt que de venir manger des petits fours au risotto en parlant de l’horreur et de l’indicible devant un auditoire de 300 personnes sirotant leur champagne. Crédible.

Par contre je trouve que Gillian Flynn aurait pu faire un effort, son excuse ne tient pas la route : elle prépare actuellement l’adpatation de son roman « Les lieux sombres » dont le tournage va commencer prochainement, et elle termine le scénario de l’adaptation des « Apparences ».

Et ? Les éditeurs ont « beaucoup insisté » pour qu’elle vienne, mais sans succés. Je pense que la version officielle d’après ce que j’ai compris est qu’elle a un mari trop charmant pour avoir envie de le quitter ne fut-ce que quelques jours, tout ça pour des petits fours au risotto.

Les tables rondes

A la place elle nous a envoyé son éditrice et sa traductrice. De fait l’entretien en tables rondes n’était pas passionnant, nous n’avons rien appris de neuf, même à la question de savoir si un nouveau roman était en préparation, la réponse est restée évasive « Gillian Flynn est un écrivain qui prend son temps pour écrire, le processus de gestation est lent, blabla bla », bref ils ne savent pas…

Par contre pour suppléer à l’absence de Rithy Panh nous avons rencontré le dynamique Christophe Bataille qui est co-auteur de « L’élimination ». Il a rencontré Rithy Panh il y a 10 ans grâce au « pouvoir de la glande » : il flânait dans les couloirs de Grasset, il est entré par hasard dans un bureau, et est tombé sur lui. Dans son enthousiasme débordant il lui a alors proposé de raconter son histoire, ce à quoi Rithy a répondu par un sourire condescendant signifiant clairement « Je t’emmerde » (je cite). Puis silence radio pendant 6 ans, et en 2009, un texto lapidaire « je suis prêt, viens à Pnom Penh ».

Rithy Panh venait de terminer le film « S21 » et venait de se confronter à l’insoutenable, au Duch, personnification de l’horreur, et il avait besoin de se raconter. Christophe Bataille est donc parti pour des séances de travail intensives, peu évidentes face à un Rithy Panh peu loquace. Christophe Bataille raconte que si il avait dû ne garder que ce que Rithy lui a dit, son livre n’aurait fait que 30 pages. C’est à ce moment-là que son talent de romancier est intervenu, il s’est documenté, a créé des atmosphères, des détails pour rendre le récit passionnant. 127 versions du livre se sont fait suite, Christophe Bataille les envoyait au fur et à mesure à Rithy Panh qui modifiait, suggérait, se taisait encore pendant de longs mois… Rithy Panh a même voulu qu’on l’enlève du livre, ce à quoi Christophe bataille a répondu que ce serait comme consacrer une victoire du Duch.

Christophe Bataille nous a dressé le portrait d’un homme torturé, au bord du suicide, pour qui l’écriture littéraire ou scénaristique est l’unique façon d’espérer combattre ses fantômes.

Christophe Bataille lui a prêté magnifiquement sa voix, avec talent et cœur et c’est cette générosité que je retiendrai de cette rencontre.


Ce fil rouge de la générosité de la bonté est revenu aussi dans notre entretien avec Robert Goolrick, un homme passionné et passionnant. Pour écrire « Arrive un vagabond » il s’est inspiré d’une histoire réelle : en séjour en Grèce il rencontre un homme adulte qui attendait sans doute que quelqu’un surgisse de la nuit pour raconter son histoire. Son histoire, c’est celle de Sam, cet homme est Sam.

Le thème de l’enfance est bien sûr au cœur de son œuvre : l’enfance est pour l’auteur l’endroit le plus dangereux qu’il soit, désarmé, si on devait y rester, on ne vivrait pas longtemps.

Pour lui la seule chose qui compte dans la vie est la bonté. Sam est un être profondément traumatisé, mais il a l’idée à la fin qu’il est une bonne personne. Ce qu’on vit dans l’enfance, soit on s’y soumet, soit on le combat avec en toile de fond l’idée de s’améliorer.

A la question de savoir pourquoi Charlie, alors qu’il aimait profondément, filialement cet enfant, l’a entraîné dans cette spirale, l’auteur répond par une évidence : l’amour rend fou. Il est même la principale cause de folie. Charlie rencontre Sylvia, et il est perdu à jamais.



Robert Goolrick écrit actuellement deux romans : l’histoire d’une petite fille de 12 ans qui vit dans les communautés hippies en Virginie durant l’été 69, été fascinant capable du meilleur (Woodstock) comme du pire (l’assassinat de Sharon Tate) Puis Robert Goolrick a eu envie soudaine d’écrire sur le New-York des années 80, période incroyable du « too much » : trop d’argent, trop d’amusement, trop de tout. Il a imaginé alors le destin d’un homme qui a tout ce qu’il peut désirer, mais qui à cause de la drogue et de l’alcool, va tout perdre. Cette déchéance, ce passage du tout au rien et comment l’homme soit apprendre à vivre avec fascine l’auteur. Ce projet a repris le pas sur le premier.

Une très belle rencontre avec un homme profond, humain.

La soirée :

Que dire ? Le tout s'est un peu dissous dans les bulles de champagne...

Accompagnée par Sophie Adriansen (qui adore faire des tours de salle et de buffet), ce fut petits fours, champagne à volonté et de très belles rencontres :

- les lectrices du jury, des blogueuses dont Audrey de Quartier Livre et Séverine de Blablamia 

-     -  Des auteurs : Carole Fives dont il faut lire le dernier roman Que nos vies aient l’air d’un film parfait (avec un paquet de mouchoirs à proximité semble-t-il) et les livres jeunesse, Serge Joncour, Hubert Artus (oui moi non plus je ne sais pas qui c'est, mais j'ai fait semblant), Sandra Kollender, (qui nous a fait des jeux de mots bizarres "Je ne suis pas vexée d'avoir perdu face à une machine de guerre comme Rithy Panh" oui, bon #humourdeblonde), Marc Dugain, très discret (au point qu'une lectrice est allée lui demander "mais vous êtes qui vous ?")

-   -    Des maisons d’édition : Anne Blondat pour Lattès, Charlotte Rousseau (qui avait semé son mari mais chuut) et Vincent Eudeline du Passage, Nelly, lectrice chez Albin Michel, une femme charmante, Françoise Delivet et sa collègue chez Robert Laffont,qui m'ont fait promettre de lire les romans Elliott Perlman et Amitav Ghosh.

-   - Des jeunes comédiennes en herbe (très tactiles)

Bref une excellente soirée qui a su allier profondeur des débats et futilités du champagne, à l’image du magazine Elle balançant entre superficialité et débats de fond.


Parenthèse : message pour  Clara : Je t'envoie les petits fours et le champagne par la poste demain...

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