On le savait malade. A bout de souffle. On savait l’inéluctable proche. Sa disparition t’a pourtant empli de peine. Il est mort à Nice. Tu l’as appris à Cannes. Pendant le festival. Tu ne connaissais pas sa discographie dans le détail, encore moins son travail avec Piaf - elle que tu ne peux écouter tant sa voix t’écorche les oreilles - mais plusieurs vinyles des années 70 tournaient régulièrement chez toi. Plusieurs chansons s’invitaient souvent dans ta tête, sur la platine. Tu aimais la douceur diffusée par ses disques, leur mélancolie mêlée d’idéalisme. Tu te sentais bien dans ses chansons. Tout simplement.
Et puis il y a un souvenir précis. Au Portugal, en 2000, en 2001, tu ne sais plus trop. Un voyage en amoureux à travers le pays, entre campings, hôtels et chambre d’hôtes. A Coimbra, un soir, vous tombez par hasard sur un concert gratuit en plein air. C’est Georges Moustaki qui joue, lui qui chanta jadis la révolution des œillets. Tu conserves le souvenir d’un beau concert, d’un chanteur généreux et affable, et aussi d’un de ces beaux moments de plénitude passés avec elle, qui, par la suite, au fil du temps, se firent plus rares. C’est la seule fois que tu l’auras vu sur scène. Le lendemain soir, au même endroit, tu découvrais Paco Ibanez. Elle, elle le connaissait bien, elle avait grandi avec pour ainsi dire. Elle avait des disques de lui chez ses parents. Un 33 tours aussi chez vous. Toi, tu le découvrais et l’appréciais sous les étoiles du mois d’août, dans la douceur d’un soir d’été.
Comme Ibanez, que tu n'écouteras plus passée cette soirée, Georges Moustaki restera associé à Coimbra. Une place dans la nuit en été. Et ce portugais enthousiaste, à côté de toi, qui chantait avec ferveur Les amis de Georges…