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Fareiniste vénitien

Publié le 01 juin 2013 par Oliaiklod @Olia_i_Klod

Matteo Lovat di Casale, était un pauvre cordonnier né semble-t’il dans un village dénommé  Soldo.

Victime des idées convulsionnaires prêchées par les frères Claude et François Bonjour, rejoints au nord de Lyon, à Fareins-en-Dombes, par un vicaire, l’abbé Jean Baptiste Farlay, qui était également membre de l’Œuvre. Ces Lyonnais étaient en contact étroit et de subordination au père Michel Pinel et à la sœur Angélique Babet.

Un jour on délivra au cordonnier vénitien un message avec ces paroles enflammées de la sœur Élisée, figure centrale de cette secte fareiniste en 1800 : "Prenez-y bien garde ; je ne suis point au milieu de vous, dans vos temples, non, je n’y suis point. Ce n’est pas moi que vous adorez, mais la Bête qui est remontée de l’abime, qui, après avoir été blessée à mort, a repris une nouvelle vie (…) Bête à sept têtes et à dix cornes, que tu es terrible ! Mais tu ne l’es pas assez pour punir cette gentilité maudite, et les janséniste usurpateurs de mes dons et des richesses de mon Église. Ah ! Docteurs, que vous êtes instruits ! Que vous êtes grands ! Oui vous êtes grands ; mais votre grandeur viendra s’anéantir devant la petitesse de mes enfants."

Il s’en trouva tellement laissé emporté par ce fanatisme religieux qu’il en devint carrément fou. Un beau jour, pour fuir les tentations de la chair, il se saisit d’un rasoir et se coupa les parties génitales, comme Origène l’aurait fait, dit-on, dans les temps antiques.

Mais en réalité, son obsession était la crucifixion.

Grâce aux mêmes sources liées à sa secte, il avait appris qu’une française, une certaine Etienette Thomason, paysanne, s’était fait crucifier sur un mur, pendant plus de trois minutes, le 12 octobre 1787.

Le fantasme de Matteo, était que son acte serait encore plus beau s’il parvenait à se crucifier lui-même.

C’est ainsi que le 19 juillet 1805, s’étant mis nu, entouré la tête d’épines et s’étant blessé le côté à coups de couteau, il se cloua cruellement à une croix, attachée par une corde à une poutre voisine d’une fenêtre de son habitation, Calle delle Muneghe à Sant’ Alvise, où, le corps pendant, il donna le spectacle de son propre martyre aux passants.

La police vint le retirer de là, et mettre fin à son lamentable spectacle.

On l’emmena à l’hôpital pour le faire soigner. Une année plus tard, il mourut au milieu des fous dans l’île de San Servolo où il avait été enfermé…

Tiré de : Anecdotes historiques vénitiennes (version enrichie) – 1897 -Giuseppe Tassini – traduit par Claude Soret

San Servolo - Jorg Madlener


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