« Samira, née en Algérie, est mariée à Ali et a un enfant, Anissa. A la fin de la guerre, son mari, étant harki*, ils doivent quitter leur terre pour la France. Ils partent donc en famille et arrivent à proximité de Perpignan. Mais dans ce nouvel endroit où il va falloir trouver ses marques d’épouse, de femme et de mère, notre héroïne va rencontrer de nombreuses épreuves : la violence de son mari, la perte de repères de ses enfants, le désir d’indépendance… Pourra-t-elle trouver un jour le bonheur dans ce pays inconnu ? »
Un très beau roman sur le déracinement et l’intégration.
Harki : des Algériens qui ont combattu aux côtés de l’armée française durant la guerre d’Algérie (1954-1962). Craignant les responsables du Front de Libération National (FLN), environ 100 000 d’entre eux ont quitté l’Algérie pour s’installer dans le sud de la France. Certains ont été aidés par des soldats de l’armée française, d’autres par des « pieds noirs » qui eux sont des Français soit originaires d'Algérie, soit de souche européenne installés en Afrique française du Nord jusqu'à l'indépendance.
L’auteure détricote la robe de tristesse d’une femme déracinée qui souffre dans sa vie privée et qui se retrouve inexistante, voire invisible, socialement.
Samira est analphabète et ne parle pas un mot de français. Elle est vouée aux tâches ménagères et à une grande solitude, dépend d’un mari souvent absent, fort heureusement parfois, violent, indifférent, machiste par respect à ses traditions. Elle vit un calvaire en France. Pourtant elle fera de sa souffrance une armure et, puisant une force dans un paysage intérieur d’une grande richesse, elle déplacera des montagnes pour ses enfants, avec une audace insoupçonnée. Les tonnes d’amour que cette femme charrie dynamisent ce magnifique roman que j’ai lu d’une traite.
Le style y est fluide, sans fard, concret.
Assurément un premier roman très prometteur !
mjo