1er juin Christian Ça sent le foin coupé et la fin de la classe. La sève qui monte, aussi. Christian et moi dansons lourdement sur le chemin escarpé de la liberté. Fous comme des jeunes chiens fous, nous balançons les bicyclettes sur le talus et nous nous enfonçons dans les fourrés. On sent bien cependant qu'aujourd'hui, nos jeux vont prendre une autre tournure. Nous sommes nus tous les deux - Dieu que sa peau est lisse ! - dans l'épaisse frondaison. Machinalement je lui embrasse l'épaule tandis qu'il caresse avec sa brusquerie d'adolescent mon pénis écartelé entre douleur et jouissance. Le duvet naissant qui coiffe le sien, pareil à celui qui couvre les bras des jeunes filles blondes m'excite au plus haut point. Il se tait, moi aussi. Un vacarme d'enfer dans ce silence d'Eden fait comme la foudre sur le ciel bleu. Pétrifiés comme des statues grecques, nous assistons au passage de la Micheline, là, à peine à vingt mètres de nos jeux interdits... Des mois et des années se sont écoulés avant que je ne me débarrasse de cette hantise : Serais-je homosexuel ?
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