Prêtre, théologien, journaliste, écrivain, philosophe et universitaire, l’ancien vice-recteur de l’UCL Gabriel Ringlet se définit avant tout comme un « libre-croyant ». C’est en humaniste convaincu qu’il préside aux destinées d’un Prieuré ouvert à toutes les rencontres, à toutes les convictions. Un humaniste obsédé par la mort… donc par la vie.
Philippe Berkenbaum - Photo Emmanuel Laurent
Sommaire
- Quel impact cette expérience a-t-elle eu sur votre vocation ?
- Il y a un important hiatus entre ce que pense la base et ce que dit la hiérarchie ?
- L’homme n’est plus sensible au sort de son prochain ?
- Dates clés
Quel impact cette expérience a-t-elle eu sur votre vocation ?
G.R. : Ce fut un tournant fondamental. Je sors de longues études de théologie très spécialisées et après mon premier article, le rédacteur en chef me lance : « Vous avez employé le mot pastoral ! Pas un de nos lecteurs ne comprend ça, vous êtes prié de parler comme tout le monde ». Ce fut extrêmement positif de devoir réinterroger toute ma théologie dans ce chemin de dialogue pluraliste. La vulgarisation est devenue un combat. Je me suis juré de veiller à toujours rester proche du grand public et, comme prof d’unif, à faire en sorte qu’il n’y ait pas d’un côté le monde des chercheurs et des intellectuels et, de l’autre, celui des profanes qui lisent ou appliquent ce qu’on leur raconte. De jeter des ponts.
On vous connaît théologien, prêtre, journaliste, universitaire, écrivain, philosophe… Quelle importance relative accordez-vous à chacune de vos casquettes ?
G.R. : Il y a un fil rouge dont je n’ai jamais dévié, c’est celui de l’accompagnement de la mort, auquel je consacre beaucoup de temps. C’est une question qui m’a marqué très jeune. Elle m’a conduit à me trouver toujours à la fois sur le terrain théorique et pratique. Jeune professeur à Louvain, j’étais en même temps curé de paroisse et aumônier d’hôpital. Voir des gens mourir dans vos bras, être appelé la nuit parce qu’un petit bonhomme vient d’être tué sur l’autoroute, c’est extrêmement concret. Ma recherche universitaire a toujours porté sur la communication de la mort. L’autre fil en découle, il consiste à toujours lier ma démarche intellectuelle à un engagement de terrain. Travailler à la Wallonie et mener des recherches poussées sur l’enseignement journalistique ; être curé et réfléchir aux grands enjeux de l’avenir sur le plan théologique… Il ne faut pas chercher très loin ce qui unit ces casquettes : j’ai eu la chance d’exercer toutes les facettes du sacerdoce avec des publics différents. J’aime cette phrase de mon ami Roger Lallemand : « Comment avoir un au-delà du clan ? » N’être jamais prisonnier de son appartenance me paraît déterminant.
Quels ponts peut-on jeter entre l’Evangile et l’actualité, comme vous vous employez à le faire au Prieuré ?
G.R : L’Evangile est un texte vivant parce que poétique, comme la Bible. C’est un texte ouvert qui ne se laissera jamais enfermer par nos dogmatismes. Il y a une relation entre ce que j’appelle, cette fois, mes trois farines : l’Evangile, l’actualité et l’imaginaire, cet intermédiaire qui nous permet de jeter des ponts entre les deux. Les gens de cinéma, de théâtre, de littérature m’aident à relire ce texte fondamental à la lumière de l’actualité. C’est une aventure extraordinaire. Quelles que soient leurs convictions, croyants ou non, les créateurs d’imaginaire nous posent des questions théologiques et spirituelles fondamentales et je pense pour ma part que la Révélation continue, les Ecritures ne se sont pas arrêtées un jour, elles continuent à s’écrire concrètement.
Est-ce une idée facile à faire passer auprès des non-croyants ?
G.R. : Quelles que soient les convictions, il y a des gens de dogmatisme et des gens d’ouverture. On peut aller très loin avec les seconds. Mais il y a aussi des aspects de fermeture. Certains courants laïques sont incapables de regarder la religion sans penser à sa hiérarchie. Et donc d’en discerner le fonctionnement concret à la base, sur le terrain au jour le jour. Ils y verraient un grand décalage, une ouverture beaucoup plus grande que ce qui ressort médiatiquement des positions officielles. C’est l’une des difficultés du dialogue avec le monde laïque.
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31/12/2010 23:00
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