Magazine Culture
Soirée douce en apparence pour la venue de nos canadiens fétiches de Besnard Lakes. Programmés une première fois au Poste à Galène il y a deux ans, le gig avait été annulé au dernier moment faute de réservations conséquentes, les Besnard Lakes faisant le boulot en revanche pour le reste de leur tournée.
Ce petit préambule pour décerner deux cartons jaunes de rigueur : l'un décerné à la salle marseillaise à qui nos mails adressés continuent de rester lettre morte. Les gars, si vous ne voulez pas faire joindre l'utile à l'agréable en accordant des invits à DODB à qui il en faut plus que ça pour rater une date cochée dans son calendrier, c'est votre problème ; mais de grâce ne prenez plus la peine de mentionner un mail où l'on peut vous joindre pour diverses requêtes si vous n'avez même pas la courtoisie d'y répondre ; cet état de choses s'est déjà hélas produit.
Le second carton jaune sera adressé au public phocéen qui n'a une nouvelle fois pas cru bon de se déplacer en nombre pour le set des psychédéliques canadiens, faisant sonner le club malheureusement creux. Il n'empêche : ceux qui avaient décidé de braver le froid et la crise pour le groupe de Jace et Olga avaient été bien inspirés. Riche à présent de 4 longs formats, leur musique n'a jamais eu plus d'ampleur, de majesté et d'hypnotisme qu'au moment d'en découdre sur scène.
Démarrant par le superbe "And This Is What We Call Progress", puis enchaînant sur de larges extraits de Until in Excess,.... leur dernier né, les Besnard Lakes captivent, et peuvent se permettre d'interpréter deux morceaux de rang sans temps mort, car la maigre audience présente, sachant savourer l'instant a le bon goût de ne jamais manifester le moindre cri intempestif pendant les phases plus calmes. Excellent musiciens et interprètes, les natifs de Montréal la jouent sobre mais étonnamment crédibles pour ce qui est de restituer la moindre boucle, le moindre bleep, n'importe quelle nuance de leur palette sonore. Olga, très à l'aise dans ses parties chantées et exécutées, fait corps avec sa basse, ondule sensuellement pendant que son grand Jace de compagnon instruit les multiples effets qui de son Korg insufflent le droning sound si envoutant de leur musique.
Le frontman des Besnard Lakes n'est pas en reste pour ce qui est d'exécuter des parties de chants, tantôt de fausset dans des aiguës étonnantes, tantôt de gorge pour des inflexions rappelant encore et toujours les divins Beach Boys, notamment Brian.
Les longs morceaux sont patiemment introduits, et si ceux du dernier album paraissent encore rêches et moins accessibles pour l'auditeur, malgré des réussites certaines ("The Specter"), ceux des précédents opus assimilables à des classiques désormais, sont ainsi déclinés pour le plus grand plaisir de tous. Il en va d' "Albatross" comme pour les deux titres de rappel, le fantastique "Like The Ocean, Like The Innocent, Part 2" et le non moins trippant "And You Lied To Me" de l'album qui les fit connaître (..Are The Dark Horse), et ses délicats trémolos.
Ah, dernier avatar d'une soirée peu ordinaire : au bout d'une heure et quart et d'un premier rappel couronné de succès, le groupe très affable, s'apprête à remettre ça - et un rappel chez les Besnard Lakes, c'est minimum un quart d'heure, compte tenu de la durée des morceaux - quand en régie, on leur fait délicatement comprendre que niet, on laisse la place à la soirée 90's (un gus qui passe des disques de Nada Surf et Radiohead que tout le monde a chez soi, super !) qui pourtant est prévue pour plus tard.
Jace, sans se départir d'un large sourire, répond que c'est pas grave, même s'ils étaient prêts à continuer ! Bien joué une nouvelle fois, messieurs du Poste à Galène, à qui un droit de réponse est volontiers offert à nos questions diverses.
Ce petit message en VOST pour la fin : Jace, I am the guy you talked with at the end of the gig. I promised you a review ; please feel free to come and express your feelings !