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Henri Guillemin et la foi

Par Alaindependant
dimanche 2 juin 2013

Nous donnons ici une première présentation de Henri Guillemin. Nous reviendrons ultérieurement  sur ce grand conférencier, historien, critique littéraire, polémiste français  passionné et passionnant, reconnu pour ses talents de conteur historique et pour ses travaux sur les grands personnages de l'histoire de France. Né le 19 mars 1903 à Mâcon (Bourgogne), il est mort à Neuchâtel en Suisse le 4 mai 1992.

Reste en moi l'espérance acharnée que la substance de nous-même ne disparaît pas, ne s'évanouit pas comme une fumée dont un instant après plus rien ne subsiste.
(
Parcours)

Ma « conviction profonde » c'est que le Dieu de Jésus-Christ est effectivement ce Quelqu'un dont notre esprit décèle l'existence par l'unique interrogation du donné. Je fonce dans la direction de ce feu dont je sens la chaleur plus nettement encore que je vois sa lumière.
(
Ma conviction profonde)

Guillemin, que passionnaient les problèmes métaphysiques, restera malgré tout un "catholique anticlérical qui ne croit ni en la transsubstantiation (eucharistie), ni à la rédemption selon saint Paul, ni à la virginité de la Vierge, ni au récit de la naissance de Jésus" (Télérama 12 février 1992).
Dans "
L'Affaire Jésus" Guillemin admet comme certitude l'existence historique de celui qu'il nomme plutôt le Nazaréen, il achoppe sur les contradictions des évangélistes, affirme que "Quelque chose en nous sait Dieu comme la boussole sait le pôle", cite Sartre parlant de cette «réquisition» dont nous sommes l'objet et qui «va au-delà du réel» (p. 100), défend la crédibilité du message de Jésus, même si «le message, parfois, se voile la face en traversant le messager» (p. 135), donne comme message essentiel cette phrase de Luc (Ch. 17 v. 21) : «Le Royaume de Dieu est en vous» (p. 98) et fait sienne cette phrase de Nicolas Saudray, parue dans Le Monde du 19 août 1978 : "les chrétiens ont repris leur marche, portant le feu de la charité à travers le pays des morts" (p. 151). Dix ans plus tard il récidivera avec "Malheureuse Église" qu'analyse l'article de J. Bertin (Politis), auquel nous empruntons cette phrase : "On ne sait pas si le doute fut vainqueur en lui, ou la foi. Le carnet de notes est resté ouvert sur la table. Car le plus curieux c'est qu'il ne parle jamais de lui".

"Les détails de ma vie privé n'ont d'intérêt que pour moi et les miens"

Guillemin répondra aux questions de Jean-Marc Carité dans l'été 1977, pour le numéro 20 de sa revue Tripot, suivront les «Dialogues» avec Patrick Berthier de juillet 1977 à 1979, qui parurent sous le titre "Le Cas Guillemin" (Gallimard), avant que ne paraisse (Seuil 1989) l'ouvrage "Parcours", où il met bout-à-bout, dans l'ordre chronologique, des notes concernant des événements vécus ou des remarques faites au long de sa vie, suivies de trois "dossiers" sur des amitiés proches : François Mauriac, Paul Claudel et Maurice Chevalier. Parut enfin le texte des conversations qu'il échangea avec Jean Lacouture "Une certaine espérance" (Arléa, 1992). On peut dire que pour ses souvenirs, Henri Guillemin appliquait sur lui-même le procédé qu'il préconisait pour ses conférences, à savoir des grandes lignes, un schéma directeur et une fin préparée à l'avance qui, sans l'avoir personnellement connu devait être une chaleureuse poignée de main, assortie d'une bienfaisante phrase qui pouvait vous faire penser un instant que, dans cette solitude qu'est la vie, un frère vous était donné.


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