Après Still Walking, Nobody Knows et I Wish, le cinéaste japonais Hirokazu Kore-Eda est l’auteur d’une nouvelle perle, remplie encore de tendresse, de douceur et d’émotions : Tel Père, Tel Fils (Soshite Chichi Ni Naru). Une histoire d’enfants. Une affaire de famille(s).
Tel Père, Tel Fils. L’enfance, la famille, la vie. Tout simplement.
Un visage d’enfant. Un sourire, contagieux. Des yeux qui frétillent, abritant un air coquin. Vos yeux s’écarquillent alors, vos zygomatiques s’étirent légèrement, vos muscles se relâchent, et vous vous sentez comme sur un petit nuage, bien, comme envoûté par un charme apaisant. Hirokazu Kore-Eda filme l’enfance avec une étrange douceur. Il s’agit justement là d’un thème récurrent dans l’ensemble de ses œuvres. Avec un style très réaliste, parfois proche du documentaire, le cinéaste japonais aime mettre en images les joies et les peines de la famille. Leurs vies. Dans Tel Père, Tel Fils, il illustre l’amour entre des parents et leur enfant. Des parents déchirés lorsqu’ils apprennent qu’à la naissance, l’hôpital a commis une grosse bourde ! Keita, l’enfant qu’ils élèvent depuis six ans n’est en fait pas le leur. Une sage-femme l’aurait échangé avec un autre enfant. S’en suit alors de grandes remises en question. Peut-on renier l’enfant que l’on a aimé pendant six ans ? Peut-on recommencer à élever un môme qui a eu reçu une éducation bien différente ?
"Tendresse. Naïveté. Douceur. Amour"
Avec ce nouveau long-métrage, Kore-Eda donne des leçons d’amour. Vous vous sentez si bien à la fin de la projection, que feriez un énorme câlin au premier venu – si ce n’était la gêne d’avoir les yeux brillants, ému par toute l’affection donnée et vécue. Oui, les sentiments imprègnent chaque image. Les scènes lumineuses, mais pourtant toujours sobres, regorgent d’émotions, et reflètent une douce lueur : celle de l’innocence d’enfants perdus au milieu de toutes ces questions. Et Kore-Eda a bien compris qu’une poignée d’images valent au final bien mieux qu’une étendue de mots ; et qu’un seul plan, ou une seule scène, peut être en fin de comptes très « bavard ». Ce langage visuel, ou plutôt photographique, très représentatif du cinéma de Kore-Eda, doit également son pouvoir et sa force aux comédiens. Il plane ici, autour de chaque protagoniste, un parfum de sincérité, qui nous laisse présumer le respect témoigné par le cinéaste envers ses acteurs. Il semblerait donc que Tel Père, Tel Fils soit finalement un reflet de son auteur : un amas de tendresse, de naïveté, de douceur, et d’amour. Ceux qui prétendent que l’œuvre est un « tire-larmes » facile ont peut-être perdu leur innocence. Tant pis pour eux. ■