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[Critique] AFTER EARTH

Par Onrembobine @OnRembobinefr
[Critique] AFTER EARTH

Titre original : After Earth

Note:

★
★
☆
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☆

Origine : États-Unis
Réalisation : M. Night Shyamalan
Distribution : Jaden Smith, Will Smith, Sophie Okonedo, Zoë Kravitz, Glenn Morshower, David Denman, Isabelle Fuhrman…
Genre : Science-Fiction/Aventure
Date de sortie : 5 juin 2013

Le Pitch :
Embarqué pour une mission de routine dans l’espace, Le Commandant Raige et son fils Kitai sont contraints d’atterrir en catastrophe sur la Terre, désertée depuis bien longtemps par l’humanité. Seuls survivants du crash, le paternel et son fiston doivent à tout prix retrouver la balise de secours, perdue au milieu de nulle part, sur cette planète devenue entre temps terriblement hostile. Grièvement blessé, Le Commandant n’a pas d’autre choix que de confier la mission de sauvetage à son impétueux garçon, qui s’embarque alors dans une aventure pleine de péril…

La Critique :
Révélé au grand public en 1999 avec son sympathique mais plutôt surestimé Sixième Sens, M. Night Shyamalan a ensuite livré ce qui reste à ce jour l’une des meilleures réflexions sur la condition du (super) héros au cinéma, à savoir Incassable. Au passage, il s’agit là de son plus grand film. Par la suite, il confirmera son talent de conteur en livrant un trip angoissant à base de questionnement théologique et d’aliens belliqueux (Signes). Le Village, qui sort deux ans plus tard, commence à diviser le public même si, malgré sa fin quand même bien tirée par les cheveux, le film tenait plutôt bien la route tout du long. Vient ensuite l’étrange et attachant La Jeune Fille de l’eau. Grosse gamelle au box office, pour Shyamalan qui commence à voir son statut de petit prodige spécialisé dans le retournement de situation vaciller salement. Avec Phénomènes, il touche le fond. Ridicule, vain, pathétique… Les mots manquent pour qualifier un long-métrage complètement à côté de la plaque, pourtant porté par le duo inspiré Mark Walhberg/Zooey Deschanel. Dur pour l’ex-enfant chéri du cinéma américain qui peine à reconquérir le cœur du public et celui de la critique. Et ce n’est pas son Dernier Maître de l’air qui arrange les choses, récoltant certes assez de dollars pour rentrer dans ses fonds, mais collectionnant au passage les très mauvaises critiques. Nous sommes alors en 2010 et Sixième Sens est loin. Shyamalan va mal.

Quand le cinéaste annonce son intention de mettre en image un film qui réunirait les Smith père et fils, le pire est à craindre. À l’arrivée, ce n’est en effet pas très folichon et le constat suivant de s’imposer : After Earth aurait davantage sa place en deuxième partie de soirée sur M6 (ou encore mieux, sur Syfy) plutôt que dans les salles de cinéma (d’autant plus que le film est proposé en IMAX).

Car au-delà de toutes les casseroles qu’il se traine, d’un point de vue scénaristique, After Earth se distingue par une production design souvent immonde. Beaucoup d’éléments « brillent » par leur laideur. Les décors de cette planète où l’homme a élu domicile après avoir salopé la Terre, sont affreux. Après avoir bousillé son environnement sur la Planète Bleue (mention au message écolo super finaud), l’être humain a construit, ailleurs, des infrastructures ultra laides, faites de plastoc, de cartons et de tissus bizarres. Cet homme de futur a des goûts de chiottes, s’habille comme l’as de pique et pilote des vaisseaux hideux. Rien n’échappe au travail de sape qui consiste à proposer un spectacle torché à la va-vite. Les combinaisons spatiales, le design des équipements et même la tronche des créatures extraterrestres passent à la moulinette. Tout est laid, ou presque, dans After Earth. Cerise sur le gâteau : les effets-spéciaux ne sont jamais vraiment à la hauteur de la réputation de Shyamalan et surtout pas du niveau d’un blockbuster de 130 millions de dollars.
Alors où est passé le fric ? Sur le Livret A de Jaden Smith ? En 2013, After Earth s’apparente à une arnaque visuelle, absolument bâclée par une clique de je-m’en-foutistes et s’avère donc très rapidement incapable de rivaliser avec les autres productions du même genre. Et pas besoin d’aller chercher bien loin pour trouver mieux, vu qu’en ce moment les films de science-fiction sont légion. Oblivion par exemple, n’était peut-être pas parfait, mais au moins, il proposait un vrai spectacle, soigné et immersif. En gros, tout ce que n’est pas After Earth.

Bâti sur une histoire simpliste signée Will Smith et produit par la famille de l’acteur tout-puissant au grand complet, After Earth n’est rien d’autre qu’une rampe de lancement de luxe pour Jaden Smith. Et le pire dans l’histoire, c’est que le métrage ne s’en cache jamais. À l’écran, les choses se résument très rapidement à une situation qui n’évolue jamais et qui voit Will Smith, le cul vissé à une chaise, la mâchoire serrée et le regard sévère, en train de pisser le sang peinard, tandis que son fils bat la campagne au cœur de beaux paysages sauvages, gâchés par des incrustations de synthèse d’un autre âge. Dans le film, Will est un héros qui ne ressent pas la peur. Une faculté qui le met à l’abri des méchants aliens qui eux, ne repèrent les humains que grâce à la crainte qu’ils éprouvent. Son fils lui, a les foies et doit combattre sa condition de bleu-bite pour sauver sa peau et celle de son géniteur. Du coup, Will Smith fait la gueule pendant 1h30, mono expressif et statique, laissant à son gamin l’occasion de prouver sa valeur à l’écran. Jaden Smith fait ce qu’il peut, mais se montre beaucoup trop tête à claque pour être pleinement convainquant. Il bouge dans tous les sens, sue, pleure et tente d’imposer une présence à l’écran en combattant de gros tas de pixels difformes (on y revient), sans parvenir à faire exister son personnage. Certes, Smith Jr. limite peut-être les dégâts, mais n’arrive jamais à s’extraire de l’ombre de son père, au point de ressembler à une sorte de Mini-Moi de Will Smith. Le charisme et l’expérience en moins bien évidemment.

Sauvé à deux ou trois reprises par la complicité qui unit le père et son fils (encore heureux même si on préférera leur performance commune dans À La Recherche du Bonheur), After Earth est globalement une belle arnaque pour quiconque s’attend à voir un blockbuster spectaculaire. Plutôt posé, certainement porté par une volonté de proposer un conte initiatique plein de bonnes valeurs, ce trip de science-fiction bon marché n’est rien de plus qu’une coquille vide réalisée par un cinéaste incapable de retrouver la verve de ses débuts. Étouffé par les Smith, Shyamalan s’efface. Il y a 15 ans, son After Earth aurait peut-être pu répondre aux standards en vigueur pour une production de ce calibre. Aujourd’hui, définitivement pas.

@ Gilles Rolland

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Crédits photos : Sony Pictures Releasing France


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