Magazine Bébé

Et découvrir un nouveau sentiment…

Par This Girl

Se réveiller reposée, en souriant.
Jeter un oeil au réveil, bondir en constatant qu’il est 11h, se précipiter sur son bébé pour vérifier. S’il respire, s’il va bien, s’il dort. Souffler. S’étonner quand même. Oui il fait ses nuits depuis un mois mais dormir de 22h à 11h ça il ne l’avait jamais fait. Le regarder s’éveiller, l’accueillir d’un baiser, recevoir un léger sourire. Le changer, prendre sa température au cas où, juste parce qu’on a un sentiment étrange qui s’est emparé de notre nouveau coeur de maman.
37.9. Froncer les sourcils, pas vraiment de la fièvre mais pas loin. Penser aux vaccins d’il y a trois jours, se souvenir des paroles de la pédiatre. "Au bout de 48h s’il a de la fièvre ce n’est pas dû aux vaccins". Rester zen, le nourrir, l’observer, au cas où, on ne sait jamais.
Le changer, encore. Constater que dans sa couche c’est pas la fête, reprendre sa température. 38.1. Trembler. Ca y est on y est. La fièvre, la première, celle qu’on redoutait est là. Aviser le Doliprane mais se souvenir des recommandations du médecin. "Ne rien lui donner sans avis médical s’il a moins de trois mois, lui faire voir un médecin dans la journée.".
L’habiller rapidement, préparer le sac à langer en terminant son premier café. Ecouter son père appeler les urgences pédiatriques, râler, appeler le samu, parler avec un médecin, me regarder, voir son regard changer et dire "il faut qu’on aille aux urgences". Gestes précipités, tentatives d’apaisement ratées. Serrer ce petit corps chaud tant aimé contre soi en franchissant le palier de l’hôpital. Vouloir être partout sauf là. Avoir peur qu’il respire d’autres bactéries malvenues. Attendre, être impatiente, avoir envie de hurler sur cette hôtesse d’accueil qui papote avec ses collègues, qui pas une seule fois nous aura regardé. Se diriger dans le bon service, être pris en charge rapidement. Regarder son enfant se faire observer, tripoter. Le voir relié à un monitoring, lui si petit, nu dans cette pièce trop glauque. Entendre d’autres enfants pleurer, hurler. Essayer de rassurer, se rassurer. Expliquer qu’on est là pour lui, pour sa santé, qu’il ne faut pas avoir peur, sourire et l’amuser. Ecouter les paroles rassurantes des infirmières. Sortir de la chambre le temps de la pose du cathéter, le laisser avec son père. Avoir envie de chialer parce que son bébé se fait piquer, parce qu’il va avoir mal, parce que ne pas rester près de lui à ce moment là c’est être une mère indigne, une mère monstrueuse, incapable. Et chialer dans les toilettes, chialer dans les bras du père qui cherche tous les mots capables de nous rassurer, dire qu’on est la meilleure maman que la terre ait jamais porté.
Attendre encore des résultats qui ne viennent pas. S’impatienter. Se rassurer. Regarder son bébé réagir comme d’habitude, le voir rire et raconter des histoires à son doudou qu’heureusement on a pas oublié.
Et enfin voir le médecin, voir son sourire rassurant, apaisant. L’écouter dire que l’Amour de notre vie va être transférer en chambre, en isolement, en observation. "Petite infection… On ne sait pas trop… Surveiller l’évolution….".
Rester près de lui toute la nuit, le veiller. Envoyer son père chercher sa veilleuse, lui chanter la berceuse qu’on a inventé pour lui et rien que pour lui. Trembler en le regardant dans ce lit trop grand, une main bandée, le pied relié à ce putain de monitoring qui s’emballe parfois, pour pas grand chose, qui bipe et fait sursauter ce petit corps, qui fait rater des battements à notre coeur. Faire la plus longue nuit blanche de notre vie. Rencontrer une auxiliaire de puériculture douce et gentille, la remercier de nous permettre de nous échapper, le temps d’une cigarette, de ce service déprimant, flippant. Passer devant une chambre et entendre avant même de le voir un autre bébé en triste état. Pleurer dans l’ascenseur cette fois en priant tous les dieux auxquels on ne croit pas de protéger notre enfant, notre chair, notre sang.
Regarder le soleil se lever, le Ptit Loup s’éveiller, voir ses lèvres s’étirer en un sourire radieux. Constater qu’il y a du mieux. Etre fière de ce petit être qui a bouté hors de son corps la fièvre, sans l’aide d’un seul médicament. Autoriser d’autres prélèvements et patienter encore. Observer tous les gestes de l’interne qui le manipule. Cette interne pas franchement ravie d’être là, d’astreinte. Cette interne qui est sortie de la chambre dans un éclat de rire. Le Ptit Loup lui a fait son numéro de charme, elle est tombée amoureuse. Etre plus que pleine de fierté. Et enfin voir le pédiatre, se faire rassurer, avoir son accord pour partir, rentrer à la maison, devoir le surveiller encore mais à priori "rien de bien méchant…Certainement les vaccins…". Respirer un peu mieux. Penser avec mauvaise humeur au fameux "Au bout de 48h s’il a de la fièvre ce n’est pas dû aux vaccins". Connasse.
Rentrer chez soi et ne pas le quitter des yeux. Le regarder dormir. Prendre sa température bien trop souvent. Etre rassurée, apaisée.
Le couvrir de baisers, embrasser sa main meurtrie par le cathéter. S’excuser de n’avoir pas eu le courage d’être là. Pleurer encore un peu. De soulagement.

Et découvrir un nouveau sentiment qu’on croyait connaitre. Se rendre compte de ce qu’est la peur. La vraie.
Se dire que oui on a "signé" pour la vie.
Mais regarder cette vie et sourire à en avoir mal.



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