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[Critique série] HOMELAND – SAISON 2

Par Onrembobine @OnRembobinefr
[Critique série] HOMELAND – SAISON 2

Titre original : Homeland

Note:

★
★
★
½
☆

Origine : États-Unis
Créateurs : Howard Gordon, Alex Gansa, Gideon Raff
Réalisateurs : Michael Cuesta, Lodge Kerrigan, David Semel, Henry Bromell, Guy Ferland, John Dahl, Dan Attias, Jeremy Podeswa.
Distribution : Claire Danes, Damian Lewis, Morena Baccarin, David Harewood, Diego Klattenhoff, Jackson Pace, Rupert Friend, Mandy Patinkin, Morgan Saylor, Jamey Sheridan, Navid Negahban, Chris Chalk, David Marciano, Zuleikha Robinson, Sarita Choudhury, James Rebhorn, Michael McKean, Linda Purl, F. Murray Abraham…
Genre : Thriller/Drame/Adaptation
Année de production : 2012
Diffusion en France : Canal Plus
Nombre d’épisodes : 12

Le Pitch :
Écartée de la CIA, Carrie Mathison enseigne l’anglais à des immigrants, après avoir été soignée pour ses troubles bipolaires. Pendant ce temps, Saul est dépêché au Liban pour essayer de contenir une crise qui oppose le pays à l’Iran. Nicholas Brody, quant à lui, toujours en plein double-jeu, ne cesse d’être sollicité, notamment par le Vice-Président, qui compte le citer parmi ses colistiers lors de la future campagne présidentielle. Alors que l’ombre du terroriste Abu Nazir plane toujours, Carrie ne va pas tarder à reprendre du service, devant pour cela se rapprocher à nouveau de Brody et ainsi marcher sur des charbons ardents…


La Critique :
Souvenez-vous : en 2012, Homeland était sur toutes les lèvres. Sur les réseaux sociaux, tout le monde parlait de ce trip incroyablement tendu et bien ficelé et plus généralement, personne ne semblait ignorer un phénomène télévisuel aux proportions impressionnantes. Une pluie de récompenses plus tard et tous les regards se tournaient vers la saison 2. Allait-elle être à la hauteur ? Allait-elle répondre aux multiples questions posées précédemment ou en poser de nouvelles ? Carrie et Brody allaient-ils se retrouver et enfin passer aux choses sérieuses ? Saul allait-il se séparer de sa d’ores et déjà légendaire barbe ? Jessica, la ravissante épouse de Brody allait-elle à nouveau tomber le haut ? Mystère…
À l’heure où commence ainsi le deuxième acte de la série d’Howard Gordon et Alex Gansa, on peut d’ores et déjà répondre à ces fameuses questions. Prêt ? Go ! Oui, la saison 2 est à la hauteur, même si il faut nuancer ; oui Carrie et Brody vont se retrouver (pour les choses sérieuses, on ne va pas spoiler) ; non, Saul ne va pas se raser et oui Jessica va à nouveau tomber le haut ! Tout un programme les amis et si il est inévitable que ce deuxième acte en décoive plus d’un, il est aussi certain que le show ne se repose pas sur ses lauriers et tente d’évoluer.

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Pour une série au succès aussi spectaculaire que Homeland, le virage de la saison 2 est déterminant. C’est un peu comparable au fait de sortir un deuxième album pour un groupe qui a explosé avec le premier (combien de fans d’Appetite for Destruction ont conchié les Guns N’ Roses à la sortie du double album Use Your Illusion ?). Les risques sont grands et les tentations aussi pour les showrunners qui peuvent trop en faire. Ou pas assez.
Homeland a bien négocié ce virage. Pas à la perfection, mais avec suffisamment de sang froid pour maintenir vivace une tension indéniable. Alors oui, Homeland 2 répond à des questions. On apprend à mieux connaître Carrie et le mystère autour de Brody se dissipe. Les motivations de ce soldat retrouvé miraculeusement après avoir passé plusieurs années entre les mains des terroristes, sont aussi plus claires, même si bien sûr ces réponses posent tout autant de questions. La saison 2 ne cherche pas forcement à surfer sur l’intrigue principale de la saison 1 (Carrie a-t-elle raison au sujet de Brody ou est-elle complètement à la masse ?). Elle rentre dans le vif du sujet rapidement et préfère explorer la relation qui unit la pugnace héroïne et le soldat aux lèvres pincées. Une romance est confirmée, et c’est la famille de Brody qui trinque. Et c’est là que le bas blesse. Si la micro intrigue autour de Jessica, la femme de Brody, est bien menée, c’est celle, plus envahissante, centrée sur la fille de ce dernier, qui gêne un peu plus. Sans trop que l’on sache comment, Dana Brody se transforme subitement en version 2.0 de la fille à Jack Bauer et accumule les emmerdes. Des ennuies qu’elle attire comme un aimant, aux dommages collatéraux importants pour Brody, mais curieusement assez handicapants pour le rythme de la série. Régulièrement, la fille de Brody se plaint, joue à l’ado rebelle puis à la victime concernée, tandis que les scénaristes tentent de rendre ses déambulations pré-pubères aussi primordiales que la trame principale. Sans trop de succès, et c’est dommage. Impuissant, le spectateur est alors condamné à subir les tourments existentiels d’une ado pas franchement sympathique ni attachante, avant de pouvoir revenir à l’essentiel.
Sans aucun doute, là est le talon d’Achille de la saison 2 d’Homeland (le sketch du Saturday Night Live est d’ailleurs vivement conseillé, tant il capte ce petit travers avec une pertinence toute particulière).
Dommage donc qu’en voulant épaissir son propos et ainsi s’intéresser de plus près à certains personnages qui n’en méritaient pas tant, que le show dilue une tension par ailleurs toujours aussi efficace.

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Mais pas de quoi bouder son plaisir, car à côté, ça envoie ! Jusqu’alors basé sur un suspense solide focalisé sur les luttes intestines et les divers complots, Homeland passe désormais à l’action. Et qui dit action, complot gouvernemental, faux-semblants et terrorisme, dit bien sûr 24 Heures Chrono ! LA référence vers qui Homeland se tourne alors que beaucoup affirmaient jusqu’ici que la vrai force de la série était justement de se démarquer de 24, tout en abordant plus ou moins les mêmes thématiques. Immanquablement, il semblerait qu’un consensus juge ce rapprochement regrettable, alors que déjà, dans son premier acte, Homeland partageait avec 24 de nombreux points communs (à ce propos, la lecture de notre critique de la saison 1 est vivement conseillée). Maintenant, c’est certain, et ce dès le premier épisode, Homeland sort l’artillerie et fait parler la poudre. Carrie va sur le terrain et prend directement part à l’action. Plus musclée et donc moins viscérale, la nouvelle saison lorgne sur 24 sans pourtant perdre de vue son objectif principal. Certains trouveront cette nouvelle direction regrettable et d’autres non.
En tout cas, une chose est sure : dans cette course contre la montre, les acteurs restent impeccables. Claire Danes tout particulièrement, affiche une fougue impressionnante. Elle se donne sans retenue sur bien des plans sans se laisser démonter et sans trop en faire non plus. Damian Lewis baisse les armes, joue avec les nuances et les masques et Mandy Patinkin (Saul) est toujours plus touchant.

Homeland n’a pas peur d’avancer et c’est bien. Les questions sont là, mais le rythme s’accélère et oui ça ressemble à 24. À vous de voir si c’est un défaut ou une qualité, puisque dans cette frénésie, l’identité de la série reste intacte. De quoi rester scotché devant l’écran, jusqu’au dénouement, plein de promesses, car ouvert sur une multitude de possibilités. Homeland ne cesse de se mettre en danger en se posant elle-même des défis. Des défis qu’elle ne relève pas toujours avec une grande subtilité, sur lesquels elle trébuche, mais qui ne stoppent pas la machine.

@ Gilles Rolland

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Crédits photos : Showtime


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