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Novocaine for the soul

Publié le 08 juin 2013 par Euphonies @euphoniesleblog

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Deerhunter - Monomania

Crade. Cet album est crade. superbement crade. Et que c'est bon de noyer son envie d'impureté dans un joyau brut de saletés. Deerhunter a sorti il y a quelques semaines sa magnifique dernière décharge sonore pleine de bruit et de fureur et ça fait du bien aux mauvaises humeurs.

Je n'ai ni master en psychologie ni en musicologie,  mais je suis sûr d'une chose : toute proposition artistique rugueuse, née dans la douleur ou créée pour perturber, peut rendre heureux. Ou tout du moins, panser les plaies. Non, jamais La queue-leu-leu de Bézu n'a pu sauver un dépressif en phase terminale de désespoir. C'est plutôt le contraire : J'ai vu des cyclothymiques se résignant à la tristesse définitive à cause de ça. Le bonheur, quand il est mis en musique, c'est parfois insupportable. On ne demande pas à Mark. "E." Everett d'animer le bal du camping. Si vous ne me croyez pas, faites l'expérience : prenez un angoissé à tendance suicidaire et faites-lui écouter Francky Vincent. S'il ne s'ouvre pas les veines dans la minute, offrez-lui un bon Antony & The Johnsons ou un Joy Division. Vous aurez sauver une vie, pour quelques mois au moins.

La musique est rarement un remède, c'est plutôt un pansement qui collera toujours mieux selon l'adéquation d'humeurs. Et Deerhunter vient de me trouver : jamais pathétique, lyrique juste ce qu'il faut, Monomania est un médicament parfait pour les petits doutes, les grandes hésitations. Une vraie invitation à l'imperfection, à l'introspection, à l'analyse des ratés sublimés en musique, forme et fond. Rares sont les groupes capables de se renouveler à ce point d'insanité contrôlée, sans jamais verser dans la caricature ou l'excès. Monomania, grâce à douze titres d'une égale saveur aigre-douce, jouant sur le diable dans le détail, l'écart pervers toujours accepté, saura rassurer les orphelins d'une musique crade, parfois certes, mais souvent sublime, saturée et discordante juste ce qu'il faut, pour nous convaincre que la beauté peut naitre du chaos et de la marge.

En espérant que Monomania saura trouver ses malheureux. Moi j'en suis.



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