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Trilogie de la Mort : Awakening - Aftermath - Genesis (Nacho Cerda, 1990, 1994 et 1998)

Par Doorama
3 courts métrages fantastiques sur la mort de Nacho Cerda. The Awakening : un jeune homme évolue seul dans un monde où le temps s'est arrêté... Aftermath : Dans un hôpital, se pratiquent des autopsies sur les corps sans vie. Le praticien va se livrer à des actes nécrophiles sur les corps. Genesis : un sculpteur termine la statue de sa femme défunte, elle prendra vie, alors que lui se figera...
Avant d'être le réalisateur du sympathique, mais limité, Abandonnée, Nacho Cerda avait réalisé trois courts métrages sur le thème de la mort. The Awakening est une courte oeuvre de fin d'études cinématographique, Aftermath et Genesis sont quant à elles bien plus abouties et bien plus ambitieuses. Les 3 objets se voient comme trois étapes d'un cercle, avec l'instant de la mort, le corps après la mort et le retour à la vie. Ils témoignaient de ce renouveau du cinéma fantastique de genre, et si The Awakening et Genesis restent dans les clous, c'est Aftermath qui marquera et choquera définitivement les esprits... Courts métrages, labos des cinéastes...
Avec son petit côté étudiant fauché, The Awakening témoigne déjà de l'attirance de Nacho Cerda pour le fantastique. Un petit coté Lynch, presque expérimental, et c'est une idée joliment mise en scène (un jeune homme se "réveille" pour assister à sa propre mort) qui s'offre à nous, mais dans un même temps assez anecdotique. Le gros de ce programme, c'est bien évidement Aftermath et Genesis. Passons directement au 3ème court, Genesis, qui s'il traite d'une jolie manière la question de la mort et de la renaissance, prend une véritable consistance avec son approche de la création. C'est l'art de donner vie, quitte à se vider de la sienne, dont il est question, et les thèmes qu'il traite forment une très belle réflexion sur la création artistique (sur l'art en général !), dans une forme particulièrement soignée. Beau et poétique, plutôt fin, Genesis est le court "normal" de ce programme...
Mais le gros du programme, c'est forcément Aftermath, et pas simplement parce qu'il va extrêmement loin visuellement. C'est par son courageux toupet et sa radicalité presque obscène qu'il retient - FORCEMENT - l'attention. Le spectateur assiste à une autopsie, minutieuse, exposée, sans pudeur ni respect pour ces corps nus et malmenés, mais Nacho Cerda pousse la violation du corps jusqu'à l'acte nécrophile. Loin de n'être qu'une simple provocation, Nacho Cerda parvient à faire passer des thématiques très fortes sur le corps et son "intimité" avec la mort. Il malmène le "R.I.P." (Rest In Peace) des pierres tombales anglo-saxonnes pour venir installer une idée du corps asservi à la mort... et aux déviances sexuelles du praticien ! L'expérience, extrême, laissera les spectateurs fort ébranlés par le cocktail contradictoire de réflexion pure (car oui, il y en a... et l'on cogite beaucoup sur cet Aftermath...) et de visions presque gores, "intellectuellement" pornographiques. Aftermath va très loin... il aborde le tabou de la nécrophilie pour mieux aborder le sujet de la mort et du devenir de notre corps, comme si la véritable question était encore de savoir où se loge l'âme...
Pour qui aime se plonger dans le langage du court métrage, ces 3 perles noires sauront démontrer le talent certain de leur auteur à emmener le spectateur sur des terrains accidentés. The Awakening restera sans doute anecdotique, mais laisse apparaître une maîtrise naissante presque touchante... Maîtrise que Nacho Cerda démontrera brillamment dans les 2 courts suivants... Bien sûr que Aftermath marque les esprits par sa force visuelle et son sujet particulièrement délicat, mais une chose nous apparaît pourtant clairement à la rédaction : Nacho Cerda va au-delà des images pour aborder d'une bien intrigante manière des sujets rares, et qui plus avec une vraie réflexion. Dommage que le long métrage suivit cette impressionnante montée en puissante, Abandonnée, n'ait pas confirmé cette capacité à frapper fort ! Sans être inoubliable non plus, cette trilogie mérite indéniablement que les moins sensibles d'entre vous la découvrent. Quand aux spectateurs moins "déviants", Genesis suffira, et servira aisément de démonstration au talent de réalisateur que ces quelques lignes prêtent à Nacho Cerda... un réalisateur à retenir (pour l'instant) pour ces 2 oeuvres que sont Genesis et Aftermath !
Trilogie de la Mort : Awakening - Aftermath - Genesis (Nacho Cerda, 1990, 1994 et 1998)

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