Le genre : chef d’œuvre
L’auteur : Sofi Oksanen est née en Finlande en 1977, d’une mère estonienne et d’un père finlandais. Son troisième roman , Purge, est un best-seller dans le Nord de l’Europe où il a obtenu tous les prix littéraires avant de conquérir le cœur d’une trentaine de pays, dont la France où il a été récompensé par le prix Femina Etranger 2010.
Le Résumé : En 1992, l’union soviétique s’effondre et la population estonienne fête le départ des Russes.
Mais la vieille Aliide, elle, redoute les pillages et vit terrée dans sa maison, au fin fond des campagnes.
Ainsi, lorsqu’elle trouve Zara dans son jardin, une jeune femme qui semble en grande détresse, elle hésite à lui ouvrir sa porte.
Ces deux femmes vont faire connaissance, et un lourd secret de famille va se révéler, en lien avec le passé de l’occupation soviétique et l’amour qu’Aliide a ressenti pour Hans, un résistant.
La vieille dame va alors décider de protéger Zara jusqu’au bout, quel qu’en soit le prix.
Mon avis : Ouahhh ! C’est dur, c’est très dur, insoutenable parfois et l’écriture est âpre voire ardue, violente et souvent très crue. Mais quel livre ! le mot chef d’œuvre n’est absolument pas usurpé et si on ne doit lire qu’un roman dans l’année c’est bien celui-là. Peut on vivre en pays occupé sans collaborer ? Comment peut on vivre avec le souvenir de nos compromissions ? Peut-il exister un espoir de résilience ? Où est la frontière entre amour-passion et folie destructrice ? L’histoire qu’on ne peut trop décrire sans en dévoiler les secrets se déroule sur fond d’Histoire, celle de l’occupation de l’Estonie par les nazis puis par l’URSS. Mais ce n’est pas un roman historique, c’est l’histoire d’une famille ravagée, par la guerre, par un amour à sens unique conduisant à la folie, par la répétition des terribles schémas familiaux. Les femmes sont les principaux –sinon les seuls- protagonistes, terriblement complexes, courageuses et lâches, fières et soumises, aimantes et haineuses alors que les hommes ont des personnalités beaucoup plus primaires, sont plutôt absents ou, quand ils sont présents, lâches, brutaux, arrogants et violents. C’est noir, très noir. C’est beau, très beau. On en sort le souffle coupé mais avec la sensation d’avoir vécu un moment rare.
Infos pratiques : Editions Stock, 2010, 21,50