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Les couleurs de Virginie, par Virginie Tanguay…

Publié le 10 juin 2013 par Chatquilouche @chatquilouche

   Les couleurs de Virginie, par Virginie Tanguay…   Au cours des années 1920, on inaugura une centrale hydroélectrique sur la rivière Grande-Décharge.   Bien que le projet en soi fût prometteur,  l’inquiétude gagna les habitants  — ils craignaient le caractère imprévisible des forces naturelles.

   Cet été-là, le ciel n’en finissait plus de pleurer. Ses larmes haussèrent le niveau du lac Saint-Jean jusqu’à submerger à jamais une grande partie du rivage.  Les barrages entrèrent en opération avant même que les citoyens fussent tous expropriés. Telle une grande crue du printemps, sous le soleil estival, le lac engloutit plusieurs centaines d’hectares de terre cultivable. La désolation régnait. Les maisons étaient inondées, les quais démolis et des richesses naturelles inestimables avaient disparu. Le village de Saint-Jérôme (Métabetchouan) hébergeait la plus  riche forêt d’ormes d’Amérique, qui maintenant n’est plus.

   Quelques années plus tard, la fonte des neiges saturait les sols, et les pluies abondantes, qui n’avaient cessé depuis des jours, se transformèrent en déluge. Les rues s’emplissaient  de ces eaux devenues impures. Les cris de joie des enfants  cédaient  la place au silence. Les femmes s’enfermaient dans leur demeure et priaient. À Roberval, le boulevard Saint-Joseph était recouvert de pitounes qui flottaient. On devait remorquer les autos à l’aide de chevaux de trait. Une odeur de terreau, d’humus régnait.

   Certains bâtiments ont été isolés de la ville. Ce fut le cas de l’Hôtel Dieu Saint-Michel. Les médecins devaient se rendent au travail en chaloupe, le stéthoscope autour du cou. L’hôpital fourmillait de sœurs Augustines qui, ayant prononcées le vœu de prendre soin des pauvres et des malades, cherchaient les bons mots pour expliquer les circonstances aux patients.

   Certaines d’entre elle, qui devaient quitter l’hôpital pour diverses raisons, gagnaient la terre ferme à bord d’un canot. Sœur Pierrette  guidait l’embarcation avec facilité. Son costume de religieuse, très ample, ne nuisait en rien à la bonne manœuvre de l’aviron.

   La compagnie Alcan  décida d’ouvrir les vannes du barrage à la Grande-Décharge. Après des jours de tourmentes, comme par enchantement, la pluie cessa. Un pied-de-vent perça les nuages et s’estompa sur les eaux qui se retiraient. La « tragédie du Lac Saint-Jean » prenait fin.

   Notice biographique de Virginie Tanguay

Les couleurs de Virginie, par Virginie Tanguay…
Virginie Tanguay vit à Roberval, à proximité du lac Saint-Jean.  Elle peint depuis une vingtaine d’années.  Elle est près de la nature, de tout ce qui est vivant et elle est très à l’écoute de ses émotions qu’elle sait nous transmettre par les couleurs et les formes.  Elle a une prédilection pour l’aquarelle qui lui permet d’exprimer la douceur et la transparence, tout en demeurant énergique.  Rendre l’ambiance d’un lieu dans toute sa pureté est son objectif.  Ses œuvres laissent une grande place à la réflexion.  Les détails sont suggérés.  Son but est de faire rêver l’observateur, de le transporter dans un monde de vivacité et de fraîcheur, et elle l’atteint bien.  Elle est aussi chroniqueuse régulière au Chat Qui Louche.

Pour ceux qui veulent en voir ou en savoir davantage, son adresse courrielle :  [email protected] et son blogue : virginietanguayaquarelle.space-blogs.com.  Vous pouvez vous procurer des œuvres originales, des reproductions, des œuvres sur commande, des cartes postales.

(Une invitation à visiter le jumeau du Chat Qui Louche :https://maykan2.wordpress.com/)

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