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Iván Navarro : Albers plus l’électricité

Publié le 02 mai 2013 par Pantalaskas @chapeau_noir

II sera dit que rien n’aura résisté cette année à la vague lumino-cinétique à Paris. La  galerie Daniel Templon  cède à son tour à l’irrésistible déferlement et présente Iván Navarro. Artiste Chilien né en 1972 à Santiago, Iván Navarro a grandi sous la dictature de Pinochet. Il est installé depuis 1997 aux Etats-Unis.

Iván Navarro : Albers plus l’électricité

Murio La Verdad 2013 Ivan Navarro

Hommage au carré

« Les fenêtres-tableaux lumineux d’Iván Navarro, échos aux Hommage to the Square d’Albers, soumettent les carrés démultipliés à l’infini à un clignotement programmatique implacable. Des mots se détachent sur chacune des compositions : Amarga presencia (Présence amère), No llegan a tiempo (Ils n’arrivent pas à temps)… »

Enjeu politique ?

Iván Navarro  reprend les boites à lumière programmées que Grégorio Vardanega créait il y a un demi-siècle. A l’époque, Vardanega s’intéressait au jeu à la fois lumineux et sonore pour ses créations dans une recherche plastique qui prolongeait celles du groupe Arte Concreto-Invencion dont il était membre en Argentine avant d'arriver en France. Iván Navarro a pour ambition de reprendre les formes d’Albers pour mettre en jeu une réflexion et un engagement qui dépasse le simple jeu optique.
On connait l'itinéraire mouvementé d'Albers qui émigre aux États-Unis après la fermeture du Bauhaus en 1933 par les nazis et enseigne au Black Mountain College jusqu'en 1949. Après son départ pour les Etats Unis il s’intéresse aux effets psychiques qu'engendre l’interaction de deux couleurs voisines. Cette recherche fondamentale n'a pas de frontières ni de régime politique. Quand bien même Albers et son épouse ont souffert du nazisme au point de devoir fuir l'Allemage, ce n'est pas une approche politique qui surgit dans l' oeuvre de l'ancien directeur du Bauhaus.

C'est en cela que la démarche d' Iván Navarro tranche singulièrement dans cet hommage à Albers par une volonté d'inclure dans l'oeuvre  un paramètre politique marqué. Avec leur programmation, leur animation, les carrés lumineux d'Iván Navarro induisent, en effet, un espace peut-être infini pouvant renvoyer à des notions d'enfermement, de contrainte.

Iván Navarro : Albers plus l’électricité

Untitled (Twin Towers) Ivan Navarro

Twin Towers

Par ailleurs,  reprenant les mêmes formes minimales, une autre oeuvre lumineuse évoque les tours jumelles de New York. Les néons reflétés recréent en profondeur dans le sol la hauteur de ces gratte-ciels, effet que l'artiste revendique comme «un anti-monument au pouvoir économique des Etats-Unis, chargé de son propre trauma social ».
Au regard de l'ensemble du mouvement lumino-cinétique tel qu'il est remis en lumière dans l'exposition DYNAMO au Grand Palais ou l'exposition Le Parc au Palais de Tokyo à Paris, c'est cette ambition politique qui tranche. Les artistes historiques de ce mouvement, héritiers de l'art construit et de l'art concret se situaient dans une recherche plastique . Et lorsque Julio Le Parc, pour sa part,   s'est engagé dans une démarche politique et militante, il eut recours à d'autres moyens que les outils lumino-cinétiques.

Photos:Galerie Daniel Templon

Ivan Navarro
Where is the next war ?
25 avril - 1 er juin 2013
Galerie Daniel Templon
30 rue Beaubourg
75003 Paris


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