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Peau de vache

Publié le 13 juin 2013 par Pimprenelle2

J’ai lu un jour que la noblesse anglaise n’aimant pas les vêtements neufs, les tweeds raides, les faisaient porter par leur domesticité afin de les assouplir, de ne pas faire nouveau riche.

Moi, la nouvelle pauvre la désargentée, la déclassée (j’aime bien me la jouer Cossette, à condition que le Ténardier garde ses distances), la méridionale revendiquée assumée, je me reconnais bien dans cette vision de l’élégance.
Et puis quoi, en y réfléchissant, il est possible que nos amis britanniques aient pu nous occuper, nous envahir, hors le mois d’août et du Luberon, et que coulent dans mes veines le sang de la perfide albion.

Admettons.

Mais James m’a donné son congés, que voulez-vous le personnel ce n’est plus ce que c’était, l’esclavage à été aboli, me faut tout faire, toute seule.

Car moi ma passion ce sont les sacs, les sacs, bien que mes critères de choix soient drastiques, j’ai le plus grand mal à résister, je ne les aime pas vraiment à la sortie du magasin, auquels ils continuent à appartenir, ne sont pas encore miens.

Alors je les bichonne, les cire, les lustre, les patine, les rend différents. Mais ce n’est pas suffisant, je ne sais pas trop, ce n’est pas encore ça.

Jusqu’au jour où, fatalement à tous cela arrive, je les griffe, les blesse, les scarifie … Et je suis triste, j’ai abîmé mon beau cadeau, mon précieux. Je les cire, les lustre, les patine, pour faire disparaître la cicatrice. Elle s’atténue, mais jamais ne disparaît. Et là j’aime, enfin, unique, enfin différent, il est mon grand blessé, dont la balafre me rappelle une histoire intime qui nous est commune, dont nous sommes les seuls dépositaires du secret.

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