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Titanic : l’exposition, c’est à Paris ; l’exposé, c’est par ici !

Par Aurealisations

Titanic Exposition

Pour mon anniversaire, mes amis ont voulu se débarrasser de moi pendant toute une après-midi et pour ce faire, ils ont trouvé une occasion en or : l’exposition Titanic qui a installé ses malles remplies de vestiges sous-marins à Paris pour l’été. Malgré les nombreuses possibilités de dates sur 3 mois, ils avaient tous aqua-poney/le déménagement d’une arrière grand-tantine à Amiens/un cours de canvas argentin et ne pouvaient, à leur grand regret vraiment, m’accompagner. A que cela ne tienne, je m’y suis rendue seule, mon quota de contentement dépassant largement leur désintérêt.

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Donc me voici rendue à l’exposition Titanic où je m’appelais officiellement Carine R. et où, dès la file d’attente, deux vieilles biques ont essayé de me gruger ma place. C’était mal me connaître. Faire semblant de lire les panneaux sur le côté pour grappiller des places et mettre ça sur le compte d’une déficience cérébrale précoce n’excuse pas le savoir-vivre et la politesse. Encore, si on m’avait demandé…

Il y a beaucoup de monde et même mon billet coupe-file n’y change pas grand chose. Moi qui n’aime pas spécialement la foule, je me retrouve au milieu d’un panel de personnes qui s’appuient sur les vitrines, d’enfants qui courent partout, de parents qui forcent presque leur progéniture à vouloir acheter quelque chose à la boutique en se ravisant aussi sec « Y’a pas marqué la Poste sur mon compte en banque ! » (Excusez-moi, j’ai pensé le contraire pendant deux minutes).

J’entends ici et là des personnes autour de moi mentionner qu’ils ont vu le film, que c’était bien… effectivement. QUOI ? MAIS COMMENT CA ? QU’ENTENDS-JE ?? « le film »,  « c’était bien » ??? Mais c’est la raison même de ma venue « ce » film. ZE MOVIE ! ZE START OF ALL THIS ! Celui qui a su rendre sur toile les lettres de magnificence de ce géant mythique à l’aura fantomatique dans le silence assourdissant des abysses ! (respiration).

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Au milieu de tout cette agitation, je me faisais quand même une petite réflexion : les visites historiques ne sont bien souvent pas les visites les plus heureuses. Soyons objectifs : visiter la Conciergerie (une ancienne prison), les catacombes (un cimetière) ainsi que des expos sur la guerre et sur un naufrage, ce n’est pas précisément rendre hommage à ce que l’Homme a connu/fait de mieux. Au delà du devoir de mémoire que je plébiscite hautement (car celui qui oublie le passé est condamné à le répéter), l’évidence même est parfois à rappeler : tous ces pans de l’histoire sont bel et bien remplis de tragédies.

Tout comme au Château de Versailles, nous oublions rapidement que des centaines d’hommes ont œuvré pour et pendant l’apogée de ces géants de conception pour ne nous concentrer bien souvent que sur le faste et la magnificence du résultat final. Et c’est par là que je commencerai cet article. Les oubliés. Si vous tiquiez déjà  en constatant que les probabilités de survie augmentaient de la 3e à la 1e classe (mais que le saviez déjà pertinemment), attendez donc de découvrir les statistiques de survie des membres de l’équipage. Il fallait bien que quelqu’un ferme les vannes des portes étanches pour essayer de maintenir le bateau à flot le plus longtemps possible. Hommage.

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Quelques chiffres : 2228 personnes à bord, 1523 victimes. Nombre de victimes en première classe : 125/ 324, en deuxième classe : 168/284, en troisième classe : 529/710 et enfin, dans les membres de l’équipage : 701/910. Le tableau ci-dessous vaut mieux que tous les calculs.

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Encore un peu de maths : le Titanic consommait 1,4 kg de charbon par mètre parcouru, sachant que le navire parcourait 20m à la seconde… soit 850 tonnes de charbon par jour. Le voyage devait durer 7 jours. Niveau longueur, il égalait la hauteur de la tour Eiffel. Enfin, niveau prix, les premières classes (principalement des aristocrates, des magnats de l’industrie et des artistes célèbres) avaient déboursé environ 2 500 dollars pour une suite (soit 57 000 dollars actuels). Les deuxièmes classes (hommes d’affaires et familles parties vers le nouveau Monde) avaient rassemblé 75 dollars (soit 1800 dollars aujourd’hui) pour le voyage. Enfin, les troisièmes classes (modestes âmes en quête de liberté ou d’une nouvelle vie) ont dû trouver 40 dollars (soit 900 dollars de nos jours). En bref, vous ne faites pas le poids.

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Parmi les superbes décors de cette exposition, on retrouve la reconstitution d’un couloir desservant les suites, d’un salon de thé de luxe, d’une chambrée de troisième classe et d’une suite de première classe. Puis, nous passons aux objets récupérés  des fonds marins. Les objets exposés ici ont été récoltés autour de l’épave. Personne ne retire des vestiges au cœur de la coque.

Attention mesdames, le fer à friser de l’époque…

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Au milieu des télégraphes (si, si, cette borne surmontée d’un cadran qui permettait de transmettre les informations de vitesse de la salle du commandant de bord aux salles des machines) et des effets personnels des voyageurs,  la création d’un iceberg artificiel permet aux visiteurs d’avoir un aperçu de la température des eaux de cette nuit-là en Atlantique Nord.  Posez la main dessus, vous avez l’impression de toucher une simple plaque de glace sortie de votre freezer. Restez quelques secondes de plus et votre paume commence à picoter plus que sévèrement. Retirez votre main, elle vous brûlera encore une bonne dizaine de secondes. Face à cette nature, vous ne valez pas mieux qu’une fourmi prise au piège d’un fond de verre de vodka glacée. Vous n’arriverez pas à faire fondre un millimètre de ce gros glaçon de par la chaleur que vous générez. Le misérable organisme vivant doté d’une conscience que vous êtes devient incapable de se réchauffer. Et c’est bien ce qui a tué la plupart des victimes.

Warnings ice

Ce géant d’acier repose maintenant par 3 8000 m de fond et se fait dévorer sur place par des millions de bactéries qui avalent chaque jour des centaines de kilos de métal sous une pression de 2 700 kg par centimètre carré. D’ici une quarantaine d’années, l’épave du vaisseau redeviendra poussière (ou corail) grâce à un système naturel "de recyclage" dans la lueur fantasmagorique des profondeurs marines.

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Dans le contexte de l’époque, on comprend bien qu’en plus de la tragédie humaine que fut ce naufrage, le choc de la technologie industrielle contre la puissance de la nature, fut fatal au premier. Beaucoup s’étonnèrent que l’environnement puisse balayer d’une main une telle construction. Mais quoique l’homme fasse, Dame nature a ses droits, d’une façon ou d’une autre. Elle est reine.

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