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La Poursuite Impitoyable

Publié le 14 juin 2013 par Tempscritiques @tournezcoupez

La télévision française pose problème. Chaque semaine, le spectateur subit des rediffusions en masse. Sans compter le nombre de séries Z avec Steven Seagal qui affluent, destinées à abrutir complètement le public. A côté de ça, des pépites comme La Poursuite Impitoyable se font de plus en plus rare sur le petit écran. Peut-être un jour, une diffusion sur Arte, chaîne culturelle qui n’oublie pas que le spectateur possède tout de même quelques neurones ?

LaPoursuiteImpitoyable

Marlon Brando aux côtés du jeune Robert Redford

Trêve de sarcasmes, venons-en aux faits : La Poursuite Impitoyable, son scénario, ses acteurs, sa musique, sa mise en scène, et surtout son atmosphère ! Par où commencer avant de se lancer dans de multiples éloges ? Car le film d’Arthur Penn (son quatrième long, pour être précis) regorge de trouvailles et de thèmes. La folie du monde, les contrastes sociaux, l’éducation de la marmaille, l’intolérance raciale, les inégalités de justice. Nous pourrions continuer dans une « impitoyable poursuite » de thèmes touchés, de près ou de loin, par l’œuvre : l’énumération en serait interminable ! Penn pose donc sa caméra dans le sud des Etats-Unis, plus exactement dans une ville du Texas, contrôlée par le riche Val Rogers (E.G. Marshall). Le cinéaste y dépeint certains citadins, sculptant minutieusement chaque personnalité, différente pourtant, mais pour chacune abjecte. Au milieu d’eux, un shérif honnête, une sorte d’ange aux ailes blanches et sans tâches, un justicier droit, presque un super-héros, incarné par l’irréprochable et imposant Marlon Brando. Lorsqu’un certain Bubber Reeves (Roberd Redford à l’aube de sa carrière) s’évade d’un proche pénitencier, les habitants, sont sur leurs gardes. Après une longue nuit rythmée par l’alcool, le sexe et la violence (sans compter l’inoubliable partition de John Barry), la traque commence. La Poursuite Impitoyable devient donc une sorte de Cluedo géant, dans lequel on cherche un éventuel criminel, avant-même que celui-ci n’ai commis son délit. Chaque personnage suit un stéréotype, conférant au film non pas un aspect banal, mais une atmosphère burlesque, malsaine, et dérangeante. Le réalisateur construit donc admirablement son film, approchant, avec une tension graduelle, la descente aux enfers progressive de toute une ville. Avec ça, il y a des airs felliniens dans la mise en scène d’Arthur Penn, qui filme les scènes de beuverie avec une liberté euphorisante. L’atmosphère créée vous enivre, vous étouffe, vous glace, jusqu’à provoquer le choc et le malaise. Derrière ce classique se cache au moins deux choses : du savoir-faire, et un cerveau. Magistral !


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