Magazine Beaux Arts

Les huissiers de Guernica

Publié le 14 juin 2013 par Pantalaskas @chapeau_noir

En janvier 1937, le gouvernement espagnol républicain de Francisco Largo Caballero demande  à Pablo Picasso de réaliser une peinture murale pour le pavillon espagnol de l'  exposition Internationale de Paris de 1937. Picasso hésite mais le bombardement de la ville basque espagnole de Guernica le lundi 26 avril 1937 par les avions de la Légion Condor allemande nazie et ceux de l'aviation Légionnaire italienne fasciste emporte sa décision : il va faire sa guerre contre la dictature espagnole et exprimer, à travers une fresque, toute l'horreur que lui inspire ce massacre.

Les huissiers de Guernica

Picasso peint Guernica photo de Dora Maar

L'atelier de Guernica

La réalisation commence vers le 11 mai et se termine début juin 1937 dans son atelier du 7 rue des Grands-Augustins à Paris. Dora Maar, photographe, peintre et amante de Picasso,  allait assister le peintre dans sa dénonciation du massacre de Guernica et réaliser le premier reportage photographique sur l'oeuvre en cours d'exécution.

Lieu de mémoire

De plus ce lieu de mémoire n’abrite pas seulement le souvenir de cet acte de résistance du peintre à la dictature espagnole.  Pour l'époque contemporaine, c’est ici que Jean-Louis Barrault installa sa compagnie théâtrale, que le groupe Octobre de Jacques Prévert fut hébergé, que se sont tenus des conférences du mouvement " Contre-attaque "

Les huissiers de Guernica

Le grenier de l'Hôtel de Savoie à Paris.

Aujourd’hui l'hôtel de Savoie où se trouve le grenier dans lequel Picasso a peint "Guernica" appartient collectivement depuis 1925 à l'ensemble des huissiers de Paris et de la Petite-Couronne. Déjà cette chambre des huissiers de justice de Paris en avait expulsé le peintre en 1966, « au beau milieu de la rétrospective du Grand Palais pour ses quatre-vingt-cinq ans », rapportait Pierre Daix dans Le Nouveau Dictionnaire Picasso (édition Robert Laffont). Le Comité National pour l'Education Artistique occupe à titre gracieux le grenier, au dernier étage, après avoir rénové à ses frais en 2002 cet espace laissé à l'abandon pendant des années. Le CNEA déclare avoir organisé au Grenier depuis 2002 plus de sept cents concerts, expositions, lectures et ateliers pédagogiques, sur invitation, à un large public.

« Mais le président de la Chambre des huissiers de justice de Paris a décidé de vendre l'immeuble dans sa totalité. Il a introduit une action en référé devant le Tribunal de Grande Instance de Paris "pour expulser le CNEA et fermer le grenier", déclare à l'AFP Alain Casabona, délégué général de l'association. L'audience est prévue le 19 juin. »

Les huissiers de Guernica
Mobilisation

Devant ce danger de voir disparaître un lieu d'une mémoire collective, pas seulement française mais mondiale, le CNEA vient de constituer un comité de soutien, animé par le photographe Lucien Clergue, l'actrice Charlotte Rampling et le violoniste Didier Lockwood. Jacques Delors, Michèle Cotta, Jean Daniel, Jean-Noël Jeanneney, André Bercoff, Marie-Christine Barrault, François Morel, Jean-Pierre Mocky, Patrick Poivre d'Arvor entre autres ont déjà répondu à l'appel.
Sur la sollicitation du président de l'Académie des Beaux-Arts Lucien Clergue, la ministre de la Culture Aurélie Filippetti a été chargée d'étudier en urgence ce problème. Si une grande partie de l'Hôtel de Savoie est déjà classée, ce n'est pas le cas du grenier.
L'indifférence serait le plus grand danger pouvant mettre en péril la pérennité de ce lieu historique. Les réponses sont entre les mains des hommes et des femmes de justice et les politiques. Il n'est pas interdit à chacun de nous d'exprimer sa vigilance.

Photo Dora Maar  source: http://arte.archivoros.com/monografico-sobre-el-guernica-de-pablo-picasso

Envoyez votre soutien par mail  à[email protected]


Retour à La Une de Logo Paperblog

A propos de l’auteur


Pantalaskas 3071 partages Voir son profil
Voir son blog