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[Critique] MAN OF STEEL

Par Onrembobine @OnRembobinefr
[Critique] MAN OF STEEL

Titre original : Man of Steel

Note:

★
★
★
★
☆

Origine : États-Unis
Réalisateur : Zack Snyder
Distribution : Henry Cavill, Amy Adams, Michael Shannon, Kevin Costner, Russell Crowe, Diane Lane, Laurence Fishburne, Antje Traue, Harry J. Lennix, Richard Schiff, Christopher Meloni, Ayelet Zurer, Dylan Sprayberry, Cooper Timberline…
Genre : Fantastique/Action/Science-Fiction/Drame/Adaptation
Date de sortie : 19 juin 2013

Le Pitch :
Aux confins de l’espace, la planète Krypton se meurt. Jor-El, un éminent scientifique décide d’envoyer, Kal-El, son nouveau-né, sur Terre avant la destruction totale. Recueilli par un couple de fermiers, Kal-El grandit sous le nom de Clark Kent. Prenant peu à peu conscience de sa condition si particulière, Clark, devenu adulte, entame un périple afin de comprendre d’où il vient, pour enfin embrasser sa destinée et devenir le héros que le Monde réclame…

La Critique :
DC Comics accorde ses violons. Convaincu par le succès ahurissant de la trilogie The Dark Knight de Christopher Nolan qu’il fallait désormais embrasser une certaine gravité et ainsi laisser de côté le premier degré inhérent aux premiers films de super-héros (et ainsi une grande partie de l’humour un peu fantaisiste qui va souvent avec), les pontes du principal concurrent de Marvel ont décidé d’offrir un lifting à Superman, leur personnage le plus emblématique, avec Batman.
Une prise de décision que la mauvaise réception de Superman Returns de Bryan Singer a bien entendu précipité. Le mot d’ordre était donc de rembobiner totalement l’histoire de Superman et d’en faire un film qui pourrait initier une fresque en plusieurs épisodes s’intégrant dans le projet Justice League de DC Comics. Et histoire de tabler à fond les ballons sur le succès de The Dark Knight, DC est allé chercher Christopher Nolan, qui, faute de réaliser le long-métrage, le produit et en a développé l’intrigue avec David S. Goyer, force de frappe aux bras tatoués, responsable du script des trois volets de la trilogie The Dark Knight. On reste en famille, on canalise les idées et on embauche un petit nouveau à la réalisation. Zack Snyder déboule aux commandes d’un gros projet, après un suspens qui a vu défier certains grands noms de la mise en scène parmi lesquels Darren Aronofsky, Ben Affleck ou encore le regretté Tony Scott. Et Snyder de devoir faire ses preuves auprès des nombreux spectateurs qui ont souffert devant Sucker Punch et ainsi payer à l’Homme d’acier le retour en grâce tant attendu, à l’occasion de son 75ème anniversaire.

Le truc de bien avec Zack Snyder, c’est qu’il sait tenir une caméra. Un fait indéniable que même Sucker Punch n’a pas réussi a remettre en question puisque c’est surtout du côté du scénario que le film péchait salement. Un type avisé quand il s’agit de mettre en scène de gros déferlements d’action assaisonnés aux effets-spéciaux high-tech, de plus assez malléable pour laisser à son illustre producteur (Nolan donc), les coudées libre pour donner à Man of Steel la tonalité souhaité. Pour l’inscrire dans la lignée de The Dark Knight et donner le La des chantiers à venir. Pas question de se planter, à l’heure où Marvel, avec Avengers et Iron Man 3 pulvérise les records et bâti au cinéma, une mythologie qui, si elle est largement contestée, trouve néanmoins les faveurs d’un public grandissant.
Il fallait donc frapper très fort. Bonne nouvelle : Man of Steel frappe très fort. Précédé d’une promo qui apparaît aujourd’hui plus maligne qu’on aurait pu le penser, ne dévoilant pas grand chose de l’intrigue et conservant un bon lot de surprises que le fan se délectera de découvrir sur grand écran, Man of Steel est un grand blockbuster. Un vrai de vrai. De ceux qui explosent la rétine et qui laissent K.O pour le compte. Très en forme, super galvanisé par la puissance du héros dont il a la charge Zack Snyder livre un long-métrage ultra spectaculaire et ultra généreux en terme de morceaux de bravoures visuels. Mis à part avec Pacific Rim et Le Hobbit, il y a peu de chances que l’on voit quelque chose d’aussi (ou de plus) explosif cette année. Alors que la première bande-annonce laissait peut-être présager un film contemplatif, riche en métaphores un peu balourdes (le papillon pris dans les maillons d’une chaîne, le petit garçon et sa cape rouge en contre plongée, etc…), Man of Steel a de quoi assouvir les appétits les plus goulus en matière d’action. Porté par le charisme et le physique d’un Henry Cavill taillé pour le job, le blockbuster propose des affrontements, qu’ils soient terrestres ou aériens, absolument bluffants, à base de zooms sensationnels et brutaux, tout à fait justifiés dans la logique de travail du réalisateur. Lisible et percutante, la réalisation de Snyder iconise à elle-seule un personnage bigger than life. De quoi en prendre plein la poire pendant 2h20, à un rythme effréné. Ce qui n’est pas si fréquent finalement.

Derrière cette orgie d’effets, qui donnent toute sa substance visuelle à un héros ici tout à fait à la hauteur de sa réputation, une histoire se dessine. Il est question de l’itinéraire d’un être mis au banc d’une société qui n’est pas prête à le recevoir comme le sauveur qu’il se destine finalement à être aux yeux de tous. Une histoire qui se calque malheureusement sur celle de Bruce Wayne de Batman Begins, laissant entrevoir la main mise de Christopher Nolan sur certains éléments clés du scénario et sur son aspect sombre. Un producteur dont la présence est plus qu’à son tour détectable derrière les superbes entrechats de Snyder. Débridé dans la baston, Snyder se range donc du côté de Nolan et de Goyer quand les choses se posent. Dommage que le parcours de Clark Kent/Kal-El soit à peu près le même que celui du futur Batman. En outre, en optant pour un récit éclaté riche en flash-backs, le script ne parvient pas toujours à éviter des cassures de rythme gênantes. À force de désamorcer une tension parfois étonnamment palpable, à renfort de retours en arrière, par ailleurs tous très réussis, Goyer et Nolan ne servent pas toujours le film. Idem en ce qui concerne les ellipses. Un travers tout spécialement gênant lors du premier acte où, après avoir laissé la capsule d’un Superman bébé entrer dans l’atmosphère terrestre, on le retrouve adulte, sur un bateau de pêche. C’est vraiment regrettable car, comme signifié plus haut, ces flashs-backs apportent un vrai plus à l’histoire. Mettant souvent en scène Clark et son père, Jonathan, incarné avec une justesse absolue par un Kevin Costner admirable d’émotion, ces séquences construisent la psyché du futur Superman et nous permettent d’appréhender un personnage sensible, pétris de doutes et encore parfois maladroit dans l’utilisation de ses pouvoirs.

Débarrassé du trop plein d’allusions christiques (l’analogie reste quand même présente, c’est inévitable), Man of Steel est un film ambitieux. Un grand projet qui s’avère aussi parfois étrangement bancal. Pourquoi par exemple avoir autant négligé un personnage aussi crucial que Lois Lane, réduite ici à une fonction de « boulet » pas spécialement utile à l’histoire si ce n’est que c’est elle qui cristallise trop souvent l’attention du héros ? Campée par une Amy Adams parfaite, Lois Lane est de plus très mal introduite dans l’histoire, n’arrivant par la suite à jamais dépasser une simple condition de jeune femme en détresse malgré elle, mais pourtant pleine d’un bon sens utile au héros. Side-kick ? Amoureuse ? On ne sait pas trop et c’est dommage, surtout quand par contre, d’autres personnages, comme Jor-El, le père biologique de Superman, arrivent à se faire une place au soleil grâce notamment à l’interprétation sans faille d’un Russell Crowe parfait dans le rôle.

Porté par une volonté farouche d’imposer à nouveau le plus grand super-héros de tous les temps dans le cœur d’un public avide, Man of Steel jouit d’un savoir-faire assez incroyable. Car malgré tous ses petits défauts découlant d’étranges choix (pourquoi Superman est-il aussi bourrin quand il se bastonne avec Zod, provoquant de multiples destructions massives entraînant sans aucun doute quelques dommages collatéraux, alors qu’il est censé protéger la veuve et l’orphelin ?), le film compense en permanence. Grâce à son côté profondément jubilatoire et à une poignée de scènes super galvanisantes, Man of Steel gagne la partie avec éclat. Sachant être émouvant à plusieurs reprises, grâce (entre autres choses) à un Henry Cavill aussi à l’aise quel que soit le registre de la scène, le long-métrage de Zack Snyder est sans aucun doute plus spectaculaire et plus flamboyant que son prédécesseur, Superman Returns. Pas réellement plus émouvant, mais plus moderne et certainement propulsé par un lyrisme plus flagrant, quitte à trop en faire. Et enfin, car c’est primordial, Man of Steel peut compter sur un méchant en or massif. Machiavélique et impitoyable à souhait, le Zod du génial Michael Shannon est à lui seul un spectacle permanent. Il incarne le versant sombre du héros. Il est son antithèse parfaite. Pour le premier volet d’une saga suscitant autant d’espérances, on ne pouvait guère rêver mieux. Et quand vient le générique de fin, force est d’admettre qu’on a pris un pied d’enfer. Sans renier Superman de Richard Donner, ni même Superman Returns, on salue le travail d’équipe qui a permis au boss de DC Comics de revenir par la grande porte. Une porte qu’il enfonce littéralement…

@ Gilles Rolland

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Crédits photos : Warner Bros. France


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