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Qui a peur de Virginia Woolf ?

Publié le 19 juin 2013 par Tempscritiques @tournezcoupez

Célèbre pour ses querelles incessantes sur les plateaux de tournage, le mythique couple Elisabeth Taylor – Richard Burton est cette fois réunit à l’écran pour un concours de vacheries, dans le premier film de Mike Nichols : Qui a peur de Virginia Woolf. Qui sera le plus ignoble ?

par Terence Baelen, avec la participation d’Aurélie (@Luszzy)
George Segal et Elisabeth Taylor, éméchés, prisonniers d'un jeu cruel.

George Segal et Elisabeth Taylor, éméchés, prisonniers d’un jeu cruel.

Le mythe Taylor-Burton. Le célèbre couple, à l’image déjà électrique, pourrit ici davantage son image en l’espace de deux heures de film. Ils empestent l’alcool, manifestent la plus abjecte antipathie, et sont d’une infâme cruauté. C’est là qu’on parle à juste titre de « performance ». Car si à l’époque le couple était l’un des plus bankable d’Hollywood, et se faisait tout sage devant la caméra, il prend ici la liberté de vulgariser son image avec un brio indescriptible. Mais ce film, aussi cruel soit-il, regorge également de mélancolie, et abrite en lui une part cachée de douleur.
Qui a peur de Virginia Woolf

Elisabeth Taylor et Richard Burton. Qui aura la plus grande gueule ?

Pour son premier long-métrage (!), Mike Nichols mettait la barre au plus haut niveau, en narrant cette grande scène de ménage. Il confronte ainsi deux couples dans un face à face cruel. Un couple ayant passé la quarantaine, Martha et George (Elisabeth Taylor et Richard Burton), cachant leur secret, et un couple dans la force de l’âge, Honey et Nick (Sandy Dennis et George Segal), tendrement amoureux. De là, Nichols fait exploser les conventions, et joue tant avec les nerfs de ses personnages, qu’avec ceux de son public. Les couples sont ébranlés sans cesse, torturés vilement et vivement, dans une atmosphère des plus pesantes, à la limite du glauque ou de la morbidité. Le poids des mots a-t-il déjà eu une telle importance au cinéma ? Taylor et Burton parlent à coups d’épée, tentant à tour de rôle de s’anéantir mutuellement ; et au milieu, Dennis et Segal, meurtris par cet humour acide, ce massacre psychologique, et chaudement provoqués, cherchent à se protéger, eux, et leur intimité. C’est de là que se creusent davantage les failles du couple, qui à son tour, et peut-être involontairement, s’entaille et se déchire progressivement, entre de nombreux verres de whisky, de bourbon à l’eau ou de cognac. L’alcool, qui est un personnage clé du film de Nichols, semble découvrir graduellement l’honteuse infamie se cachant derrière chaque personnage, chaque être.

Qui a peur de Virginia WoolfDENNIS

Sandy Dennis

Elisabeth Taylor recevra, en 67, l’Oscar de la meilleure actrice. Sandy Dennis, celui du meilleur second rôle féminin. Rien pour Nichols, dont le scénario avait pourtant l’étoffe pour prétendre à un prix. Les scènes de ménage n’ont peut-être pas leur place au centre du soi-disant « chic » hollywoodien.

Un extrait du film  (5 minutes):  Martha et George (Taylor-Burton) s’apprêtent à recevoir Honey et Nick (Dennis-Segal). Le face à face est sur le point de commencer. Ce n’est qu’un début.


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