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[Portrait d'Innovateur] Rand Hindi entend faire de la ville un algorithme

Publié le 19 juin 2013 par Pnordey @latelier

L'innovateur du mois est un data scientist. Fi du cliché du professeur Tournesol: Rand Hindi de :Snips est un architecte de l'algorithme urbain. Son credo: jouer avec les données pour adapter la ville aux besoins citoyens.

Un innovateur? Oui, et des plus précoces. A 10 ans, Rand Hindi code déjà.
"Un jour, ma mère m'a collé un livre dans les mains, me met devant l'ordinateur et me dit, tiens, apprends ça, je crois que ce sera important plus tard. Et elle avait raison. Merci Maman."
Code, check. A présent, à lui l'entrepreneuriat. A l'âge où on goûte les premières boums, il monte avec un ami sa première startup, Planetultra, un réseau social à destination des lycéens de l'Ouest parisien. PlanetUltra sert l'organisation et le partage de photos de soirées. On est en 1999. Rand a alors 14 ans. D'agences de développement web, à des expérimentations sur lui-même, - l'homme est aussi un adepte de la première heure du Quantified Self, il poursuit en Angleterre à la UCL une licence d'informatique, puis un doctorat en bioinformatique. "Je réalise après coup que je fais alors de la Big Data appliquée à la biologie."

L'idée disruptive: réaliser de la modélisation prédictive appliquée aux villes. Concrètement, la startup de Rand Hindi, :Snips s'attache à comprendre ce qui se passe dans les villes, à anticiper les comportements, et donc à rendre la ville vraiment intelligente. "Prévenir au lieu de réagir." Dépendant des applications envisagées, l'équipe regroupe les données existantes. Celles-ci peuvent être de l'open data, mais souvent, émanent d'entreprises. A charge à la startup, dans un premier temps, de passer des partenariats. Une fois récoltées, ces données sont traduites en modèles mathématiques, qui permettent de créer un produit urbain "utile".
Et Rand d'évoquer l'exemple du Tranquilien, développé pour la SNCF. L'algorithme, inséré dans une application, prédit l'affluence dans les Transiliens et RER, et ce, de manière précise. Il devient ainsi possible au voyageur de choisir un itinéraire en termes de confort à bord, et plus nécessairement, de durée de trajet. De cet algorithme peut découler toute une série d'outils de prédiction, propres à la gestion du traffic ferroviaire. "On pourrait par exemple aider les operateurs de transports publics à prendre des décisions en fonction d'un évènement clé, un concert de Johnny au Stade de France, une tempête de neige et en fonction, à affecter du matériel ou ressources supplémentaires".

Pourquoi s'intéresser aux données? Les données, oui, mais propres à la ville. Rand Hindi s'est bien à un moment intéressé à celles propres à leur santé mais a été confronté à l'époque à plusieurs contraintes. "Le timing n'était pas là. De manière plus opportuniste, on s'est donc intéressé à la ville." Le modèle peut se décliner à l'infini. De l'exploitation des données pour la ville, il distingue plusieurs axes: mobilité, sécurité, énergie, management des ordures. Et à cet égard, a déjà mis en place plusieurs modèles pour le transport (Tranquilien), la gestion de stationnement, mais aussi celle du crime. L'énergie est bien dans les tuyaux, mais l'affaire reste à suivre.

Pourquoi ça nous impacte? Aujourd'hui, les trois comparses de :Snips ont, on l'a dit, à leur actif plusieurs modélisations. A chaque nouveau chantier, son modèle, et la même base de travail: regarder le passé, comprendre l'environnement, puis établir un modèle mathématique.
Et dans celui-ci, le citoyen a sa place, de manière active, en annonçant son activité; de manière passive en permettant aux data scientists de récupérer les données générées par son utilisation des applications mises en place. "On n'essaie pas tant de convaincre de l'ouverture des données urbaines, mais l'ouverture et l'accessibilité aux données tout court. On veut que les gens réalisent à quel point on peut rendre le monde où l'on vit meilleur à travers l'exploitation intelligente de ces données."

Et à l'avenir? Sur le long terme, Rand imagine un système d'exploitation des villes qui s'adapterait automatiquement aux usages et besoins de la population locale. "Aujourd'hui, les gens qui habitent dans une ville sont contraints par la ville. Nous, on aimerait que la ville s'adapte à ses habitants. On aimerait inverser la balance." Dans l'immédiat, on pourra d'ores et déjà découvrir l'application Tranquilien dès le 24 juin 2013.


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