Son savoir semble mal partagé.
En effet, une étude de ClickSoftware, spécialisée dans les logiciels mobiles, estime que 20% des mobinautes consultent leurs téléphones toutes les 10 minutes et 25% au moins toutes les 30 minutes.
Le phénomène semble contagieux.
- Ça vous chatouille ou ça vous gratouille si votre smartphone ne trône pas le soir sur votre table de chevet ?
- Etes-vous superficiel? Des études récentes (HubSpot, Slate) ont montré que de nombreuses personnes, qui prétendent aimer un article publié sur le web, ne l’ont pas lu en entier. Selon le Blog du modérateur, un titre suffit souvent aux utilisateurs désireux de l’immense prestige qui va avec le partage avant-gardiste d’articles d’actualité (Twitter ; Google+, etc.).
- Passez-vous plus de 2 heures par jour à trier vos mails ou à vous agiter sur votre messagerie instantanée ?
- Dites-vous souvent « j’ai pas le temps ! »
- En vacances, choisissez-vous systématiquement des lieux équipés en Wi-Fi et des zones bien couvertes par les réseaux mobiles?
- Face à l’abondance et au flux permanent, ressentez-vous le besoin de repères.
Si vous vous noyez sans le savoir dans l’infobésité, pourquoi ne pas changer d’habitude ?
Pour en savoir plus sur la dictature de l’urgence, je vous renvoie au livre de Nicole Aubert, « le culte de l’urgence-la société malade du temps », Préface de Christophe Roux-Dufort, chez Champs-Flammarion.
Cette sociologue et psychologue mettait en avant dès 2004 comme origine du travail dans l’urgence l’apparition des nouvelles technologies (TIC) et le triomphe du capitalisme financier. Ce dernier se caractérise selon elle par une course aux profits à court terme et par le diktat des résultats trimestriels.
Or, ce rythme de l’urgence peut avoir des répercussions durables sur la vie de famille et l’éducation des enfants. Néanmoins, Nicole Aubert considère que l’individu «multibras multiprise» peut sortir de cet asservissement, en renouant avec son intuition et ses savoirs tacites.
C’est dans la tension nécessaire entre ces deux logiques d’action, dans ce dialogue obligé entre, d’un côté une contrainte d’urgence et d’immédiateté qui hache et pulvérise le temps dans un contexte de sacralisation du présent et, de l’autre, une tentative de reconquête de soi dans une continuité s’inscrivant dans un ordre de référence porteur de sens, que l’individu hypermoderne peut essayer de définir un nouveau rapport au temps et tenter d’unifier une identité fragmentée.En fait, les choses ont empiré.
Un nouveau livre est paru chez Vuibert, qui fait un point complet et pratique sur ces questions. Il s’agit de : « Infobésité : comprendre et maîtriser la déferlante d’informations ». Il fournit de nombreux chiffres qui donnent le tournis sur la surcharge informationnelle. Cet ouvrage est d’une brûlante actualité, dans la mesure où il ne peint pas une situation de crise, par définition exceptionnelle, mais le quotidien de millions de cadres dans toute sa gravité.
Son auteur, Caroline Sauvajol-Rialland cite entre autre le chercheur Thierry Venin, qui a constaté l’effacement entre les espaces personnels et professionnels :
« Un cadre sur deux pense qu’il n’a pas droit d’être déconnecté le soir chez lui, et environ un sur trois lorsqu’il est en congé »Si le temps croissant consacré à l’analyse des infos et la nécessité de réagir dans l’instant peuvent être mal supportés par certaines personnes, ils ne sont pas insurmontables. Caroline Sauvajol-Rialland, décrit une méthode individuelle pour ne pas se laisser emporter par le tsunami. Et, elle souligne la nécessité de maîtriser ce flux. L’homme organisé doit être en mesure de sortir la tête de l’eau pour ne pas se perdre.
Elle peint également la manière dont les entreprises tentent de se structurer pour que personne ne reste au bord de la route (curation de contenus, text-mining, filtrage social, KM, gouvernance de l’information, etc.). Ce sont parfois de nouveaux métiers.
Les risques cités sont entre autre :
- la dégradation des relations personnelles dans l’organisation,
- le stress de l’email archivé qui laisse des traces et qui pourrait nuire un jour,
- la paralysie, la cataplexie,
- la baisse de productivité,
- les mauvaises décisions (cf. en annexe l’étude de Bain)
- le manque de créativité,
- les risques psycho-sociaux, le burn-out,…
Il s’agit bien de l’avis général d’une pathologie civilisationnelle.
Caroline Sauvajol-Rialland parle ainsi d’infobésité, un terme aussi employé aux Etats-Unis. Nicole Aubert évoque pour sa part une « société malade du temps ».
Je conseille la lecture des deux ouvrages. Compte tenu de sa date de parution, l'enquête sur l'infobésité dresse un tableau très actuel de la dérive informationnelle et indique que de nombreuses entreprises se sont emparées du sujet. Il constitue une référence.
Quelques statistiques sur l'infobésité en 2013:
- à l’accélération de la tyrannie des TIC dans notre vie quotidienne. Avec les smartphones, le flux d’information nous suit en dehors des heures de bureau.
- Un cadre reçoit aujourd’hui un volume d’informations 10 fois supérieur à ce qu’il recevait il y a 15 ans et produit environ 10 % de données de plus chaque année.
- 30% du temps de travail des cadres et managers est consacré au traitement et à la hiérarchisation de l’information, une activité qui occupe une proportion croissante depuis 6 ans.
- Et, le phénomène est devenu un sujet de santé, aussi bien concernant les salariés, qu’un facteur de performance pour les organisations.
Pour revenir au deuxième ouvrage, Caroline Sauvajol-Rialland estime que le débat sur les conditions de travail, et notamment le management, comme il en a été question de manière aigue chez France Telecom lors de la vague de suicides en 2008/2009, s’est effacé au profit du débat sur le manque d’emploi. Aux cadres, qui ont bien de la chance d’avoir un job, de s’adapter aux nouvelles contraintes, y compris au techno-stress.
Elle affirme aussi sa confiance dans la Génération Y, « Digitale Native » (15-25 ans), dont l’identité est d’un côté clairement interactive, de l’autre imbibée d’une quête importante de sens.
Pour aller plus loin :
Caroline Sauvajol-Rialland est maître de conférence à Sciences Po Paris et à l’Université catholique de Louvain (UCL) et fondatrice de So Comment, cabinet spécialisé en gestion de l’information en entreprise. Journaliste (1994-2000), responsable de l’Information et de la Communication du groupe La Poste (2000-2006), elle a été également responsable de la communication du Groupe IGS (2007 à 2009). Elle intervient également à l’ISC Paris, à l’ICD Paris, est formatrice au CFPJ (Centre de formation et de perfectionnement des journalistes), au Celsa et chez Elegia Formation. Elle fait de nombreuses conférences, notamment sur ce thème de «l’infobésité».
FrenchWeb : Contrôlez-vous votre flux d’information Novembre 2012
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Attention aux filtres Alors que les compagnies internet s'efforcent d'ajuster leurs services à nos goûts personnels (y compris l'actualité et les résultats de recherche), une dangereuse conséquence, involontaire, émerge : nous nous retrouvons piégés dans une "bulle de filtres" et ne nous trouvons pas exposés à l'information qui pourrait remettre en question ou élargir notre perception du monde. Eli Pariser argumente avec force qu'au final cela s'avérera mauvais pour nous et pour la démocratie.
Dossier Terra Eco. En Une « Ralentir » Novembre 2011 Interview d’Edgar Morin. Pourquoi la vitesse est-elle à ce point ancrée dans le fonctionnement de notre société ? Y compris dans les Ministères, comme en témoignent la folie des TTU. La nécessité du bien être.
http://www.terraeco.net/Edgar-Morin-Nous-avancons-comme,19890.html
Sans prise de recul, l’ «honnête homme », très équilibré, serait une espèce en voie de disparition, voire ringarde…
Quelques chiffres tirés d’une étude éditée dans Decision Insights de Bain. Juin 2013. Infobesity: The enemy of good decisions, By Paul Rogers, Rudy Puryear and James Root http://www.bain.com/publications/articles/infobesity-the-enemy-of-good-decisions.aspx
The impact of infobesity Infobesity—or information overload, to use the more general term—has been around for a while. Consider the Reuters report Dying for Information, first published in 1996, in the early days of the Web.
Here are the startling statistics, as summarized by Reuters:
- Two-thirds of managers report that tension with work colleagues and loss of job satisfaction arise because of stress associated with information overload.
- One-third of managers suffer from ill health as a direct consequence of stress associated with information overload. This figure rises to 43% among senior managers.
- Almost two-thirds (62%) of managers testify that their personal relationships suffer as a result of information overload.
- 43% of managers think that important decisions are delayed and of having too much information.
- One in five senior managers believes that substantial amounts of time are wasted collecting and searching for information.
- Almost half (48%) think that the Internet will be a prime cause of information overload over the next two years.
- 66% of knowledge workers feel they don’t have enough time to get all of their work done.
- More than 50% of knowledge workers feel that the amount of information they are presented with on a daily basis is detrimental to getting their work done.
- 94% of those surveyed at some point have felt overwhelmed by information to the point of incapacity.
- 30% of knowledge workers have no time at all for thought and reflection during their day...
- ...while 58% had only between 15 and 30 minutes.
Un dossier du JDN sur la gestion de l’urgence
Notamment "Pratiquer une respiration abdominale permet également de reprendre le contrôle de soi, ajoute Robert Knecht. Elle peut s'acquérir par la pratique d'activités telles que le yoga, les arts martiaux ou le chant."
http://www.journaldunet.com/management/efficacite-personnelle/dossier/savoir-travailler-dans-l-urgence/savoir-travailler-dans-l-urgence.shtml
. Fin