Oui, je sais, je ne suis plus très fidèle à la musique à papa en ce moment. Mais j'ai des raisons. Tout d'abord, le manque de temps. Oui, quand les trajets pour aller travailler s'allongent de plus de moitié, quand les possibilités d'écouter de la musique en journée s'amenuisent, quand les jours se suivent ainsi et se raccourcissent inexorablement, difficile de se poser ne serait-ce qu'un moment pour parler de mes derniers coups de coeur musicaux. Surtout que les coups de coeur en question ne sont pas légion... Par manque d'envie aussi. Cette année aura déjà été marquée pour moi par quelques grands disques qui phagocytent un peu les autres. Je ne les reciterai pas ici, les plus fidèles d'entre vous savent sans doute desquels je parle. Pas envie d'écouter autre chose, donc. Surtout que la période actuelle, proche de l'été, n'est pas propice à la nouveauté. L'occasion est belle donc, pour revenir sur quelques albums qui, à défaut de m'avoir entièrement convaincu, possèdent quelques atouts non négligeables : qui, des titres fulgurants parmi les plus addictifs de 2013, qui, un style, une patte, hors des sentiers battus.
!!! - Thr!!!Er
Ces américains au nom seulement composé de caractères spéciaux poursuivent leur petit bonhomme de chemin, à l'écart de toutes hypes. Pourtant, si tout le monde parle du dernier Daft Punk, une chanson comme "One Girl / One Boy" pourrait être un décalque de "Get Lucky" mais avec un son plus dense, plus rond, moins toc. La prochaine Route du Rock - oui, oui, finalement, j'irai - sera l'occasion d'aller vérifier sur scène si ces éternels outsiders valent plus que ce qu'ils récoltent jusqu'à présent : de trop rares exclamations de joie.
Bertrand Belin - Parcs
C'est peu dire que j'attendais ce nouveau disque de Bertrand Belin avec impatience. Le précédent et sublime "Hypernuit" m'avait enchanté et que dire du sidérant premier single tiré de celui-là, "Un déluge" - titre malheureusement encore de saison ? Je pensais déjà que j'allais m'allonger à coup sûr devant ce "Parcs". Mais quelle ne fut pas ma surprise de constater à son écoute, qu'à l'inverse du single très mélodique et accrocheur, le reste était pour le moins austère, minimaliste, frôlant parfois la caricature ? Quelques chansons ne paraissent même pas terminées.
Kurt Vile - Wakin On A Pretty Daze
Où il est encore question de fignolage. Mais là où Bertrand Belin semble bâcler à l'inverse de son personnage public, classieux et un poil précieux, l'américain Kurt Vile - dont l'univers n'a pas grand chose à voir avec son fameux homonyme, Kurt Weill -, sous ses airs de ne pas en foutre une ramée, peaufine de jolies mélodies. Mais, ce "Wakin On A Pretty Daze", à l'image de la voix traînante du monsieur, connaît trop de longueurs pour m'enthousiasmer complètement.
Palma Violets - 180
Là aussi, j'en attendais beaucoup. Enfin, pas non plus des monts et merveilles. Je sentais bien qu'on allait toucher là, du pub rock, de celui qu'on crie, qu'on braille, une bière à la main. Mais attention, du pub rock de qualité, à l'image de leur magnifique "Best Of Friends", une des plus grandes chansons de 2012 ici même. Et puis, "180" est plus brouillon qu'autre chose et ne parvient qu'à de trop rares moments à atteindre les frissons escomptés. Mais, paraît-il, c'est sur scène, qu'il faut aller voir ces jeunes britons-là. Ils dégageraient une fougue rappelant le début des Clash.
The Growlers - Hung At Heart
Là encore, c'est du rock pas prise de tête, un peu branleur, mais façon Californienne. L'inspiration est donc plus psyché, plus blues aussi. Le disque s'écoute d'une traite, comme un bon breuvage. Le problème, c'est que s'il n'est pas désagréable, les chansons se ressemblent toutes. A réserver comme le rosé, en guise d'accompagnement pour les beaux jours. On pourra facilement se contenter du premier morceau, le charmant "Someday", espérant qu'un jour, oui, l'été enfin, arrivera.