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Die Katze

Publié le 21 juin 2013 par Oliaiklod @Olia_i_Klod

Mathilde Carré (1908-1970), dite la Chatte, bien connue des Français, des Allemands, des Anglais et même des Polonais, Mathilde née Bélard, est sans doute l’une des natives du Creusot parmi les plus énigmatiques, car elle fut une espionne pendant la Seconde Guerre mondiale. Elle travailla successivement pour plusieurs services secrets :

  • réseau de renseignements franco-polonais INTERALLIÉ, relié à l’Intelligence Service (MI 6) britannique,
  • 5e bureau de Vichy ;
  • Abwehr, service de contre-espionnage militaire allemand ;
  • Gestapo (pendant peu de temps, elle fut un agent personnel de Karl Boemelburg, chef de la Gestapo en France) ;
  • Special Operations Executive, section F, réseau AUTOGIRO de Pierre de Vomécourt « Lucas ».

Die Katze

Rares sont les écrivains qui parviennent à donner d’eux-mêmes une image totalement exacte, et de leur personnalité et de leur vie et de leur parcours quand ils rédigent leur autobiographie.

Si rédiger ses mémoires est déjà un exercice complexe pour un être réfléchi, structuré, de bonne foi, on imagine que c’est encore infiniment plus compliqué quand celle qui prend la plume… est suspectée d’espionnage… de trahisons, tour à tour, voire simultanément par les Français, les Allemands, les Anglais… on connaissait le double jeu, faut-il parler en l’occurrence de triple jeu ?

Première phrase du premier chapitre, celle qui ne voudra pas être comparée à Mata-Hari qu’elle qualifiera avec mépris "d’espionne mondaine", lors de son procès, ment.

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"C’était un dimanche soir, le 29 juin 1908. Je suis née pendant les douze coups de minuit, au Creusot."

En tout cas, si elle ne ment pas, elle prend de sérieuses libertés avec la vérité. Elle est certes née au Creusot, comme le prouve son acte d’état-civil. Mais elle est née le 30 juin à une heure du matin, comme l’atteste le même acte officiel que le service d’état-civil de la mairie du Creusot nous a aimablement procuré.

Le colonel Paillole la rend responsable de 66 arrestations ; et son avocat Albert Naud de plus de 100 agents du réseau Interallié. Elle assiste à presque toutes les arrestations, et désigne ses victimes : "C’est bien lui, vous pouvez y aller".

Avant la guerre, en 1933, sur un coup de tête, elle avait épousé Maurice Carré. Ils étaient ensuite partis à Venise…

Bibliographie :

  • Michael Richard Daniell Foot, Des Anglais dans la Résistance. Le Service Secret Britannique d’Action (SOE) en France 1940-1944, annot. Jean-Louis Crémieux-Brilhac, Tallandier, 2008, (ISBN 978-2-84734-329-8), (EAN 9782847343298). Traduction en français par Rachel Bouyssou de (en) SOE in France. An account of the Work of the British Special Operations Executive in France, 1940-1944, London, Her Majesty’s Stationery Office, 1966, 1968 ; Whitehall History Publishing, in association with Frank Cass, 2004. Ce livre présente la version officielle britannique de l’histoire du SOE en France. Une référence essentielle sur ce sujet.
  • Gordon Young, L’espionne n°1 : celle qu’on appelait la Chatte, Arthème Fayard, 1957 ; rééd. L’Espionne n° 1 : la Chatte, éditions "J’ai lu leur aventure" n°A60, 1964 ; rééd. L’Espionne n° 1 : celle qu’on appelait la Chatte, éditions Famot, collection « Histoire vécue de la Résistance », 1974.
  • Benjamin Cowburn, Sans cape ni épée, Gallimard, 1958.
  • Janusz Piekalkiewicz, Les grandes réussites de l’espionnage, Fayard Paris-Match, 1971. Chapitre Montmartre, Plan directeur H 18, p. 10-23.
  • Patrice Miannay, Dictionnaire des agents doubles dans la Résistance, Le Cherche midi, 2005
  • Mathilde-Lily Carré, J’ai été "La Chatte", préface d’Albert Naud, collection « Actualité et politique », no 6, éditions Morgan, 1959.
  • Lily Carré, On m’appelait la Chatte, Albin Michel, Paris, 1975.
  • Lily Carré, Ainsi vécut Marie, jeune-fille de Nazareth, mère du Christ, préface du Père Riquet‎, éditions Droguet-Ardant, 1980.

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