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"Quand la beauté nous sauve" de Charles Pépin (Saycet Inside)

Publié le 22 juin 2013 par Notsoblonde @BlogDeLaBlonde

Tu les connais ces morceaux-doudous, ces titres qui t'offrent un réconfort immédiat, dès les premières notes, ces chansons qui te prennent par la main et sont comme une présence chaleureuse quand autour de toi il fait un peu trop froid.

Chacun se concocte son propre petit répertoire, au fil des découvertes et le fait évoluer, à mesure que la vie avance et que les goûts changent.

En ce moment, pour moi, c'est "Easy" de Saycet qui fonctionne plutôt bien.

Souvent j'entends "Non mais attends, quand tu vas mal tu écoutes des chansons tristes mais c'est comme si tu tirais sur une cicatrice encore fraiche pour la rouvrir, t'es pas bien ou quoi?"

Jamais je n'ai su trouver de réponse permettant de l'expliquer clairement mais il est clair que mon ressenti est pourtant bien là, certaines chansons tristes me font du bien. Sans que je sache expliquer pourquoi.
 

Et puis j'ai lu "quand la beauté nous sauve" de Charles Pépin.
Et j'ai (un peu) compris. Pourquoi la beauté fait du bien.

sayCet - Easy from sayCet on Vimeo.

 

L'auteur propose de trouver une explication au fait que la beauté nous fascine. Au fil de ses considérations sur l'art mais aussi la beauté "naturelle', Charles Pépin, philosophe et écrivain éclaire son lecteur. En partant d'expériences concrètes, il explique que chaque fois que la beauté nous touche, ele nous réapprend à nous faire confiance...

*

"Nous avons besoin de la beauté parce que nous avons besoin d'harmonie : harmonie en soi, harmonie avec les autres. Osons la thèse suivante : l'émotion esthétique est la plus intense lorsque l'harmonie en nous crée le désir d'une harmonie avec les autres.
Etrange mouvement que celui du plaisir esthétique : il nous invite à rentrer profondément en nous mêmes et en même temps ne cesse de nous proposer de sortir de nous-mêmes. A l'intérieur, à l'extérieur. Stendhal s'en souviendra : la beauté est la promesse du bonheur, écrira-t'il dans De l'amour.
La beauté n'est que la promesse d'un bonheur partagé, a-t'on envie d'entendre, sachant que Stendhal avait lu Kant. La promesse ne sera pas tenue, on l'a compris, mais ce qui compte, c'est la promesse, la chaleur de la promesse -sentir au fond de soi que quelque chose nous pousse à partager avec les autres, que nous ne vivons pas simplement des vies parallèles, à chérir notre "cher petit moi" dans l'indifférence des autres.
La beauté, chaque fois qu'elle nous touche, nous guérit un peu plus de notre individualisme".

*

"Nous avons besoin de la beauté, de ce que la beauté nous fait, pour retrouver ce talent de savoir s'écouter, cette confiance en soi -mais en un soi ouvert, désireux de partager son goût, portant en lui la promesse d'un nous. Et nous en avons besoin aujourd'hui plus qu'hier".

Bien entendu, j'ai été particulièrement sensible aux passages sur la musique : 

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"Tout est sauvé, ou du moins tout semble l'être, quand la musique est bonne (...) Ce sont nos blessures qui font notre grandeur; c'est notre petitesse qui fait notre grandeur. C'est aussi cela "n'avoir qu'une seule vie". Tout est sauvé quand notre petitesse devient le combustible de notre grandeur.

Merci, donc .Que dire d'autre à ces artistes qui autorisent, en nous, cette métamorphose? Que ferions-nous, sans eux, de notre petitesse? Que ferions-nous, sans eux, de notre violence?

J'entends soudain, écrivant ces lignes, "wild horses" des Rolling Stones... Si souvent je suis revenu à ce morceau pour me calmer. Si souvent je me suis émerveillé de ses vertus apaisantes.

Je me trompais en pensant que  "Wild Horses" avait le pouvoir de "m'enlever ma colère". Je sais aujourd'hui que, si la musique apaise notre colère, ou notre violence, ce n'est pas en la chassant mais plutôt en nous permettant d'en prendre acte, de l'accepter, et plus encore de lui offrir une destination nouvelle"

(Plus loin, à propos des artistes) :

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"Mais reconnaissance, aussi, au sens où nous voyons, dans ces génies, des frères humains. Hors norme, évidemment,mais exemplaires, en tant que créateurs, de cette manière de transformer une petite vie en grande oeuvre. Ils le font à un autre niveau mais ils nous donnent envie de le faire au nôtre : transformer la boue en or.

N'est-ce pas cela, précisément, que nous inspire une belle chanson lorsqu'elle nous sort de notre tristesse? Que nous pouvons transformer notre tristesse au lieu de tenter en vain de la chasser? C'est peut-être pourquoi, d'ailleurs, les chansons tristes nous apaisent précisément lorsque nous sommes tristes : elles sont comme la preuve que l'on peut faire quelque chose de sa tristesse, de sa souffrance, de ses faiblesses. La beauté nous guérit de notre tristesse ou, si elle ne nous en guérit pas définitivement, elle nous aide à mieux vivre avec, à mieux la vivre."

*

"La musique a probablement le pouvoir de nous émouvoir plus que les autres arts car elle est capable, dans sa polyphonie même, d'éveiller simultanément les différentes dimensions de notre être - tragique et joyeuse, par exemple,, ou sensuelle et intellectuelle, combattante et passive, consciente et inconsciente etc. Et si  la musique, pour cette raison, parlait le langage même de notre intériorité? Elle serait à ce titre dotée d'un pouvoir supérieur aux autres arts."

Mon conseil du week-end est donc le suivant : il te faut te procurer cet ouvrage de toute urgence et le dévorer comme je l'ai fait. On en ressort grandi. Promis.


(Ca m'évoque le message véhiculé par ce t-shirt vendu un temps par Original Music Shirt) 


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