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Exposition Miquel Barceló « Terra Ignis » au Musée d’Art Moderne de Céret (66)

Publié le 22 juin 2013 par Philippe Cadu

http://www.musee-ceret.com/

Du 29 juin au 12 novembre 2013

Vernissage samedi 29 juin 2013 à 11h

Exposition Miquel Barceló « Terra Ignis » au Musée d’Art Moderne de Céret (66)
Exposition Miquel Barceló « Terra Ignis » au Musée d’Art Moderne de Céret (66)
Terra Ignis , Céramiques, Majorque 2009-2013

Depuis quelques années, Miquel Barceló a fait de la céramique son domaine de recherche et de création privilégié. L’artiste se rattache ainsi à une tradition sans âge – on connaît son intérêt pour la préhistoire et l’art des civilisations les plus anciennes – mais aussi à une filiation plus récente, celle de Picasso, Miró, Fontana. Il ne s’agit pas d’une activité marginale, d’une degré second dans l’acte créateur. Barceló refuse la hiérarchie des genres, constate avec satisfaction que la céramique modifie sa peinture, dont elle devient l’égale, la source et le prolongement.

Barceló a commencé à s’intéresser à la céramique dans les années 90, lors de voyages en Afrique, dans le pays Dogon, où les conditions climatiques rendent la peinture incertaine et amènent l’artiste à s’intéresser à une pratique ancestrale et simple : le modelage et la cuisson de la terre. L’Afrique est le lieu de l’initiation, des échecs et des premières pièces sorties indemnes des fours de fortune, alimentés de bouse et de paille.

L’architecture dogon et ses formes organiques sont source d’inspiration. De retour à Majorque, Barceló s’engage dans un apprentissage technique. Des années de formation et de recherche, jusqu’à la création dans des ateliers napolitains du manteau de céramique de la chapelle de la cathédrale de Palma de Majorque, inauguré en 2007, son chef-d’œuvre, qui le place définitivement parmi les maîtres de la terre. Paso Doble, le spectacle qui unit en 2006 l’univers chorégraphique de Josef Nadj et celui du sculpteur, est un autre aboutissement de cette recherche et de cette appropriation de la matière, une performance génératrice de nouvelles formes pour de futures œuvres d’argile.

Exposition Miquel Barceló « Terra Ignis » au Musée d’Art Moderne de Céret (66)

Dans la tuilerie briqueterie de Majorque où Barceló travaille aujourd’hui, une fosse de plusieurs mètres de profondeur, plantée de piquets métalliques propres à sauver l’imprudent de la chute et de l’engloutissement dans l’argile mouvante, est à la fois la matrice originelle des œuvres et le cimetière des pièces que l’artiste rejette ou qui ont été victimes d’un accident. Le cycle est entier, une révolution complète de la matière a lieu au sein même de l’atelier. Par sa fragilité, par la transformation de cette matière, ductile et sensuelle sous les doigts du modeleur, durcie et parfois cassante sous l’effet de la cuisson, par la façon dont les fragments redeviennent poussière, la céramique est bien la forme d’art qui exprime le mieux l’idée de vanité qui sous-tend l’œuvre entier de Barceló.

L’exposition présente l’œuvre récent dans le domaine de la céramique. Les pièces ont toutes été réalisées à Majorque. L’autoportrait est un thème récurrent, yeux et bouche gravés dans l’engobe de vases et d’amphores aux formes héritées de l’antique. D’autres pièces ont des formes plus communes, celles de vases, de verres, de récipients du quotidien, auxquels s’ajoutent des briques traditionnelles. Crânes et têtes sont l’évocation la plus explicite de l’idée de vanité, qui s’exprime aussi dans les fractures, les fêlures, les boursouflures, tous les accidents subis par la terre, avant ou pendant la cuisson. Le danger est particulièrement présent pour les plus grands vases, dont certains sont fendus jusqu’à leur base. Quelques uns s’effondreront sous le poids de l’agile avant leur introduction dans le four, l’épreuve suprême. Il y a là des autoportraits, des émanations du règne animal ou végétal. Des boutons de roses s’y épanouissent, des poissons vivent et se fossilisent, des briques forment des cavités secrètes. Ces pièces spectaculaires doivent leur présence autant à leur apparente fragilité qu’à la force de vie, au combat, au drame qu’elles accueillent.

Musée d’art moderne de Céret 8, bd Maréchal-Joffre, BP 60413 – 66403 Céret Cedex : http://www.musee-ceret.com


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