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DJ Rashad – Rollin’ EP

Publié le 22 juin 2013 par Lcassetta

Tout amateur de Juke qui se respecte connaît – et apprécie – le travail fantastique de DJ Rashad. Après son colossal Teklife Vol.1: Welcome To The Chi l’année, dernière, l’artiste revient cette année avec un EP chargé d’enjeux.

Signer sur Hyperdub, c’est un peu un contrat à double tranchant. D’un côté, ça vous assure tous les regards, de l’autre ça place des attentes extrêmement hautes. Pourquoi ? Parce que Burial, parce que Kode9, etc. Le label s’est récemment mis au footwork avec les sets et futurs singles de Kode9. Effet de mode ou pas, ça implique beaucoup d’innovation attendue. DJ Rashad est donc le premier à prouver le potentiel du label dans le genre avec son dernier EP, Rollin‘.

Comme d’habitude, le maître du genre continue de repousser ce dernier dans ses retranchements les plus innovants. Il y a des moments fantastiques et certains nouveaux (nouveaux comme dans nouveaux pour lui). Il serait simple de résumer le tout à l’intro et title track Rollin‘, pur exemple de l’influence Hyperdub, et plus particulièrement , pour gâcher notre point Burial (oui, comme dans point Godwin), celle de Burial. C’est l’un des meilleurs tracks de l’année, offrant une ballade juke extrêmement bien menée et intense tout en étant innovante. L’utilisation du future garage en footwork n’est pas très originale mais DJ Rashad en use d’une manière bien à lui : Le track sample abusivement une chanson de R&B répétant I’m rollin’ down a lonely highway, asking god to please forgive me, I’m rollin down a lonely highway, she’ll come back and she’ll forgive me. Le track s’ouvre sur un loop au bpm furieux, accompagné de snares, drums et synthés et d’un I’m rollin’ down féminin très rapide. Progressivement, le tout se transforme et le pitch évolue, des échos apparaissent… Il y a un moment particulièrement beau, quand le pitch devient masculin et est répété de manière triste avant le break à 2:00 où les voix s’entremêlent sur une portion beatless. C’est déjà assez massif comme ça, mais le véritable deal vient juste après : Suite à cette partie, un sample purement Rashadesque se met en place, répétant un got the molly menaçant – molly étant de la drogue. Ce qui est aussi bon, c’est qu’il arrive à introduire ce mood tellement triste et intense tout en gardant la maîtrise sur son identité et en restant propre au juke le plus académique.

Cliquer ici pour voir la vidéo.

L’autre highlight reste le second track, Let It Go, surtout pour son côté crossover. La chanson navigue entre juke et jungle – chose qui a déjà été faite par Dream Continuum - avec un skill particulier. Difficile à remarquer au début mais c’est sur plusieurs écoutes qu’on se rend compte de tout le travail mis dans cette chanson et du mastering quasi-mathématique du producteur. Cet hybride footworkjungle est aussi le morceau le plus mélancolique de l’EP – peut-être de toute sa discographie -, qualité rare pour un genre basé sur la répétition et aux influences rap.

Cliquer ici pour voir la vidéo.

Les deux autres morceaux sont accompagnés de ses collaborateurs fréquents, DJ Spinn et DJ Manny, pour un résultat moins innovant, moins hip-hop et plus moderne mais toujours très plaisant. Au final, Rollin’ EP est sans aucun doute l’un des meilleurs EPs de ce début d’année, une oeuvre excellente… Mais dans un sens on peut être – relativement – déçu. Vous savez, il a quand même sorti le meilleur album de juke de l’année dernière. Il est signé sur le label qui a sorti le meilleur album de la dernière décennie. Le juke est un genre qui est encore frais pour beaucoup de ses auditeurs et qui évolue à chaque sortie. Machinedrum l’a repoussé aux extrêmes, Rashad lui-même a sorti l’un des meilleurs opus du genre… chaque sortie pose une barre plus haute pour la prochaine. L’innovation est un business nécessaire dans le genre, remarquez comment les artistes les plus médiatisés dans cette scène sont ceux qui changent le footwork  à chaque fois. Elle est présente, certes, mais avec la rencontre du talent quasi-génial de Rashad et les influences d’Hyperdub, le résultat aurait pu être génial, pas simplement excellent. Que ça ne vous dissuade pas d’écouter, par contre, vous avez bien compris que cet EP est une tuerie.

katro


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