Genre: drame
Année: 2002
durée: 1h40
L'histoire: Sous la France occupée de 1942, à Paris, Edmond Batignole, un boucher sans histoire, tente de survivre comme tant d'autres. Il peut se laisser entraîner par son entourage et sa lâcheté sur les pentes de l'infamie. Mais il va choisir de lutter pour sauver la vie de Simon, un petit enfant juif. Les aventures de la famille Jacob, quelques mois avant celle de Mai 68, composée d'un pere alcoolique.
La critique d'Alice In Oliver:
En tant que réalisateur, Gérard Jugnot reste un cinéaste inégal, capable du meilleur (Une Epoque Formidable) comme du pire (Boudu). Avec Monsieur Batignole, sorti en 2002, Gérard Jugnot, à la fois devant et derrière la caméra, signe un drame à la fois tendre, drôle et bouleversant.
Aussi est-il nécessaire de rappeler les grandes lignes du scénario. Attention, SPOILERS ! Paris, juillet 1942. Edmond Batignole, charcutier de son état, tente de survivre, comme bien d'autres.
Lorsque son futur gendre dénonce ses voisins juifs à la police française, sa famille récupère leur gigantesque appartement et Monsieur Batignole devient au passage le traiteur attitré d'un général allemand. Seulement, Simon, le fils déporté réapparait et Batignole comprend qu'il est son seul espoir de survie. Il va devoir, dans un premier temps, l'héberger à l'insu de tous.
Bientôt, il sera question de son passage clandestin en territoire neutre. Avec un tel scénario, Gérard Jugnot a trouvé un sujet en or.
Bien que simpliste en apparence, l'histoire se révèle attachante, à l'image de ses principaux protagonistes. Gérard Jugnot trouve ici un personnage plus complexe qu'il n'y paraît. Ce boucher qui ne paie pas de mine et qui travaille malgré lui pour les nazis, va devenir un héros de la Seconde Guerre Mondiale. Voilà une trajectoire pour le moins inattendue pour ce "Monsieur Tout Le Monde". Certes, encore une fois, la formule est de facture classique.
Ce n'est pas la première fois que le cinéma populaire nous propose ce genre de scénario.
Pourtant, force est de constater que le film fonctionne à merveille. Monsieur Batignole hésite alors entre comédie et drame de guerre. Sur ce dernier aspect, le film oppose deux points de vue, celui de Edmond Batignole et celui d'un jeune enfant juif, Simon (Jules Sitruk).
Durant leur long voyage, ces deux-là n'auront de cesse de se chamailler, le jeune garçon allant jusqu'à dénoncer ce nouveau paternel. Car c'est bien une relation père-fils qui s'engage. L'air de rien, ce film ressemble bel et bien à un voyage initiatique.
Enfin, Monsieur Batignole peut s'appuyer sur une excellente interprétation. J'ai déjà cité le cas de Gérard Jugnot. Je n'y reviens pas. Mais comment ne pas évoquer la prestation de Jean-Paul Rouve, incroyable de cynisme dans la peau de ce gendre un peu trop zélé envers les nazis ?
Seul petit reproche, certains moments sont un peu lourdingues. C'est par exemple le cas lorsque Jules Sitruk découvre les joies de la cigarette et de l'alcool avec un autre bambin déluré. Mais ne soyons pas trop sévères, Monsieur Batignole reste un drame (certes) simpliste mais extrêmement touchant. C'est déjà pas mal.
Note: 14.5/20