Nouveau numéro de la revue 3eme milléniare: Spiritualité et Art

Sommaire
Monique Virelaude : Y a-t-il un sens profond à l'art ?
Betty : L'art dans la vie du chercheur
René Barbier : Il n'y a plus d'eau dans la mer
Serge Carfantan : Sur la contemplation esthétique
Gabriel Wolfer : Jean-Sébastien Bach , un voyage vers la musique “objective”
Edouard Salim Michael : La relation entre la grande musique et une quête spirtuelle
3e millénaire : L'Art peut-il être objectif ?
Père Lazaré : La fragmentation du Beau
Michael Radulescu : La passion dans la musique vécue
Roger Godel : L’homme et son génie : Arthur Rimbaud
Frère Jean : L'ouverture au Sacré - L'art de la photographie
Catherine Cairn : L'art de l'incarnation
Pascale et Udo Zembok : Epiphanie de la lumière
David Ciussi : L'oeuvre naît-elle de l'artiste ou l'artiste fait-il partie de l'oeuvre ?
Documents : Hegel, Plotin, Schiller
"Contempler, ce n'est pas percevoir au sens ordinaire du terme. La perception est toute orientée par la traction intentionnelle de la pensée, ce qui se voit très bien dans cette étrange compulsion qui nous porte ensuite à étiqueter tout ce que nous voyons avec des concepts. Je perçois un chêne dans le jardin. Un arbre dans une catégorie et sur lequel je peux faire toutes sortes de commentaires mentaux liés à un savoir scientifique ou à une expérience personnelle. Contempler c'est plutôt laisser être sans chercher à conceptualiser ce qui est vu, ce qui, invariablement a pour effet d'anesthésier l'expérience sensible.
Contempler c'est être là, disponible et se laisser envelopper par la présence de ce qui est. Ce qui apparaît alors est très différent. L'arbre a une formidable puissance, une majesté silencieuse qui remplit l'espace et s'élance vers le ciel. Une présence qui plonge dans la terre et dont la pensée ne peut avoir la moindre idée, à moins qu'elle ne se taise pour un moment. L'arbre est alors réellement senti comme une individualité vivante et chaque arbre est différent d'un autre et possède sa propre présence. Sentir cela de toutes les fibres de son être est tout à fait autre chose que de le penser.
Nous avons tous connu ces moments de la contemplation, il se sont surtout invités dans des instants de surprise à la rencontre de paysages, dans l'inattendu d'une perspective, d'une trouée dans les feuillages vers une rivière, un surplomb au bord d'un précipice, l'extase d'un ciel lumineux dans la brume qui vous arrête soudainement quand vous levez la tête. Et puis, il y a cette impression fantastique que nous avons tous rencontrée enfant, allongé dans l'herbe devant la voûte étoilée. Une dilatation extraordinaire de la sensation de l'espace, l'espace d'un instant, nous nous sentions en sympathie avec l'infini." Serge Carfantan, Philosophe