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Amistad

Publié le 24 juin 2013 par Cinephileamateur
Amistad De : Steven Spielberg.
Avec : Djimon Hounsou, Matthew McConaughey, Anthony Hopkins, Morgan Freeman, Stellan Skarsgård, Pete Postlethwaite, Nigel Hawthorne, David Paymer, Razaaq Adoti, Chiwetel Ejiofor, Jeremy Northam, Geno Silva, John Ortiz, Paul Guilfoyle, Anna Paquin...
Genre : Drame.
Origine : États-Unis.
Durée : 2 heures 28.
Date de sortie : 25 février 1998.
Synopsis : En 1839, "l'Amistad", navire espagnol transportant des esclaves africains, est pris dans une violente tempête au large de Cuba. Une cinquantaine de prisonniers réussissent à se libérer de leurs chaînes et se retournent contre leurs bourreaux, qu'ils passent par les armes. Cinqué, leur leader, oblige le capitaine à les ramener vers l'Afrique, mais celui-ci, profitant de son ignorance, met le cap sur l’Amérique. Jetés en prison, les mutins vont être défendus par deux fervents abolitionnistes, Theodore Joadson et Lewis Tappan, qui engagent un jeune avocat, Roger Baldwin.
Bande annonce originale
"Dans un tribunal, le gagnant est celui qui raconte la meilleure histoire."
4
Amistad
Dans mon cycle consacré à Steven Spielberg, "Amistad" était le dernier long métrage de ce cinéaste que je n'avais pas encore vu. C'est pas qu'il ne m'intéressais pas, c'est juste que je n'avais jusqu'à présent jamais eu l'occasion de le voir. Ce fut donc une véritable découverte pour moi lorsque j'ai inséré mon dvd dans le lecteur.
Et de cette découverte, je dois avouer que le scénario écrit par David Franzoni à plutôt combler mes attentes. Pourtant, ce n'était pas gagner d'avance. Malgré un sujet très dur qui à tout pour être captivant, il m'a fallu un certain temps avant de vraiment rentrer dans ce long métrage. Une bonne demie heure pour être tout à fait franc. Cette demie heure, bien que nécessaire pour la suite est assez forte émotionnellement mais sans que je puisse l'expliquer, j'arrivais pas à être vraiment fasciné. C'est vraiment lorsque le procès commence et qu'une relation va s'installer entre Cinqué et Roger S. Baldwin que j'ai fini par trouver le film passionnant.
Sur le fond, il n'y à pourtant rien de bien nouveau. Le thème de l’esclavage, la liberté et l'égalité des hommes ont déjà été maintes fois abordés. Ici, on se doute quand même de l'issue surtout que même pour un film juridique, le long métrage utilise des ficelles déjà exploités par le passé. Pourtant, le film fonctionne quand même. Plus on découvre l'histoire de Cinqué et plus on s'y attache, plus on à envie de combattre à ses côtés. Très bien écrit, on se retrouve alors fasciné par l'ampleur de ses débats. Que de tels actes, de tels procès aient pu avoir lieu est quelque chose d'assez choquant à notre époque tant cela semble si énorme de comparer un être humain à de la marchandise mais en replaçant cette intrigue dans son contexte, le combat mené pour la libération de Cinqué et ses compagnons n'en n'ait que plus intense, plus fort, plus poignant.
Si le cheminement de cette histoire et son issue semble prévisible, j'ai tout de même beaucoup aimé cet apprivoisement entre deux cultures, ce choc de deux langages différents, de deux peuples, de leurs coutumes, de leurs façon de pensée... Mais ce que j'ai beaucoup aimé surtout, c'est la facilité avec lesquels les mots prennent toute leur importance dans le récit. Là encore, le discours général peut paraître assez conventionnel mais c'est tout de même très bien écrit je trouve avec une beauté dans le choix de certains mots, dans la tournure de certaines phrases qui, au delà du lyrisme que cela apporte au film, va trouver son apogée dans l'excellent monologue final du personnage de John Quincy Adams.
Côté casting, on retrouve du beau monde au générique à commencer par Djimon Hounsou parfait dans la peau de Cinqué. Avec son charisme et sa carrure imposante, l'acteur réussit à montrer plusieurs émotions ce qui contribue à la sympathie que l'on peut avoir vis à vis de lui tout en faisant de lui un leader naturel parmi ses compagnons même si au début un doute peut s'installer avec Razaaq Adoti en Yamba tout aussi charismatique mais qui s'efface petit à petit au fur et à mesure que le film avance (même si pour ce dernier, j'ai trouvé intéressante l'approche de son personnage avec la Bible).
J'ai beaucoup aimé aussi Matthew McConaughey en Roger S. Baldwin. Assez impressionnant, on est loin des rôles où l'acteur mise sur son physique et c'est tant mieux car justement, cela permet de mieux se rendre compte pour lui aussi de sa palette de jeu. Un jeu que j'ai beaucoup apprécié avec une évolution pour ce personnage très bon qui m'as convaincu. J'ai bien aimé aussi son association avec Anthony Hopkins, très bon en John Quincy Adams même si je regrette que ce dernier arrive surtout vers la fin du film car son personnage à une approche de la justice qui aurait pu mérité quelque chose de plus profond.
Sinon, j'ai été surpris de retrouver dans ce film Stellan Skarsgård qui en Lewis Tappan est pourtant très bon. C'est d'autant plus surprenant que son personnage démarre sur les chapeaux de roue avant de s’éclipser petit à petit. C'est dommage car je pense que lui aussi aurait pu apporter une vision intéressante surtout quand il commence à parler de martyrs en montrant sur son visage une nouvelle profondeur à son interprétation mais bon, le film étant suffisamment long, je peux aussi comprendre au final qu'on se centre plus sur l'histoire de Cinqué, véritable héros du film. C'est juste qu'encore une fois, on à un personnage qui nous ouvre une nouvelle route avec la sensation de ne jamais l'emprunter totalement tout comme avec le personnage de Theodore Joadson, très bien interprété par un Morgan Freeman en grande forme mais où le parallèle entre sa condition et celle de Cinqué aurait pu être plus approfondi je pense.
Du côté des méchants de service, celui qui m'a le plus épaté reste Pete Postlethwaite en Holabird que j'ai trouvé très convaincant. Sa prestation m'a vraiment plu et même si le film ne le met pas trop en avant non plus, on sens que le danger pour Cinqué peut vraiment plus venir de lui que de Nigel Hawthorne en Martin Van Buren assez anecdotique ou encore Anna Paquin en Reine Isabel encore plus transparente, ces deux derniers personnages étant surtout utile pour replacer l'intrigue dans son contexte historique. Même David Paymer en Forsyth, bien que très bon dans son rôle, paraît au final assez peu dangereux pour l'issue de ce procès et je ne parle même pas de Geno Silva en Ruiz, John Ortiz en Montes ou encore Paul Guilfoyle en procureur qui sont sans doute les personnages que j'ai trouvé le plus stéréotypé dans l'ensemble.
Le reste de la distribution est en tout cas assez bonne. Chacun fait bien le boulot et même si j'ai eu plus ou moins d'affinités envers certains acteurs de ce casting, dans l'ensemble, je reconnais qu'ils sont tous très bien au service de ce long métrage. Parmi les quelques affinités que je n'ai pas encore cité, je pourrais d'ailleurs par exemple évoqué Chiwetel Ejiofor en James Covey que j'ai trouvé très intéressant et que j'aurais aimé voir avec plus d'ampleur au même titre que Morgan Freeman (même si dans l'engagement il surpasse un peu ce dernier je trouve) ou encore Jeremy Northam dans le rôle du Juge Coglin qu'on n'exploite pas très bien je trouve.
Dans sa mise en scène, même si j'ai eu une sensation de déjà vu pour ce genre de film traitant de l'esclavage et/ou d'un procès, Steven Spielberg livre quand même une nouvelle fois une très bonne réalisation. A l'image de son début que j'ai pourtant trouvé un peu poussif et qui n'a pas su tout de suite m'immergé dans son sujet, le réalisateur nous montre des images assez fortes émotionnellement. J'ai peut être eu un peu de mal à rentrer dans ce film mais Steven Spielberg réussit quand même l'exploit de faire un film sérieux sans le diriger vers un intellect mais bien au contraire à le rendre accessible à tous.
Et c'est dans ce langage universel et sa façon d'exploiter le cinéma que j'aime Steven Spielberg car il réussit à captiver tout en nous interpellant sur les différents sujets qu'il exploite. Encore une fois, je trouve une cohérence dans sa filmographie et si j'apprécie autant son travail, c'est sans doute parce qu'il n'a de cesse de rester constant avec lui même. Là, quelques décors et effets visuels ont peut être pris un léger coup de vieux mais sa mise en scène poignante reste efficace et font que le film marche encore. Il y à des plans que j'ai trouvé très beau au delà de leur simple symbolisme comme le passage de Cinqué dans la serre de John Quincy Adams que je trouve superbe.
Le montage est lui aussi très efficace et aide beaucoup au dynamisme du film. Une fois que je suis rentré dedans, je ne me suis plus ennuyé une seule seconde (et ceux malgré l'issue que je devinais fortement encore une fois même sans avoir vu le film et sans connaître cette histoire). L'utilisation du flashback pour nous raconter le passé de Cinqué est excellent je trouve et malgré la note positive finale de ce film, j'ai aimé le fait que tout ne soit pas si rose que ça, qu'il y ait quand même un côté obscur à cette fin qui permet aussi d'aller plus loin dans la réflexion tout en nous disant que la fin de ce procès est juste la fin de cette histoire mais pas la fin en soit (pas sûr de bien me faire comprendre là...).
La photographie est elle aussi très belle avec une bonne exploitation de la lumière. J'ai apprécié les différents décors, les différents costumes qui m'ont bien plongé dans cette histoire sans pour autant avoir une sensation de poussière, sensation désagréable que peuvent avoir certains films abordant l'histoire. Quant à la bande originale composée par John Williams et Debbie Allen, je l'ai trouvé très bonne aussi. Il n'y à pas vraiment un thème phare qui se dégage mais la musique accompagne plutôt bien ce récit même si par moment, on peut peut être lui reprocher d'en faire un peu trop en terme de lyrisme comme pour la scène finale ou le monologue de John Quincy Adams que je cite plus haut pour ne donner que ses exemples.
Pour résumer, je sais pas si le second visionnage sera aussi fort pour moi, mais en tant que découverte, j'ai beaucoup aimé ce "Amistad". Je me sens assez maladroit avec ce sujet délicat qui fait pourtant parti d'une histoire qu'il ne faut pas oublier mais même si il m'a fallu une demie heure pour vraiment me plonger dedans, par la suite j'ai beaucoup apprécié cette histoire que j'ai trouvé touchante, poignante, émouvante... J'ai pas eu beaucoup de surprises car je trouve que malgré sa force, le scénario utilise des ficelles déjà vu dans le genre mais la très bonne interprétation général d'un casting de luxe associé à une mise en scène de Steven Spielberg toujours aussi efficace font que ce film reste très intéressant à voir. Sans être un coup de cœur, ça reste un film que je recommande et que je trouve utile mine de rien, ne serais ce pour ne pas oublier le passé. Un film à découvrir.
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