Curieux plaisir coupable que ce triste spectacle cinématographique... On pourrait se dire, sauf surprise inattendue, qu'il n'est à priori pas utile de voir Hansel et Gretel Witch Hunters pour s'en faire une idée. La vraie question n'est pas "est-ce que c'est bien", mais plutôt "est-ce qu'on va s'y amuser"... Blindés de nos aprioris, on est pourtant obligés d'avouer qu'on a bien aimé Hansel et Gretel Witch Hunters à la rédaction. Grand n'importe quoi bien loin des ambitions d'un Hansel et Gretel par Yim Pil-Sung, ce conte pour enfants à la sauce super-héros est autant divertissant et fun que crétin et régressif... On vous livre quelques clés, histoire d'y voir plus (moins ?) clair...
Ca doit être la mode, à la manière d'un Abraham Lincoln, chasseur de vampires (et de morts vivants, mais on ne l'a pas vu celui-là...) Hollywood ne cesse de nous pondre des curiosités en nous travestissant des histoires sages en blockbusters fantaisistes. On prend donc un innocent conte pour enfants et, comme des enfants le feraient, "on dirait qu'ils seraient pas rentrés chez eux, mais qu'en fait, he bien ils seraient devenus des super tueurs de sorcières !". C'est bien comme ça qu'il faut aborder cet Hansel et Gretel là, comme une idée d'enfant ! A partir de là tout est dorénavant permis, comme, par exemple, des montres pour héros diabétique ou la réanimation d'un troll grâce à des électrochocs ! Oui, tout est permis, et heureusement, car c'est cette faculté de balayer toutes les limites d'un simple geste qui donne à Hansel et Gretel son capital sympathie. Avec leurs gros guns en plein univers moyenâgeux, on se surprend à apprécier autant de fantaisie et de liberté, et c'est bien plus fun et réussi qu'un Blanche-Neige et le Chasseur, autre conte pour enfants livré aux publics ados et adultes (bon, ok, surtout les teens...).
Dans l'absolu, nous sommes dans le très moyen, dans la simple extorsion de l'argent du spectateur contre une dose de divertissement industrielle. Disons le aussi Hansel et Gretel flirte en permanence avec l'insulte au spectateur et s'il n'allait pas aussi loin dans la liberté et l'absence de contrainte nous le condamnerions sans réserve ! Mais trop, c'est trop et nous cédons devant l'accumulation de trucs pour enfants, qui paradoxalement leur sera interdit, puisque Hansel et Gretel s'amuse à nous balancer quelques moments gores assez jouissifs... Du ciné pour enfants interdit aux enfants ? Oui un peu, même si les ados restent le coeur de cible (soigneusement analysés) de ce doux racket !
On adore donc ses gros flingues, son rythme relativement soutenu, Framke Janssen condamnée au cabotinage, ses moments gores, le mode pause qui repose notre cerveau, les anachronismes rigolos, le sens du fun, les grosses ficelles (des cordes !) censées nous surprendre, la gueule de son troll, sa fausse naïveté, sa fantaisie (involontaire ?), sa liberté de ton et de choix...
Nous conspuons, dans un même temps, son absence totale d'originalité (visuelle comme scénaristique), son usage laborieux et paresseux des codes du ciné d'action, récupérés au fil de l'eau, sans aucune direction... On déteste le look-cuir archi-usé (à la Matrix et autres Underworld) , son absence totale d'envie de surprendre le spectateur, la platitude du jeu de son actrice principale (mais jolie), la sous-exploitation de Peter Stormare, la fausse dynamique de ses moments d'action, le manque de lignes directrices un tant soit peu fixes dans ses choix (fantaisie n'est pas gratuité !), la platitude de ses rebondissements, sa prévisibilité...
Vous l'aurez compris, on a pris du plaisir à découvrir Hansel et Gretel Witch Hunters, mais nous nous sommes sentis bien minables devant l'objet qui nous a donné ce petit plaisir aussi inutile que bien d'autres qui encombrent nos écrans et nos pages ! Simple produit de consommation doté d'un micron de fantaisie en plus par rapport à ses challengers, Hansel et Gretel Witch Hunter a troqué 88 minutes de nos vies contre une sensation de confort passagère, un simple fun temporaire... A noter aussi que son réalisateur avait déjà fait preuve de décontraction avec le rigolo mais anecdotique Snow Blood, comme quoi le bonhomme à quand même sa philosophie ! Alors après tout pourquoi pas ce Hansel et Gretel ! Et dans ce cas-là, plutôt celui-là qu'un autre, pire encore... Maintenant, plutôt que de vous inciter à découvrir cet assemblage paresseux (mais opérationnel) de déjà-vu, on vous encourage plutôt de vous pencher sur Dark Skies... Rien à voir avec nos deux super-héros rompus aux techniques de combats, puisque Dark Skies vous propose l'inverse : à savoir de la qualité !
Procurez-vous Hansel & Gretel : Witch Hunters ou d'autres films de Tommy Wirkola ou avec Jeremy Renner, Famke Janssen, Peter Stormare ou Gemma Arterton