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Spirit of América – Marshal Law, tome 3e

Par Ledinobleu

Couverture du troisième et dernier tome de l'édition française du comics Marshal LawAlors que Marshal semble sur le point de découvrir l’étendue de la machination qui implique Super Patriote, ses deux suspects lui échappent soudain et il doit se lancer à leur poursuite. Mais il ignore que le Marchand de Sable suit ses moindres pas en se remémorant tout ce qui l’a amené là : depuis son enfance de frustrations, en passant par l’éducation autoritaire que lui donna sa mère et sa vie de souffre-douleur au collège qui lui permit de découvrir ses pouvoirs, jusqu’à ce qu’il apprenne la véritable identité de son père…

En guise d’apothéose, ce dernier volume de la série Marshal Law nous propose deux nouvelles déconstructions. La première concerne le personnage du Marchand de Sable, ici dépeint d’une manière bien plus aboutie que dans la plupart des autres titres du genre super-héros où, le plus souvent, le « méchant » se borne à un simple mégalomane voué à la conquête du monde pour des raisons jamais vraiment explicitées. Dans Marshal Law, par contre, l’antagoniste du héros présente une psychologie développée, issue d’une relation pour le moins vénéneuse avec sa propre mère qui a elle-même ses propres raisons – bien sûr discutables – d’avoir élevé son fils ainsi : les connaisseurs retrouveront dans ce parcours du Marchand de Sable un profil dans les grandes lignes assez typique des tueurs en série et qui, d’ailleurs, ne va pas sans rappeler le personnage de Norman Bates dans le roman Psychose (Psycho ; Robert Bloch, 1959) qu’adapta Alfred Hitchcock (1899-1980) en 1960.

Planche intérieure du troisième tome de l'édition française du comics Marshal Law
La seconde déconstruction concerne l’archétype du super-héros. Si jusqu’ici le récit de Marshal Law s’attaquait au genre super-héros en général, le modèle du super-héros lui-même restait encore assez épargné, mis à part pour certaines cases et situations aux nets accents caricaturaux. Cette lacune se trouve là enfin comblée, et à travers une étude d’ordre psychologique et sociale, faute de meilleurs termes, par un des personnages du récit : de longs extraits de cette thèse parsèment la seconde moitié de ce dernier volume, qui démontrent tous les travers de cet archétype et surtout son influence néfaste sur la société – dans le contexte de l’univers fictif de Marshal Law, bien évidemment. À travers le texte de cette étude, le récit mais aussi son personnage principal ainsi que sa relation au fond assez obsessionnelle à Super Patriote prennent une coloration nouvelle et inattendue sous bien des aspects.

Loin d’une banale conclusion orientée action, comme l’aurait à coup sûr proposé n’importe quel autre titre du genre bien moins inspiré, ce dernier volume de Marshal Law approfondit considérablement le propos de départ pour le mener jusqu’à des sommets bien peu souvent effleurés, et encore moins atteints dans les récits de super-héros.

Ce qui ne fait jamais qu’une raison de plus pour laquelle Marshal Law mérite toute votre attention.

Planche intérieure du troisième tome de l'édition française du comics Marshal Law
Chroniques de la série Marshal Law :

1. Chasseur de héros
2. Bactérie
3. Spirit of América (le présent billet)

Marshal Law, t.3 : Spirit of América, Pat Mills & Kevin O’Neill, 1987
Zenda, mai 1990
56 pages, env. 7 € (occasions seulement)


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