La censure : une atteinte à la liberté et à la démocratie ?

Avec l’interdiction de vente sur son territoire prononcée par l’Australie pour les jeux Saint’s Row 4 (pour une histoire de viol) et State of Decay (pour des histoires de drogue), la chasse à la violence dans les jeux vidéo tend à prendre de plus en plus d’ampleur dans le monde.

L’Australie en tête a déjà ordonné par le passé l’interdiction de quelques titres comme Dark Sector, 50 Cent: Bulletproff ou Shellshock 2. Fallout 3, Left 4 Dead 2, GTA III et San Andreas sont sortis dans des versions censurées.

Les titres Blood, Counter-Strike, Doom, Duke Nukem 3D, EverQuest, Mortal Kombat ou encore Postal n’ont jamais vu le jour au Brésil.

L’Allemagne n’a jamais autorisé les sorties de Dark Sector, Dead Island, Dead Island Riptide et Dead Space (également interdit au Japon et en Chine pour cause d’ultra-violence).

Souvent interdit pour des excès de violence, de sexe ou de drogue, d’autres jeux subissent dans certains pays démocratiques ou pas des interdictions liées au contexte politique. La Corée du Sud a par exemple interdit Tom Clancy’s Ghost Recon 2 pour son scénario basé sur un conflit entre les deux Corées.

Alors pourquoi certains titres rencontrent la censure et d’autres, qui ne manquent pourtant pas de violence, ont carte blanche. Des FPS comme les Call of Duty ou Battlefield prônent pourtant la guerre et sa violence. Tuer pour ne pas être tué est le mot d’ordre ! Avons-nous banalisé la guerre ! Le sexe et la drogue, c’est pas bien mais prendre sa kalachnikov pour dégommer des terroristes, ça prépare peut-être la relève !

Je ne cherche bien entendu pas à faire l’apologie du sexe et de la drogue mais finalement, une question simple me turlupine suite à cette affaire d’interdiction. Que-ce que la démocratie ? Sa définition est pourtant simple : c’est un régime politique dans lequel le peuple est souverain. Cela veut dire que le peuple a le pouvoir de décider et de gouverner.

Je sais pas vous mais pour ma part, cela ne veut plus dire grand chose. La démocratie est finalement le droit de voter et de se faire de l’argent mais avant tout le droit de se taire. Nous avons le droit de laisser les politiques décider pour nous des véritables problèmes. Nous avons le droit de voir des organes de contrôles étatiques ou privés décider pour nous de ce qui est bon ou pas. Nous avons le droit de laisser l’économie décider pour nous. Nous avons le droit de payer nos factures… sans trop de retard si c’est possible. Nous avons le droit de regarder des programmes mielleux à la télévision et d’accepter que le monde audio-visuelle n’est intéressé que par la ménagère de moins de 50 ans. Nous avons le droit d’accepter l’anti-culture dans laquelle notre société nous a aujourd’hui plongée.

En contre-partie, nous n’aurons bientôt plus le droit de jouer aux jeux violents. Nous n’aurons bientôt plus le droit d’écouter de la musique violente. Nous n’aurons bientôt plus le droit de voir des films violents. Nous n’aurons bientôt plus le droit d’exprimer notre pensée en public sans être traité d’anti je ne sais quoi et être amendé ou emprisonné. Nous n’aurons bientôt plus le droit au sexe (quoique, tant que ça rapporte gros et que les dirigeants en abusent).

Oui, je suis peut-être trop négatif ou extrémiste mais je constate que dans un monde politiquement et financièrement ultra-violent, nos sociétés tendent à la contradiction en souhaitant canaliser nos sentiments les plus agressifs. Mieux vaut guider un troupeau de moutons qu’une meute de loups! Et interdire semble être aujourd’hui le mot d’ordre. Interdire ce qui va choquer. Interdire pour ratisser large et y perdre de l’objectivité au profit de la rentabilité. Mais au-delà d’une question d’argent, lorsque une société commence à interdire à ses citoyens certains droits ou accès à la culture, c’est le priver de démocratie et lui démontrer que son Etat ne lui fait pas confiance. On est alors en droit de se demander si le mot démocratie a véritablement un sens.

Fin du coup de gueule !

C.T.

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