Je vous vois venir d’ici, vous allez me dire : «Avec un nom comme ça, il va nous sortir en avant-première le tout premier EP aux débuts d’Evanescence, celui que personne ne connait encore mais qui sera très bientôt remasterisé et mitraillé une bonne vingtaine de fois par jour sur Fun Radio…».
Je suppose que vous connaissez déjà un peu le style de la maison alors on s’arrête tout de suite et on va aller un peu plus loin que le cliché si vous êtes d’accord (si vous ne l’êtes pas, il existe toujours l’option de la petite croix rouge en haut à droite de la fenêtre… Fais pas le malin, je t’ai vu jeté un œil pour vérifier qu’elle était toujours là… Big Brother a la main posée sur ton épaule hin hin hin…).
Avant de craquer complètement, je vais quand même essayer de terminer cette chronique, alors, on se rassoie (si vous vous étiez levé), et on reprend : Moonchild, c’est d’abord et avant tout John Zorn. Ai-je besoin de présenter le bonhomme ? Des centaines d’albums et apparitions dans son univers de saxophoniste fou qu’on pourrait illustrer avec du free (ou plus-que-free) jazz au centre, et une toile s’etirant du hardcore au classique, BO de dessins animés au quator jazzy. Bref, l’étiquette de musique expérimentale lui collerait parfaitement ou presque.
On le trouve ici en tant que compositeur, et chef d’orchestre définitivement fou pour l’avoir vu en concert il y a quelques jours. Il dirige son quatuor où l’on retrouve en fer de lance l’ami Mike Patton (Fantômas, Mr. Bungle ou Faith No More entre autres), rien que lui, et ses performances vocales plus que singulières. A ses cotés, le bassiste Trevor Dunn n’en est que légèrement moins décalé mentalement puisqu’il fit également partie des mêmes formations musicales (Fantômas, Mr Bungle ou encore Tomahawk). Derrière eux, la batterie est occupée par Joey Baron, batteur à tout faire ayant accompagné David Bowie ou Michael Jackson pour les plus connus, mais également très fidèle confrère de John Zorn depuis le milieu des années 80 dans Naked City et Masada notamment. Le petit dernier du groupe, puisqu’il n’apparait que dans le sixième et dernier album Templars : In Scared Blood sorti en 2012 est le claviériste John Medeski. Marc Ribot à la guitare et John Zorn lui-même au saxophone, évidemment, feront quelques apparitions dans les différents albums.
A cheval entre free jazz « zornement » barré, hardcore, et braillantes « pattoniènes », ça ne m’étonnerait guère que certains d’entre vous y percevront plus du bruit que de la musique, et pour être franc, vous auriez certainement raison. Bien que fanatique du phénomène Patton, certaines compos ont du mal à trouver leur rythme, leur ambiance, et sans être accro au free jazz, il me fut difficile de rester attentif jusqu’au bout de l’écoute.
Je conseillerai cependant aux oreilles averties le dernier album en lien ci-dessous, me paraissant plus abouti et plus « rond » que les précédents, les plus aventureux d’entre vous sauront chercher les autres et satisfaire leur soif d’incohérence musicale.
En bref, il faut être plus proche de Zorn que de Patton pour apprécier Moonchild, et accepter qu’on puisse poser des gueulards fraichement sortis de la boucherie à votre free jazz favori.