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L'enfant qui savait parler la langue des chiens de Joanna Gruda

Par Venise19 @VeniseLandry
L'enfant qui savait parler la langue des chiens de Joanna GrudaDonner une voix à l'enfance de son père
Un père confie à sa fille son histoire d’enfant de la guerre, cette fille talentueuse y donne une voix crédible et attachante; cela donne un roman lumineux.
S’il n’existait pas le mot résilience, il aurait été inventé pour l’enfant qu’on ne sait plus comment nommer, tellement il change d’identité. On dit les enfants pourvus d’un fort sens de l’adaptation, eh bien, Julian, alias Jules, alias Roger, le prouve hors de tout doute. Il se coule dans ses nouvelles familles, ses nouvelles villes, sans trace de rébellion, même si toutes les raisons y sont pour la réveiller. Il sait tirer le meilleur parti des gens et des situations, comme on aimerait tous y arriver dans nos vies riches de changements.
La trame reposant sur un fils unique qui fuit l’ennemi en changeant de famille à répétition, supervisé par une mère à l’instinct maternel défaillant, est déjà une intrigue en or. Sans la voix que Joanna Gruda a su donner à l’enfant, cela aurait pu être une suite d’événements bien documentés. Elle a donné à cette voix narratrice, passant progressivement de 6 à 14 ans, une subtilité qui fait en sorte que nous grandissons en même temps que lui. Jamais, ne me suis-je dit,  cela ne se peut pas, ou il est trop vieux ou trop jeune pour penser ainsi. Déjà, on peut parler sans se tromper d’habilité sensible chez l’auteure.
Nous traverserons plusieurs situations âpres, certains enfants auraient été abattus dès le début, mais brûle en Julian, une flamme belle à voir luire. Ce roman est un phare mettant en lumière certains aspects de la résistance française et du fanatisme communiste, sous un ton complètement dénué de misérabilisme ou de mélodrame. À travers Julian, même la position du parti pris s’approche dans la souplesse. La vie en temps de guerre sollicite l’instinct de survie, les anecdotes sont surprenantes et rocambolesques. Elles sont approchées avec un ton à ce point naturel, qu’elles laissent la liberté complète d’y mettre l’intention et l’émotion désirés. On dit que la vérité sort de la bouche des enfants, ici, c’est une vérité qui sort de la bouche d’un enfant: ton attitude déterminera ta réalité.
J’ai vécu la fin comme un abandon. L’épilogue nous révèle d’importants changements de vie chez l’être sur qui on a tant projeté, et cela, sans explication. Facile de comprendre pourquoi l’auteure se fait tant demander : « À quand la suite ? »
Un roman que je recommande chaudement. Lu dans le cadre de La Recrue du mois ; vous y retrouverez trois autres critiques.
 

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