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Boards of Canada – Tomorrow’s Harvest

Publié le 28 juin 2013 par Hartzine

Effectivement, quand on vous annonce que “bim bam patatra”, après huit longues années encéphalogramme plat, le duo Boards of Canada envisagerait peut-être de donner un successeur à The Campfire Headphase et d’agiter les potards, ça a de quoi foutre immédiatement une gaule d’enfer. On ne va pas vous refaire l’histoire, mais de Twoism à Geogaddi en passant par l’inusable Music Has the Right to the Children, les Écossais ont su bâtir une cathédrale musicale voire une secte rassemblant fans et musiciens venant téter aux mamelles de leur œuvre et se recueillir auprès de leur prêche mélodique, influençant une pléthore d’artistes. Il ne faudra pourtant pas longtemps pour que la rumeur soit confirmée et que l’album enregistré soit prêt à débouler dans les bacs. On flaire rapidement le coup de marketing de ces vieux filous de Warp qui connaissent le gout immodéré de leurs poulains pour la dissimulation et silence médiatique, à moins que ce quatrième “véritable” opus ne soit qu’un coup de sifflet soufflé dans le cul d’un âne et que les deux musiciens ce soient perdus dans leur traversée du désert.

Autant le dire tout de suite, si l’album est long sur la forme (17 morceaux tout de même, cela dit chez BOC c’est habituel), le fond l’est mortellement également, malgré des titres qui dépassent rarement les quatre minutes. Il semblerait que ce soit là la seule qualité de l’album. Et bien que nous ne partagions pas tous la même opinion au sein de la rédaction, il est est néanmoins incontestable que cet opus est bien en-dessous de nos espérances à tous. Là où je fus fasciné par la psychédélisme électro et les patchworks mélodiques du duo qui n’hésitait pas à piocher dans l’imaginaire collectif de l’auditeur, envoyant celui-ci en apesanteur et ouvrant des portes musicales, laissant échapper nos vieux rêves d’enfant coincés aux tréfonds de notre subconscient, Boards of Canada livre ici un Tomorrow’s Harvest inabouti (pour ne pas dire à l’état d’ébauche), anxiogène et terriblement répétitif. C’est simple, je me suis endormi lors des deux premières écoutes, capturé par l’ennui, l’impression de me retrouver face à du sous-Plaid réalisé par un compositeur de musique d’ascenseur ayant ajouté quelques envolées lyriques de-ci de-là pour faire joli. À vous de voir si cela marche mieux qu’une plaquette de Lexomil, hélas ce LP n’est pas remboursé pas la sécu et ça c’est bien dommage. Je préfère encore me fader le dernier Bibio et ses multiples défauts que de me repasser une fois de plus ce frisbee quelconque qui a pour triste défaillance d’être bloqué dans un passé où tout restait à inventer. Illégitimes héritiers d’Eno, brassant dans un IDM qui n’avait rien à envier à Aphex Twin, Marcus Eoin et Michael Sandison  perdent de vue leur trajectoire, tournant en orbite (White Cyclosa, Splite Infinities) avant le grand flash (Nothing Is Real), laissant planer nos deux ex-héraults dans le le vide intersidéral.

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Donc pas grand chose à retenir de ce rendez-vous manqué, si ce n’est que Boards of Canada confirme son statut de groupe autiste, si bien qu’il semble vouloir jouer uniquement pour soi. À force de vouloir repousser les limites et de jouer au bord du précipice, on finit toujours par tomber. Tomorrow’s Harvest manque d’audace et d’authenticité, car comme Icare à voler trop haut, nos amis mélomanes semblent s’être brûlé les ailes à la lueur des étoiles. Quand on pense qu’il y a encore quelques mois, Richard D. James avouait avoir de quoi constituer six albums, s’ils sont du même acabit autant qu’il les garde dans son grenier. On ne peut empêcher l’auditeur d’être nostalgique d’une période, d’une époque, d’un album, d’un artiste. Mais je préfère vivre avec des remords qu’avec des regrets, et Tomorrow’s Harvest changera malheureusement à jamais le regard que j’avais sur un duo qui a bercé une partie de ma vie.

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