Pour sûr, Passe-passe porte bien son nom. Dans son grand chapeau, Tonie Marshall a placé un Edouard Baer, une Nathalie Baye, un Guy Marchand et des chansons de Sinatra. Elle a ensuite bien secoué, et hop, après un seul petit coup de baguette magique, devinez ce qui est ressorti ? Non, pas un lapin. Un navet. Comédie (?) longuette, poussive et sans malice, Passe-passe est un petit chemin de croix, uné épreuve dont rien ni personne ne sort grandi.
La principale erreur de Tonie Marshall a été de confondre esprit débridé et n'importe quoi brouillon. Très mal filmé, souffrant d'un montage calamiteux, écrit à la va-vite, le film semble afficher un mépris total vis-à-vis de son spectateur, même si ce n'est pas le genre de sa réalisatrice ni de ses interprètes. Ceux-ci n'ont quasiment rien à défendre : dans un rôle pourtant taillé pour lui, Baer ne parvient pas à faire briller son côté dandy ou à arracher le moindre sourire. Pire encore, Nathalie Baye livre une prestation purement pathétique et se retrouve affublée d'une série de coupes de cheveux derrière lesquelles elle peine à se cacher. On peut difficilement accabler les comédiens, tant on les sent attristés à l'idée de ne rien avoir de potable à présenter au spectateur.
Car Passe-passe, c'est une sorte de road-movie hystérique et mal fagoté, qui zigzague de Paris à Locarno sans réel objectif. La multiplication des sous-intrigues (obscures et inintéressantes) ne fait que renforcer l'aspect totalement vain de l'ensemble. Seule la parenthèse romantico-comique entre Edouard Baer et Mélanie Bernier vient apporter un léger vent de fraîcheur : mais un film qui ne parvient à être rigolo que grâce aux apparitions d'un personnage atteint du syndrome de Gilles de La Tourette a définitivement un problème. Le plus mauvais film de Tonie Marshall est à oublier très vite, et à éviter surtout.
2/10