Société Réaliste revisite les codes et accords des 193 pays membres de l'ONU
Publié le 28 juin 2013 par Alexia Guggémos
@alexia_guggemos
EXPOSITION. Avec "Thelema of Nations", Société Réaliste fait voler en éclat de couleurs la plateforme de dialogue internationale des Nations-Unis. En marche pour l'expo du duo d'artistes Ferenc Gróf et Jean-Baptiste Naudy, galerie Jérôme Poggi à Paris, jusqu'au 27 juillet.
De l'Afghanistan au Zimbabwe, les 193 drapeaux des états membres des Nations-Unis ont été transformés en une série de tissus de camouflage par Société Réaliste. Chaque création remixe les couleurs du drapeau national. Très coloré, l'ensemble constitue un patchwork harmonieux, les drapeaux ayant perdu de leur force identitaire. Ainsi, sur le drapeau d'Afghanistan revisité par Société Réaliste, le rouge symbole de la lutte pour l'indépendance et le vert de sa réussite finale se fondent et se désamorcent, obligeant à un nouveau regard et une nouvelle réflexion sur ce pays dévasté par la guerre. Un travail inspiré des Cubistes qui, les premiers -Picasso et Braque en tête- déstructurèrent les formes alors qu'ils travaillaient tous deux à des missions pour l'armée française... De l'art de la guerre à l'art tout court.
Passés à la moulinette de Société Réaliste, les hymnes nationaux ont quant à eux fait l'objet d'une synthèse musicale. Le duo a extrait 12 pistes des 193 chants patriotiques : Une piste par instrument de musique, de la trompette - l'instrument le plus utilisé - à la cymbale. Instruments à vent, à cordes, à percussion... Tout "l'instrumentarium" compose une musique d'avant-garde diffusée en permanence dans la galerie et où l'on retrouve les 12 partitions affichées sur les murs. Les deux artistes ont ajouté une partition des silences, magnifique page graphique aux signes abstraits, une autre des accords, et enfin une dernière, associant l'hymne de la Corée du Nord à celui de la Corée du Sud. La quête insatiable du bonheur parfait a trouvé dans ce concept d'utopie une extraordinaire mise en scène.
> Extrait audio de l'une des partitions...
"Nos travaux sur l'idéologie des images et des systèmes visuels devait nous mener un jour ou l'autre à cette grosse machine qui œuvre pour la paix...", explique Ferenc Gróf, 41 ans, d'origine hongroise. "Société Réaliste est un jeu de mot avec Réalisme socialiste, ce mouvement artistique soviétique né au début du XXe siècle qui avait pour objectif de peindre la réalité sociale. Notre devise est empreinte du slogan de mai 68 : "Soyez réalistes, demandez l'impossible !" Société Réaliste n'en est pas à son premier coup d'éclat. En 2007, le duo avait créé un bureau de tendances spécialisé dans les transitions politiques et lancé la collection Bastille Days prenant pour source la Révolution Française. En 2011, au Jeu de Paume, c'est à l'autopsie minutieuse des signes du capitalisme qu'il s'était intéressé dans une exposition intitulée "Empire, State, Building".
> Le site de Société Réaliste www.societerealiste.net