Préserver le terroir et le savoir générationnel : présentation du programme AAA de Nespresso et de la genèse de l’exposition Chants de Café par Réza
Depuis 10 déjà Nespresso défend son programme de qualité pour la production de ses cafés, appelé « Triple A », et qui consiste à protéger les grands crus d’exception et la qualité de vie de leurs cultivateurs. Mais aujourd’hui seul 1% à 2% du café produit répond aux critères de qualité Nespresso, et garantir l’approvisionnement de ses cafés est essentiel pour Nespresso. Car le constat est simple, si la production continue ainsi, il viendra un jour où le café manquera. L’essentiel se traduit en termes de préservation du terroir et transmission du savoir générationnel.
Développé en partenariat avec le label environnemental et social The Rainforest Alliance, le programme AAA, se base sur la relation directe avec plus de 52 000 fermes dans le monde et avec les communautés locales. Soucieux de fournir un café de qualité, Nespresso vise également à assurer une qualité durable tout au long de la chaine de production, en veillant à améliorer la qualité de vie des agriculteurs et de leur famille.
Ils sont également accompagnés dans leur production par des agronomes sur le terrain, leur présentant des outils pour mieux gérer leur production, tenir un compte de production précis, l’utilisation d’engrais etc… Des moyens simples et concrets sont mis en place : l’optimisation des plantations, diversification des champs (avec la banane plantin par exemple qui remplit le double objectif de servir de production alternative assurant la rentabilité en cas de mauvaise récolte de café et de servir d’ombrage aux caféiers).
C’est à Réza, photojournaliste international, que Nespresso propose l’an dernier, d’être le messager et le témoin de sa production à travers le monde. Photographe de l’humain et du vécu, Réza souhaite dépasser le discours commercial, pour vérifier sur le terrain les principes du programme. Sa photo documentaire, aide à éprouver la vie de ses sujets, et son regard affuté semble tout indiqué pour cette entreprise. C’est au cours du New York Photo Festival, en 2012, que Réza se voit proposer ce projet par l’équipe de Nespresso. C’est la photo « Sagesse » prise en Afghanistan qui l’a permis.
Il y voit immédiatement une occasion de rendre hommage à tous les producteurs de café, qui permettent que l’on déguste avec tant de facilité cette boisson dans nos sociétés.
Plutôt intéressé par les installations, que par des expositions classiques, Réza voit dans ce nouvel espace des Berges de Seine, un très beau lieu d’exposition. Il décide d’investir la rive droite, comme toile de fond de son reportage, pensant que les gens auront tout le loisir de la voir depuis l’aménagement des nouvelles Berges, rive gauche. L’exposition sur les Berges de Seine, précède 365 expositions ouvertes simultanément dans toutes les boutiques Nespresso à l’international, et des installations plus conséquentes dans 5 grandes villes.
Balade dans les productions de café avec les photographies de Réza (Chants de Café, Soul of Coffee)
Réza nous propose pour l’heure, une balade le long des nouvelles Berges de Seine, sur lesquelles des panneaux magistraux en microfibres sont tendus pour présenter son reportage. Une balade de quelques heures pour dépeindre 1 an de vie, d’anecdotes, d’émotions intenses, et de travail effectué avec minutie et conviction. Son travail de témoignage s’apparente à un documentaire culturel et humain, des portraits, des scènes de vie, et le café sous toutes ses formes (et notamment les moins connues, comme « les cerises de café ») sont présentés pour former un ensemble puissant. Aux pieds du Musée d’Orsay, en bas de l’emmarchement, les panneaux introductifs ouvrent l’exposition. Sur cette rive, est exposée une vingtaine de photos dites « iconiques » ou « de signatures », représentatives du travail de l’artiste, très connues. Nous découvrons ainsi son travail, du Brésil, en passant par la Normandie, ou l’Afghanistan. Comme il l’explique, son entreprise est de saisir l’ineffable, témoin des maux du monde, il assiste à la reconstruction des esprits après de profondes blessures causées notamment par les guerres. Il s’engage humanitairement, il accompagne les hommes, tisse avec ses sujets une relation mêlée de compréhension. Il se fait le témoin de leurs maux, et illustre leur vécu. Dans cette première partie de l’exposition, nous partageons avec lui les histoires liées aux photos présentées et l’émotion brute qui s’y reflète.
Lorsqu’il débute son voyage pour rapporter l’histoire du café, il passe 4 mois au Guatemala, au Brésil et en Colombie. Il part ensuite en Inde, en Ethiopie et au Sud Soudan.
Dans la photo Le miroir, prise au Brésil, il s’agit de la première étape de son périple. Dans la ferme de Sao Roque Curitiba Mariano, à Poços de Caldas, au Nord de Sao Paulo, il mesure à quel point le travail est effectué avec minutie : « Les ouvriers taillaient avec une gestuelle précise de chirurgien ». Avant de photographier, il passe beaucoup de temps avec les gens, leur explique son travail, leur offre un de ses livres. Avec cet ouvrier, il lui donne 100 photos pour la liberté de la presse, en cadeau avant de lui annoncer qu’il souhaite le photographier. Etonné et ému, devant une telle proposition, l’homme se découvre la tête, la lumière change tout à coup, baignant le paysage d’une luminosité semblable à une illumination divine, et il se présente ainsi devant le monde. Réza nous avoue alors qu’une fois qu’on crée un lien avec les gens une émotion aussi forte peut se dégager de la scène et de l’image. Ici c’est dans ce geste humble et élégant, comme s’il se montrait à nu.
De l’autre côté du pont, nous mesurons apercevons ce collage de détails, parfois issus de photos présentées rive gauche (les yeux par exemple, sont ceux du producteur éthiopien aperçu précédemment), et de la scénographie qui mêle l’histoire du café et les différentes forme qu’il peut prendre. En menant ce travail, Réza nous confie que c’était aussi l’occasion de prendre conscience du travail de ces femmes et de ces hommes pour permettre un peu plus d’empathie entre le consommateur et le producteur.
En regardant et en parlant de ses images, Réza nous avoue qu’elles lui permettent de retrouver les émotions précises qu’il a éprouvé à l’instant où il les a prises. Ainsi c’est dans une ferme du Sud Soudan, ce pays nouvellement créé aux confins de l’Afrique, qu’il emprunte un avion dont ils baptisent la compagnie ironiquement « Inchalla Airlines » avec son équipe, pour se rendre sur les plantations. Le parfum est unique, et les effluves incroyables. En revoyant la photo, il ressent à nouveau cette sensation.
Lorsqu’il est en Colombie, il entend parler d’associations de veuves qui se réunissent autour d’un objectif et qui s’en sortent. Ici elles font pousser un très bon café qu’elles chérissent avec leur amour de mère. Le café est délicieux et elles commencent à vendre leur plantes aux différentes plantations. Réza leur demande de poser avec la plante qui leur semble la meilleure pour elles pour une photo de groupe.
Les cafés qui proviennent de différentes plantations sont rassemblés dans des coopératives pour être goutés, celle-ci au Brésil, est très grande et compte 11 000 fermes.
Lorsque Réza réalise la scénographie au mois de Novembre, il essaie d’imaginer la végétation du printemps à Paris. Il se souvient de la situation de cette maison, qu’il voulait alors prendre en photo et de cet arbre qui était devant et qui l’embêtait. Il s’amuse alors de la situation de l’arbre sur les Berges et le replace conformément à l’original dans le cadre de la photo.
L’éducation des enfants passe aussi par la transmission des gestes, du savoir-faire. Les enfants d’ailleurs veulent de moins en moins reprendre l’activité familiale agricole, mais parmi eux, certains reviennent à la terre après avoir effectué de longues études. Les femmes cependant, ne disposant pas de système de garderie, emmènent avec elles leurs enfants aux champs, leur montrant le travail et faisant ainsi leur apprentissage. Réza souligne la différence entre le travail forcé des enfants, et ce qu’il a perçu dans ces champs, comme la communication d’un geste séculaire et culturel.
Tout au long de son voyage il aura retenu de ces hommes, leurs histoires, leurs vies, s’attardant sur leurs visages, leurs mains et leurs pieds, car les sillons qui les creusent parlent d’eux-mêmes. En Inde, il nous avoue le privilège de pouvoir s’agenouiller devant une ouvrière qui travaille dans les champs pour photographier ses pieds. Quand il se relève, il voit son visage couvert de sueur (image présentée en début d’article), les yeux mi-clos. Cette image et cette émotion est une des plus fortes de son voyage et c’est la photo qu’il choisit pour représenter son reportage. Pour cette femme, j’imagine personnellement aussi l’émotion de voir un homme blanc à ses pieds, car ce geste s’apparente à une bénédiction.Un autre jour, comme tous les matins, les femmes traçaient des mandala devant la porte de leur maison. Dessin éphémère et journalier, tracé à la poudre de riz, ce matin là Réza perçoit sur le sol, l’éclosion d’une fleur de café.
Les cerises de café que nous avons vu plusieurs fois dans l’exposition, sont pressées, séchées au soleil, et deviennent comme des petites graines (semblables à des cacahuètes).
Pour savoir que les graines sont bien séparées de leur coquille, les hommes en prennent une poignée dans la main et l’agitent pour écouter le bruit.Enfin au Guatemala, Réza rencontre un homme de 82 ans, qui gravissait la montagne jusqu’à sa plantation, plus vite que lui. Il lui expliqua qu’il y travaillait depuis l’âge de 5 ans, faisant les mêmes gestes, au même endroit, et habitant la même maison. Ce jour là en « offrande », comme s’intitule la photo, il lui offrit ses meilleures cerises…
Une visite illustrée par la photographie mobile
Face à notre joyeuse troupe chapeautée de photographes mobiles, il s’interroge un instant posant la question de la différence de statut. Pour lui la différence est flagrante entre le photographe et le photographe mobile. Pour le second, les images sont prises sur l’instant, elles naissent d’une rencontre fortuite, heureuse et bien vue entre plusieurs éléments. Il n’est pas question de photo posée. Si nous nous sentons honorés de cette visite atypique, humbles devant son récit, et admiratifs devant sa démarche, nous parvenons à saisir son récit et à l’incorporer à ses images. Avec nos regards différents, nous modulons la lumière, les expressions, le vécu pour un reportage qui s’enrichit continuellement par ici.Dégustation de café et de… vin
Pour clore la soirée, Nespresso nous propose une dégustation singulière : celle d’un café issu du programme AAA pur Colombien, et d’un vin du Languedoc produit dans le cadre d’une agriculture raisonnée.
C’est Jean-Lionel de l’équipe Nespresso qui se fait notre guide pour cette dégustation croisée. Il a choisit le Rosa Baya, un café de pure origine Colombienne, qui est aussi le premier grand cru Nespresso à faire partie du programme AAA. La cueillette de ses cerises de fait à la main, suivant un véritable travail d’orfèvres. Cultivé dans un profond respect du sol, le produit est de qualité. Il est présenté face à un vin rouge du Languedoc, le Domaine des Aurelles, également issus d’une culture respectueuse de la terre.
Le goût du Rosa Baya est fin et fruité qui se traduit par un gout acidulé. Ses fermes sont situées en altitude, à 2000 mètres. Il sent le fruit rouge et son arôme est fruité et cinglant. Le vin en revanche, dégage le gout prononcé du fruit noir, et tous deux vont se souligner et se révéler mutuellement.
Le premier nez du café est discret et nous ne relevons rien de particulier. Il faut écarter la crema, qui forme la pellicule protectrice des arômes. La crema est aussi le signe d’un espresso réussi. Après ce parfum en retrait, le second nez dégage une odeur et un gout de canne à sucre, avec l’acidité qui s’étale sur les côtés de la langue et une amertume qui s’attarde en arrière. Le gout est léger est amer. Le vin, lui est fruité, plein, généreux. Le mélange des deux, provoque une explosion des saveurs en bouche. C’est unique et étonnant ! Une très belle expérience gustative et de très bons produits qui ont introduit notre dîner sublime.
Et la jolie rencontre avec Gloria Binoche, auteure du blog myprettyparis.com
A voir :
Chants de café, Soul of Coffee, par Réza sur les Berges de Seine
Quai Anatole France aux pieds du Musée d’Orsay (rive gauche)
et Quai des Tuileries, rive droite (accès par le Pont Royal)