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Francis Giauque – Merci

Par Stéphane Chabrières @schabrieres

Francis Giauque – MerciMerci pour l’amour refusé
La plénitude jamais accordée
L’abondance ignorée
Merci pour les nuits d’errance
Et d’abrutissement dans l’alcool
Merci pour l’horreur de la maladie
Merci pour les sourires narquois
Les ricanements
Les sarcasmes
Le mépris
La haine
L’indifférence
Merci pour les aveux mensongers
Les caresses mendiées
Les chutes dans l’océan de la nuit
Merci pour les portes toujours closes
Merci pour les yeux vitrifiés par les larmes
Merci pour la bouche écrasée
Qui jamais plus ne s’ouvrira sur un aveu
Merci pour les mains disjointes
Qui ont perdu le chemin des caresses
Merci pour l’apaisement
Qui jamais n’arrive
Merci pour tous ceux en dérive
Vers l’archipel du désespoir
Merci pour tes yeux
Miroir de mon dénuement
Merci pour les râles et les cris
Arrachés à la bouche des suppliciés
Merci pour la mort
Qui jette sa défroque
Sur les épaules de l’enfant malade
Merci pour les promesses
Jamais tenues
La tendresse repoussée
Merci pour les compagnons de clinique
Qui se sont suicidés
Merci pour ceux qui errent
Dans le vent de l’épouvante
Merci pour les parias
Enfouis dans les replis du désespoir
Merci pour l’oasis interdite
L’ombre et la nuit
Largement dispensées
Merci pour les crachats
La générosité tournée en dérision
Merci pour l’implacable malédiction
Qui pèse sur moi
Comme sur tant d’autres
Avec toi
Non sans toi
Il n’y a plus de toi désormais
Des apparences d’ombre
Dans l’étreinte des arbres morts
Des troncs pourris
Des sources trop hautes
Où l’aube se prostitue
Pour mendier un peu de lumière


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